Chapitre 21

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Je me retrouve donc nu comme un verre dans une grotte perdu au milieu de la montagne en plein hiver. Ironique non ? Le sol est glacé sous mes pieds. J'ai du mal à me tenir debout, j'ai le corps ankylosé. Je fais un pas maladroit en direction de mon sac. Je perds l'équilibre et me retrouve sur les fesses. Aie. Si je n'ai pas un bleu après ça je ne comprendrais pas. Je ne suis jamais restée aussi longtemps sous ma forme d'oiseau, c'est certainement pour cela que j'ai tant de difficultés à me réadapter à ma forme humaine.
Je soupire et me redresse alors que mes lèvres affichent un petit rictus de douleur. J'étends ensuite mon bras pour attraper la lanière en corde de mon baluchon. Je l'attrape du bout de doigts et l'attire vers moi. L'objet fait un bruissement sourd en traînant contre la pierre. Je l'ouvre rapidement, puis en sort un haut et un bas usé que j'enfile à la va-vite. Je mets ensuite des chaussettes et par la suite ma vieille paire de chaussures en cuir. Enfin prête. Je m'assois près du feu. J'ai bien plus froid avec cette tenue qu'avec mes plumes. J'agrippe la couverture qui est posée non loin de moi et la jette sur mes épaules. Je vais devoir appeler mon sauveur... J'ai peur de ce qu'il va se passer, mais dans tous les cas, étant désarmée, je suis impuissante face à lui. Puis j'ai tellement de questions à lui poser...

- Je suis prête, vous pouvez revenir, je crie en direction de l'entrée.

Ma voix résonne dans la petite grotte et se transforme en milliers d'échos. Une boule se forme dans ma gorge alors que j'entends ses pas se rapprocher. Que va-t-il me faire ? Je me sens tant redevable envers lui... Il m'a tout de même sauvé. Sans son intervention, je serais morte à l'heure qu'il est. J'ai vraiment eu de la chance de m'en sortir. Il apparaît au coin de la pièce. Ses vêtements sont recouverts de neige. Il me dévisage de son regard vert. Un frisson me traverse. Par pitié dite moi qu'il ne va rien me faire... Il tient encore une lame dans chacune de ses mains. L'homme s'approche du feu et s'assoit en tailleur, puis pose les deux armes sur ses genoux. J'ai du mal à le regarder, je suis terriblement mal à l'aise en sa présence. Dois-je le remercier pour ce qu'il a fait ? En même temps, je ne sais pas trop quoi lui dire de plus... Je rassemble mon courage puis prend la parole :

- Je... je tenais à vous remercier de m'avoir sauvé la vie, lui dis-je dans un murmure à peine audible.

- Tu n'as pas à me remercier, je n'ai fait que ce qui est juste. La vie est bien trop précieuse, m'affirme-il d'un ton calme de sa voix rauque.

Je ne sais pas quoi répondre... La curiosité me brûle les lèvres et j'ai tellement de questions à lui poser. Mais je ne le connais pas et il ne m'inspire pas totalement confiance. Ses yeux braqués sur moi, il reprend d'un air soupçonneux :

- Que faisais-tu dans les montagnes ? J'ai vu les parchemins, je suppose que tu cherchais l'endroit indiqué ? Qui es-tu ?

Mince, je suis découverte... Que va-t-il faire ? Est-ce un allié ou un ennemi ? Dois-je lui dire la vérité ? À quoi bon mentir ? J'imagine qu'il m'aurait tué s'il était bien mon ennemi ? Je me racle la gorge, mes mots ont du mal à sortir de ma bouche.

- Eh bien... Je m'appelle Amaya Kageno... Et vous... vous avez raison. Je suis bien à la recherche du lieu sûr le parchemin, lui répondis-je un peu hésitante.

Il semble sous le choc. Mince, j'ai dit quelques choses que je n'aurai pas dues ? J'ai pourtant simplement répondu à sa question. Il reste quelques instants à me regarder sans répondre. À quoi pense-t-il ? Je n'arrive pas à déchiffrer l'expression de son visage. J'attends quelques instants en regardant les doigts de mes mains, espérant qu'il reprenne la conversation. Il m'est tellement difficile de retenir le flot de question qui m'assaye. Qui est-il ? Alors que je suis sur le point d'ouvrir la bouche, il sort du silence.

- Tu as bien dit Kageno ? M'interroge-t-il.

Je lui fais un hochement de tête en guise de réponse. Il paraît réfléchir, qui y a-t-il avec mon nom de famille qui le trouble autant ? Connaîtrait-il mes parents ?

L'oiseau de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant