Chapitre 10

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Une douce lueur m'extirpe de mon sommeil. Les doux rayons du soleil levant traversent les fins rideaux de la chambre. J'aurai apprécié dormir plus longtemps mais la lumière ma réveillée. Je grimace alors que mon dos me fait légèrement mal à cause du matelas. Je me redresse et m'étire. Que ça fait du bien. Je me lève puis attrape un pantalon couleur crème ainsi qu'un haut blanc. J'enfile le tout puis récupère mon arme que j'accroche à ma ceinture. D'un geste de la main je soulève mon sac que je glisse sur mon épaule. Je me dirige sans un seul regard en arrière. J'ai vraiment hâte de quitter cet endroit. Je déverrouille la porte puis l'ouvre en faisant attention qu'elle ne me reste pas dans les mains. Je me dirige ensuite vers l'escalier que je descends rapidement. Une fois arrivé en bas des marches et poussé la porte, j'observe la salle qui s'ouvre devant moi. Elle est étrangement calme et vide. Il n'y a qu'une femme d'un âge mûr qui s'occupe de faire le ménage. Elle traine un vieux sceau rouillé remplie d'une eau plutôt sales. Un vieux morceau de tissus lui sert de chiffon. Elle lève les yeux vers moi pour observer la personne qui vient de la déranger dans son travail. Aucun mot ne sort de sa bouche, et aucun sourire se dessine sur ses lèvres. Elle reprends sa tâche comme ci de rien n'était. Après un bref instant je reprends mon chemin. Je traverse la salle puis sort de l'auberge. J'ai déjà payé hier soir, je ne dois donc plus rien au gérant. D'un pas rapide je suis le petit chemin de terre qui mène aux écuries. J'ai hâte de retrouver mon cheval. Je croise alors le jeune homme d'hier soir entrain de recurrer un box.

- Bonjour madame, j'espère que vous avez bien dormi. Je me suis occupé de votre cheval. Vous pouvez le récupérer.

Je le remercie pour son travail et lui tend une pièce. Ce n'est pas grand chose mais cela me fait un bien fou quand je vois ses yeux s'illuminer de joie. Il me remercie chaleureusement pour ce geste. Après ce petit contre temps, je me dirige vers le box de Storm. Un hennissement m'accueille joyeusement. J'ouvre la porte alors que je le vois trépigner d'impatience. Je sais qu'il déteste être enfermé mais on avait pas le choix. Il sort précipitamment de sa prison de planche puis se place à mes côtés. Je grimpe sur son dos d'un saut. Nous pouvons enfin continuer notre chemin. Nous empruntons le chemin de terre après que j'ai salué le garçon. La ville commence à s'éveiller et le bruit des charrettes, des sabots des chevaux ou encore les voix des passant s'élèvent peu à peu dans les rues. Nous croisons peu de monde mais ils ne peuvent s'empêcher de me dévisager. C'est vrai qu'une femme a cheval est plutôt rare, encore plus ayant un cheval sans selle ni bride et portant de surcroît une épée. Ils doivent me prendre pour une folle. Cela me fait doucement rire pour des êtres inférieurs à nous. Qu'ils me jugent si ça leur fait plaisir, je n'écoute plus depuis longtemps les murmures à mon passage. Je m'arrête à une échoppes pour acheter quelques provisions, c'est à dire du pain, de la viande séchée et quelques fruits. Je ne reviendrai pas ici avant plusieurs jours. C'est la ville la plus proche de ma destination, je n'aurai pas le choix de venir me ravitailler ici. Malheureusement, je trouve l'endroit dangereusement proche de mon ancienne cité. En espérant qu'ils ne pensent pas venir ici quand je viendrais faire des emplettes. Je sors de la boutique et remonte sur Storm.

Apres quelques minutes de route, nous tournons dans une rue plus calme. Un flash me revient soudainement en mémoire. Cet endroit... je m'en souviens. Je lève les yeux et je reconnais la maison qui me fait face. Je revois la scène sous mes yeux. Les hommes armées, ma mère prise dans un filet et l'épée au dessus de sa tête. Elle plonge en direction de son dos, puis entaille la chair dans un bruit d'os brisés. J'entends le hurlements de douleurs de ma mère puis je la vois s'effondrer sur le sol. L'homme sourit satisfait. Une marre de sang se forme autour de ma mère. Je panique à la vue de ses images et tombe au sol. Je narrive pas a me rattraper et ma tête heurte les pavés. Aie ça fait mal. Je me redresse et ma main vient se porter naturellement sur mon crâne à l'endroit du choc. Un liquide chaud coule le long de mes doigts. Je vais avoir une jolie bosse je pense. Je me relève et récupère mes affaires tomber avec moi. Storm me regarde inquiet. Il n'a pas compris pourquoi je suis tombée. Il a juste senti ma panique. Il s'abaisse pour m'aider à remonter. La vue de cette maison m'a rappelé de mauvais souvenirs. Je détourne les yeux alors qu'on passe devant. Je ne supporte pas de voir cet endroit.

De très longues minutes plus tard, on arrive enfin devant la porte de la cité. Maintenant, cela se complique légèrement. Je fouille dans ma mémoire pour me rappeler du chemin. Je l'ai fait des dizaines de fois à l'époque mais j'étais encore jeune. On doit se diriger vers le nord jusqu'au grand chêne centenaire. Et ensuite ? Je frotte ma tempe avec deux doigts, comme si cela allait m'aider. De l'arbre, il faut partir vers l'ouest jusqu'à la rivière puis remonter celle-ci jusqu'à une petite clairière. Des images floues refonds surface dans ma tête. Je vois alors la maison qui se trouve à l'orée des bois. Je n'ai même pas besoin de demander à mon compagnon par où aller qu'il se dirige naturellement dans la bonne direction. Il se rappelle aussi du chemin apparemment. J'aurais dû lui demander plus tôt au lieu de le torturer le cerveau.

Après quelques kilomètres, on quitte enfin la route. Il n'y a aucun chemin qui mène à l'endroit où nous allons. Une bonne journée de marche nous sépare de mon lieu secret. Au fond, j'ai peur. Peur de revoir l'endroit qui m'a en partie vue grandir, peur de voir l'état de la maison, peur de faire face à mes souvenirs, peur de revoir les affaires de mes parents... J'ai une boule dans l'estomac. Je regretterai presque d'être partie. J'espère juste trouver des indices qui me mèneront vers mon peuple.

Le soleil est maintenant à son zénith et nous venons à peine d'arriver au majestueux chêne. J'avais oublié à quel point il était immense. Ses branches sont tellement hautes que je n'en vois pas le bout. Le tronc est si gros qu'il faut être plusieurs pour en faire le tour en se tenant les bras. Une petite flèche est gravée dans son écorce me prouvant que je suis sur le bon chemin. On se remet en route après cette courte pause. La forêt est dense ce qui complique notre déplacement. Après d'interminables heures, on peut enfin entendre l'eau couler. On se rapproche de la rivière. Le soleil va pas tarder à se coucher, j'espère qu'on arrivera avant la nuit. Il faut dire que je ne suis pas très motivée pour dormir dehors. On arrive finalement sur la rive. Storm en profite pour boire. L'eau est si limpide qu'on peut voir les poissons nager. L'endroit est calme et apaisant. L'eau remue dans un doux clapotis alors que les branches de certains arbres viennent frôler la surface de l'eau. Le chant des oiseaux berce ce lieu magnifique. Je suis alors loin de douter de la surprise que me réserve la suite du chemin. Une fois mon fidèle destrier abreuvé, nous reprenons la route. Nous remontons la rivière sur plusieurs kilomètres avant d'arriver enfin dans une petite clairière. Mon souffle se coupe à la vue du paysage. La lumière du soir donne un air fantastique au lieu. Des fleurs de toutes les couleurs dansent au gré du vent. La rivière qui longe la prairie reflète la lueur orangée du ciel. Un immense pommier trône au milieu du pré. On avance en direction de celui-ci. Deux lapins s'enfuient en courant en nous entendant arriver. Mon regard se porte sur l'orée des bois, des sapins se mêlent aux chênes, aux hêtres, aux accacias et aux bouleaux. Puis c'est là que je la vois. Entre deux arbres, une petite maison en pierre se dresse fièrement. Le lierre recouvre une partie de la façade. J'avais peur de retrouver cet endroit mais finalement, il n'a que peu changé comparé à mes souvenirs. La toiture semble cependant dans un état pitoyable. Après 10 ans sans entretien, cela reste compréhensible. Storm accélère le pas, je me souviens encore des premières fois où je l'ai monté. C'était ici même, je me rappelle de nos premiers galops dans cette prairie. Mon père nous encourageait puis finissait par venir faire la course contre nous avec son cheval du nom de Mistery. Je me souviens de ma mère qui nous grondait car elle avait peur que je me fasse mal et qui disait que mon paternel m'entraînait toujours dans des activités dangereuses. Je ne peux retenir une larme de couler sur ma joue. Ses souvenirs sont si beaux mais la douleur me serre le cœur. J'aurais tellement aimé être avec eux aujourd'hui. Les voir m'attendre en souriant... Je n'ai même pas le temps de chasser mes pensées que mon compagnon s'arrête devant la porte. Je descends de son dos puis le caresse. Nous avons fait un long voyage, il est temps pour lui d'aller se reposer. Je le remercie pour tout puis il se tourne et s'en va au galop dans la prairie. Un sentiment de déjà-vu me colle à la peau. Je le regarde s'éloigner puis une fois qu'il franchit la lisière de la forêt, je le perds de vue. Il est temps que j'affronte mon passé. Je fais quelques pas puis hésite à pousser la porte une fois sur le palier. Je respire un grand coup puis pousse le battant bois...

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Fin du chapitre 10 ! Déjà dix chapitres d'écrit, j'ai du mal à me rendre compte que j'en suis déjà arrivée là. Je remercie celles et ceux qui me soutiennent et sans qui les aventures d'Amaya n'existerait que sur un brouillon. J'espère que l'histoire vous plaît toujours autant. N'hésitez pas à me donner vos avis et conseils. Je vous dis à bientôt pour la suite ! Alexandra 🪶

L'oiseau de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant