L'oiseau de l'Ombre

Chapitre 15

- Alors voyons voir ce que cache cette jolie poupée, me murmure le deuxième homme à l'oreille de sa voix rocailleuse.

Il est un peu plus vieux que son compagnon. Son visage est abîmé par le temps, ses cheveux grisonnants sont gras et son odeur fétide est insupportable pour mon pauvre nez. Sa main crasseuse vient carresser mes cheveux. Une sensation de dégoût remplit tout mon corps. Je lui crache au visage pour protester et lui écrase le pied. Il grogne de colère. Tout ce que je gagne en retour, c'est une seconde claque, bien plus violente que la première. Ma joue me brûle sous la violence du coup, je peux presque imaginer la marque de sa main sur ma peau. Je jure que je vais tuer ce pervers ! Il me pousse violemment par terre et se positionne au-dessus de moi. Ses cuisses sont positionnées de chaque côté de mon bassin afin de m'empêcher de bouger. Tandis qu'une de ses mains tient les miennes au-dessus de ma tête. Sa poigne me fait vraiment mal. Sa deuxième main répugnante commence alors à soulever mon haut. Je me débat, mais rien à faire, je suis coincée. Lorsque sa peau frôle la mienne un haut le cœur me prend. Je suis à deux doigts de relâcher le maigre repas que j'ai avalé un peu plus tôt dans la journée. Pitié, je ne veux pas subir ça ! Storm ! Je t'en supplie, vient m'aider ! Je ferme les yeux en essayant de ravaler mes larmes. Je ne dois pas pleurer devant cet homme. Je vais trouver une solution. Je suis sortie de situation pire que celle-ci, après tout. Sa main caresse mon ventre et remonte doucement. Alors que sa main n'est qu'à quelques centimètres de mes seins. Le bruit des sabots résonne dans la forêt et un hennissement se fait entendre. Storm surgit du haut du ravin. Il cabre, dévoilant sa puissante musculature. L'animal fond au galop sur le dernier homme resté en retrait pour tenir les chevaux. Sa robe noire reflète les derniers rayons du soleil, alors que sa longue crinière flotte au vent. Tel un ange de la mort, il fait face à l'homme. Il se cabre et ses sabots viennent frapper le corps du pauvre garçon, qui tombe à terre dans un bruit sourd n'ayant pu esquiverles coup du cheval. Piétiné par les sabots de mon compagnon, le bandit ne se relèvera plus jamais. Les chevaux que le garçon tenait s'enfuirent au galop vers les bois apeurés. L'homme au-dessus de moi se relève légèrement énervé. Il sort son épée et se dirige d'un pas rapide vers mon ami.

- Satané Canasson ! Tuons-le ! Hurle-t-il.

Maintenant que le poids de son corps ne me bloque plus, je me relève et attrape mon épée. Je la bloque tant bien que mal contre mon dos et passe mes mains de chaque côté de l'arme. Les liens lâchent après quelques mouvements contre la lame aiguisée. Storm se bat avec les deux hommes. Ses sabots fendent l'air alors que ses adversaires tentent de lui asséner des coups d'épée. Je dois l'aider avant qu'il ne soit blessé. Je me relève et cours tant bien que mal vers eux. Ils ne me voient pas arriver derrière eux, trop concentré sur le combat. Je lève mon arme et d'un geste précis, ma lame vient trancher la tête de l'homme qui a essayé de me violer. Elle valdingue dans les airs avant de tomber sur le sol alors que le corps s'écroule à terre. En voyant la tête de son compagnon rouler, le plus jeune se retourne vers moi. Son regard est empli de haine, mais aussi de peur. Seul, il n'a aucune chance contre moi et Storm. Il finit par s'enfuir comme un lâche, abandonnant les cadavres sanginolants de ses compagnons. Je l'ai échappée belle encore une fois. Je rejoins Storm qui n'a finalement pas été blessé. Je le caresse, heureuse qu'il soit venu me sauver. J'aurai fini violé et morte sur le bord de la rivière s'il n'était pas revenu. Je me retourne, puis me dirige vers les cadavres de mes adversaires. Je les fouille un par un afin de récupérer ce que je peux. Il n'y a pas grand-chose d'intéressant en dehors de quelques pièces de monnaie. Je remonte alors sur Storm et nous nous éloignons de ce champ de bataille morbide afin de trouver un autre lieu où passer la nuit. Demain sera le dernier jour de ce petit voyage avant de retrouver la civilisation et un vrai lit. Je pourrai enfin dormir une nuit à l'abri sans craindre pour ma vie. J'ai hâte d'arriver à bon port.