Chapitre 14

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Le bruit des sabots de mon fidèle destrier résonne sur le chemin. Dès le lever du jour, nous avons rapidement repris la route. À cette allure, nous devrions arriver d'ici trois jours. Nous n'avons pas encore croisé de marchands ou de voyageurs. Le chemin n'a pas l'air d'être très emprunté.

Le temps ne s'est pas arrangé durant la nuit. Le vent fouette nos corps frigorifiés. Les nuages noirs qui cachent le soleil n'annoncent rien de bon. J'espère de tout cœur qu'il ne pleuvra pas. Les feuilles d'automne emportées par les bourrasques viennent se déposer au sol. Le sentier est à peine visible sous les débris des végétaux. Tout ce dont je rêve à cet instant est d'être au chaud, prêt d'un feu dans une taverne.
D'ailleurs, je n'ai même pas réfléchi à ce que j'allais faire une fois arrivé en ville. N'ayant pas encore résolu la deuxième partie de l'énigme, je n'aurai plus qu'à prendre une chambre dans une auberge en attendant... Néanmoins, j'ai tout le temps d'essayer de trouver la solution durant ce petit voyage. Je repense alors à ce que dit la deuxième ligne :

Là où le soleil meurt se dirige.

Que veut dire cette phrase ? Serait-ce en direction de l'endroit où disparaît le soleil ? Donc vers l'Ouest ? Cependant, le soleil ne disparaît pas toujours exactement au même endroit selon les saisons. Comment savoir vers où partir La phrase suivante ne m'aide guère à en savoir plus.

Du point le plus haut, trouver l'œil de l'aigle.

Le point le plus haut pourrait être n'importe quoi... Un arbre, une église, une colline ? Cela revient à chercher une aiguille dans une botte de foin. Il aurait pu donner des indications plus précises quand même. J'ai déjà mis des mois à décoder le parchemin. Comme si cela ne suffisait pas déjà à garder le lieu secret. Je ne désespère pas, je finirai bien par trouver, même s'il me faut des semaines.

La journée se finit sans encombre. Nous avons plutôt bien avancé. Storm s'arrête un peu à l'écart du chemin, dans la forêt, à côté d'un abri naturel. J'allume rapidement un feu, je suis littéralement congelée. La nuit va être encore courte. Je suis régulièrement obligée de me réveiller pour réanimer le feu. En même temps, je n'ai guère le choix, je mourrai de froid en quelques heures sinon. Storm se repose collé à moi afin qu'on se tienne chaud mutuellement. Après une nuit peu reposante, les premiers rayons du soleil viennent caresser ma peau. Enfin, j'espère qu'il fera beau aujourd'hui.

Nous reprenons la route après que j'ai rangé nos camps de fortune. La matinée se passe relativement bien. Le vent est toujours aussi froid, mais le soleil nous apporte quelques rayons de chaleur. Nous continuons cependant notre chemin. Après de nombreuses heures de marches, le jour décline enfin. Il serait temps qu'on trouve un petit coin pour passer la nuit. Mon ami sort du sentier afin de trouver un coin protégé. Il s'arrête soudainement, manquant de justesse de me faire tomber. Les oreilles dressées en avant à l'écoute d'un bruit que je n'ai pas perçu. Il commence à reculer. Je me concentre afin de percevoir ce qui lui fait peur, mais n'entends que le vent dans mes oreilles. Je scrute alors les bois en direction du bruit, mais je ne vois rien. Storm fait alors demi-tour et se met à galoper. Cette fois le son me parvient. Ce sont les bruits des sabots d'autres chevaux et les lames des cavaliers qui s'entrechoquent. Un cri perce soudain la forêt. Des bandits ? En regardant derrière moi, j'ai pu apercevoir 5 hommes qui me poursuivaient avec leur couteau ou lame dégainée. Je m'agrippe à la crinière de mon fidèle destrier, la peur au ventre. Ils sont en train de nous rattraper. J'envoie un message mental à mon ami afin de lui demander d'accélérer un peu. En retour, je perçois qu'il donne tout ce qu'il a. Il est épuisé d'avoir marché toute la journée. Merde, je ne sais pas quoi faire. Il ne tiendra pas longtemps à ce rythme et de toute façon, nos poursuivants sont en train de nous rattraper. Ils ne sont plus qu'à une dizaine de mètres. Je crois que je ne vais pas avoir le choix. Décidément, ma vie se résume à fuir ou à me battre ces derniers mois. Je dégaine à mon tour mon épée. Nous allons devoir nous battre pour survivre. Je suis prête, j'ai passé des mois à m'entraîner. Je ne peux pas perdre. J'établis rapidement un plan avec mon compagnon. Nous devons trouver un passage où nous pourrons les isoler. Me battre contre 5 hommes en même temps me paraît compliqué. J'observe autour de nous si un lieu propice pour les isoler se présente. Après des centaines de mètres, un endroit me semble parfait. J'envoie l'image à Storm. Celui-ci se dirige alors vers les bois. La rivière où nous remontons depuis le début du voyage coule au fond d'un ravin. Ce sera parfait pour les combattre un à un. Un cheval ne pourra pas accéder à l'espace étroit, j'aurai donc plus de facilité pour me battre et Storm pourra se mettre en lieu sûr en attendant. Une fois arrivé, je descends précipitamment et cours vers le ravin. Mon cheval s'éloigne au galop après avoir sauté par-dessus la rivière. Les bandits arrivent en trombe quelques instants plus tard. Ils ne m'auraient pas lâché de toute façon. Leurs regards carnassiers se posent sur moi, me procurant un frisson de dégoût.

L'oiseau de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant