Chapitre 17

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Mon cœur bat la chamade alors que mes jambes se mettent à trembler. Je ne suis qu'une proie prise au piège par le chasseur. Mon instinct me hurle de fuir. Au fond, je voudrais juste disparaître. Sa présence me met mal à l'aise, mais en même temps quelque chose m'attire chez lui que je ne pourrai pas expliquer. Son ami est assis en face de lui. Ses cheveux bonds sont ébouriffés. Je peux apercevoir son menton carrer ou pousse une barbe naissante ainsi que son nez parfait et ses magnifiques yeux bleus. Il est un peu plus petit que son meurtrier en face de lui. Il semble plus jeune, je ne lui donnerai même pas encore vingt années. Sa main se porte à ses cheveux le rendant encore un peu plus beau. C'est moi ou les hommes de cette espèce sont vraiment tous beaux ? Arrête de les mater, je te rappelle qu'ils ne veulent que ta mort. À ça faisait longtemps que je n'avais pas entendu cette douce voix. Elle ne m'avait pas manqué... L'homme qui me traque tape violemment du point sur la table ce qui arrête instantanément les conversations alentours. Certains le dévisagent quelques secondes avant de retourner à leur occupation. Leur discussion a l'air d'être plutôt animé d'après leur expression. Je me demande de quoi ils peuvent bien parler. Le bruit alentours des couverts contre les assiettes et du brouhaha des conversations m'empêche de distinguer leur discussion. Je ne peux qu'observer leurs gestes de loin. Je prie intérieurement pour qu'ils quittent rapidement les lieux. Décidément, je n'ai vraiment pas de chance. De toutes les auberges de la ville, il a fallu que je tombe sur celle où ils ont décidé de passer la nuit. En gérer un c'est déjà compliqué alors deux, je ne veux même pas imaginer... J'espère juste qu'il ne sentira pas mon odeur. Cela m'a déjà trahie une fois, je suis à deux doigts d'être à la deuxième. Tandis que je me perds dans mes pensées, l'homme qui fait fasse à mon poursuivant se lève. Les traits de son visage sont tirés. Il a l'air réellement énervé. Le beau blond s'éloigne finalement vers les chambres laissant son ami seul. Mon regard se porte sur son dos. On peut facilement imaginer son dos musclé son manteau. Un serveur s'approche et lui donne une autre pinte de bière. Je ne sais pas comment il fait pour ne pas être ivre mort après le nombre de pintes qu'il a déjà bu. Je vais attendre encore un peu, en espérant qu'il parte rapidement ou que l'alcool l'emporte.

L'auberge ce vide peu à peu, mais lui est toujours là... Moins il y a de monde plus, il est susceptible de me remarquer. Je ne sais pas quoi faire, je n'ai aucune issue. Que je sorte de l'auberge ou que je me dirige vers les chambres, il me verra forcément. La patience est une des meilleures vertus non ? Je vais donc patienter encore un peu...

Alors que je tripote mon verre d'eau machinalement, il finit enfin par s'endormir sur la table. Enfin ! J'attends quelques minutes puis me lève. Je file telle une anguille entre les tables en passant le plus loin possible de la sienne. J'atteins le couloir qui mène aux chambres sans trop de difficulté. Je jette un dernier coup d'œil dans la direction de l'homme avachi sur sa table. Ses paupières s'entrouvrent légèrement et ses yeux dorés me regardent un court instant avant de se refermer. M'a-t-il reconnu ? Vu son état, je ne pense pas. Je partirai demain à l'aube dans tous les cas. Je doute qu'il vienne me tuer pendant mon sommeil, et encore, il serait sûrement capable de visé à côté avec la quantité de bière qu'il a ingéré. Je me dirige d'un pas rapide vers ma chambre et m'enferme à clé. Par précaution, je glisse un meuble devant la porte. Je peux enfin souffler un coup. Je suis tellement tendu que je commence à avoir mal partout. Je m'allonge finalement dans le lit épuisée. Et moi qui voulais enfin profiter d'une bonne nuit de sommeil, je ne pourrai pas... Argh décidément le destin est contre moi. Je partirai vers le dernier bourg avant la montagne. Je n'ai malheureusement pas eu le temps de réfléchir davantage à l'énigme. Ma seule certitude est qu'il faut que je me dirige vers l'Est. Et ensuite ? Le plus haut point serait une montagne, j'imagine. Il n'y a que ça en partant vers l'est et le nord. Il faudrait au moins quatre jours de vol sans pause pour les traverser. Après tout, l'endroit le plus sûr pour y cacher un château ne peut être que ces montagnes. Maintenant comment le trouver dans cette vaste étendue ? Je veux bien trouver l'œil de l'aigle, mais je ne sais même pas à quoi il ressemble. Je vais d'abord rejoindre le plus haut sommet et j'aviserai ensuite. Je finis par m'endormir après avoir élaboré la suite de mon voyage. Cependant, je ressens toujours cette petite boule d'angoisse dans l'estomac.

L'oiseau de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant