Le bruit du métal résonne dans la petite pièce. L'épée de mon adversaire me frôle la joue. Je l'esquive en faisant un pas sur le côté. Mon épée se place en défense et je pars son coup suivant. Nos corps se déplacent comme dans un ballet millimétré. Une seconde d'inattention ou une erreur de déplacement et c'en est fini de la danse mortelle. Je repousse encore une attaque. J'ai beau me débrouiller, j'ai du mal à suivre la cadence. Je suis légèrement en difficulté et il l'a très bien remarqué. Il est rapide, précis et bien plus fort que moi. Ses mouvements son si fluides et imprévisibles que j'ai du mal à anticiper ses mouvements. J'ai beau observer sa technique de combat, compter ses coups, il ne fait jamais les mêmes. Je dois pourtant trouver une faille, mais sa défense est parfaite, je n'arrive pas à trouver de point faible. Son épée m'attaque mais il ne laisse jamais ses points sensibles a découvert. Mon dos heurte soudainement quelque chose, de la pierre ? Il m'a forcé à reculer contre le mur pour me mettre en difficulté. Je me retrouve coincé entre lui et la paroi. Je sens la panique monter en moi. Je ne peux pas perdre. Je n'ai pas le droit de perdre ! Je sens alors une force et une détermination monter en moi. J'accélère mes mouvements et j'arrive à le repousser de quelques pas. Je narrive pas à trouver de faille et cela commence à me déconcentrer. Son regard est espiègle et on sent qu'il s'amuse avec moi, comme un chat avec une souris. Il me met hors de moi, je vais lui prouver qu'il avait tort. J'esquive une énième fois sa lame et d'un revers ramène la mienne vers son visage. Il a à peine le temps de se décaler de quelques centimètres pour éviter ma lame. Une petite entaille se forme sur sa joue. J'ai à peine le temps de me repositionner qu'il lance sa prochaine attaque, furieux que je l'ai légèrement blessé. Nos épées se heurtent et dans la violence du choc je perds l'équilibre un instant et sa lame vient en profiter pour entailler mon bras. Je sens le sang chaud couler le long de mon membre. Alors que j'essaie de me remettre en garde je ne vois pas son poing arriver et atterrir dans mon ventre. J'ai le souffle coupé sous le choc de l'impact. Je lâche mon arme et celle-ci vient se poser à quelques mètres de moi. Merde fais chier. Comment je vais faire ? Ressaisis-toi, ce n'est pas le moment de faire n'importe quoi. Réfléchis. Il se tient debout devant moi l'air satisfait son arme pointée vers moi. Il faut que je trouve une idée et vite.
- Et maintenant ? Tu comptes me tuer comme vous tuez tous les membres de mon espèce ? Vous nêtes que des monstres !
Mes mots sont remplis de haine. Je n'ai qu'une envie c'est de le tuer. Ce sont tous des êtres abjects ! Je vivais ma vie paisiblement, je ne suis pas une menace pour eux et pourtant leur seul but c'est de tous nous exterminer, y compris les femmes et les enfants. Je ne me souviens que trop bien quand ils ont achevé ma mère devant moi. J'étais la prochaine sur la liste si je ne m'étais pas enfui.
- Je viens de gagner le combat. Tu as perdu ton arme. Je peux donc t'achever, notre petit jeu a assez duré. Je te remercie pour ce petit divertissement, dit-il satisfait.
Il lève son arme et son coup se dirige vers moi. Dans un dernier élan, je me jette sur le côté et roule jusqu'à mon épée. Je l'attrape et me retourne juste à temps pour parer la sienne. Maintenant que je suis au sol, ça craint vraiment pour moi. Dans tous combats, on apprend toujours que les chances de s'en sortir une fois à terre sont très minces. L'adversaire à un avantage considérable. D'un mouvement de pied j'essaie de le déséquilibrer. Cela ne le fait même pas bouger de quelques millimètres. Je commence à être à bout de force. Je dois absolument trouver une solution. Un coup de pied s'abat sur mes côtes, puis un deuxième. Mon souffle se bloque sous le choc. Merci, je pense que j'aurai un joli hématome si j'ai pas une côte cassée. Je bloque in extremis son épée à quelques centimètres de ma gorge. Si je lâche je meurs. Arrrgh que dois-je faire ? Une idée folle me traverse l'esprit. Je vais tenter, de toute façon, je n'ai plus rien à perdre. Si j'y arrive je vis si je me loupe je meurs. Ma vie ne tient qu'à un fil, enfin là, à une lame dans la situation actuelle. Dans un dernier élan, je bascule mon arme qui dévie sa lame. Elle vient se planter dans le sol entaillant légèrement mon cou au passage. Je ramène la mienne et un coup de poigner plus tard, elle vient se planter dans son flanc enfin à découvert. Un réflexe surhumain lui a permis d'éviter qu'elle transperce ses organes internes. Il recule en se tenant le ventre. Son sang coule entre ses doigts. Je souris satisfaite. Même blessée j'ai peur de ne pas gagner. Cette fois-ci encore je vais fuir. Il faut croire que c'est une habitude chez moi. Je ne suis qu'une lâche mais au fond je crois que je ne suis pas encore prête. Est-ce lâche d'être sage et d'accepter que ce n'est pas encore le moment ? Seul l'avenir me le dira. J'attrape rapidement mon sac au sol et me dirige en courant vers la porte.
- Reviens ici sale vermine ! Tu vas encore fuir comme une petite chienne ! Je te retrouverai et te tuerai je te le jure sur ma vie ! Hurle til de rage.
Je cours dans les ruelles sombres. Le soleil s'est couché. Et la nuit commence petit à petit à tomber. Je sais qu'il est blessé et qu'il ne pourra pas me suivre dans son état actuel mais j'ai quand même peur et ne peut m'empêcher de courir.
Mentalement, j'appelle Storm afin qu'il m'attende à l'entrée de la ville. Après quelques minutes j'atteins enfin la grande porte en bois de l'enceinte de la ville. Je suis à bout de souffle, mes poumons sont carrément en feu. Je devrais faire plus d'exercices, cela ne me ferait pas de mal. Les gardes me dévisagent et commencent à s'approcher de moi. Je n'hésite pas une seule seconde et cours vers la porte. Un hennissement m'accueille joyeusement.
- Hé ! Arrêtez-vous tout de suite ! Me crie le garde en dégainant son épée.
J'ai eu ma dose de combat pour aujourd'hui. Mon compagnon arrive vers moi au petit galop. Je saute sur son dos. Il comprend l'urgence de la situation, il se retourne et part au quart de tour en direction de la plaine à toute allure. Je souffle de soulagement. Je ne pensais pas avoir un départ si mouvementé. Les sabots de mon cheval résonnent sur les pierres du chemin qui quitte la ville. Je sens ses muscles puissants se contracter et se détendre sous mes fesses. Il a réussi à m'apaiser juste par sa présence. Je regarde la ville derrière moi. Personne n'a l'air de me suivre, ni les gardes, ni cet homme. Je me concentre à nouveau sur le chemin devant nous. À présent, nous devons aller vers notre ancienne ville. De là, je pourrai retrouver le chemin vers notre ancienne maison dans la forêt. Mon instinct me dit que je pourrai trouver des indices là-bas.
Après un long moment Storm ralentit enfin. Il est à bout de souffle et à besoin de se reposer quelques instants. En tout cas, il n'y a pas à dire, il a une bien meilleure endurance que moi. Il continue au pas sur le chemin en terre. Une journée de cheval nous sépare de la prochaine ville. Je le remercie d'être avec moi et caresse son encolure. Il s'ébroue de satisfaction. J'espère qu'une auberge sur le chemin voudra bien nous accueillir. Je n'ai que peu d'argent sur moi. De quoi tenir quelques mois tout au plus en achetant le strict nécessaire.
Quand j'y repense, cet homme, je ne le connaissais pas et pourtant il y a quelque chose que je n'explique pas, une sorte d'attirance. Malgré ça, je le déteste je n'ai qu'une envie, c'est de transpercer son cur de ma lame. Je remercie silencieusement Samuel de me l'avoir offerte. Elle m'a sauvé la vie. La lame est fine, résistante et si efficace. Je caresse le pommeau du bout des doigts. Le dragon doré en relief déploie ses magnifiques ailes. Il dégage une puissance et une liberté infinies. La lune se reflète sur la garde gravée. Mes yeux se portent alors vers le ciel étoilé et vers l'astre blanc. C'est si beau, je me rappelle encore de mon premier vol avec ma mère, la lune brillait au milieu d'un ciel constellé de milliers de petits point lumineux. Les cimes des arbres entourant le chemin viennent se perdre dans l'immensité du ciel. La forêt regorge de vie. De petits renardeaux jouent au bord du chemin à une dizaine de mètres. En nous entendant ils courent se cacher dans les buissons. Une chouette hulule au loin. Les branches craquent et les feuilles bruissent légèrement au gré du faible vent. Je me sens apaisée et à ma place. Je fini par m'assoupir épuisée sur le dos de mon compagnon. Je sais que je peux lui faire une confiance aveugle.
Mon sommeil est agité. Et l'image de ses yeux dorés remplis de haine scrutant les miens me réveille en sursaut. Storm fait un léger écart dû à mon mouvement soudain. Je m'excuse mentalement de lui avoir fait peur.
Je regarde autour de moi, nous sommes toujours dans la forêt. Le soleil commence doucement à se lever à l'horizon. Les animaux commencent à se réveiller et le chant des oiseaux empli l'air. Storm commence à être fatigué, je le ressens.
- Nous devrions faire une pause mon beau, lui dis-je.
Il me répond d'un signe de tête tout en quittant le chemin. Il s'enfonce dans la forêt. Je sais qu'il a plus l'habitude que moi pour trouver des endroits sûrs où se reposer. On arrive dans une petite clairière après quelques minutes de marche dans les sous-bois. Mon compagnon s'installe sous une corniche. Je descends de son dos et il s'allonge dans l'herbe humide tout en m'invitant à me joindre à lui. Je m'assoie contre lui et mes mains entourent naturellement son encolure. Je fini par m'assoupir ainsi, bercé par le bruit de son cur...
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Fin du chapitre 8 !
Comme toujours j'espère que ça vous a plut et n'hésitez pas à me dire en com ce que vous en pensez et de laisser un petit like ! 😊
À bientôt pour la suite ! Alexandra 🪶
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L'oiseau de l'Ombre
FantasyDans une époque ou les chevaliers en amures et les combats à l'épée sont la norme, Amaya est une jeune femme de 19 ans pas comme les autres. Elle a la capacité de se transformer en aigle noire. Orpheline, elle a juré de venger ses parents. Alors qu'...