8. Forces et faiblesses

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La porte débouchait sur un second couloir plus ténu que le précédent. Nous marchâmes quelques minutes sans parler. Les mains dans les poches de mon sweat-shirt, je tournais dans ma tête les dernières informations que Rain avait bien voulu me donner : un Véniel n'avait pas le droit d'établir un lien du sang avec un humain sous peine de subir une exposition forcée au soleil. Mais pourquoi prendre un risque pareil pour moi ? Les deux mois de session n'y répondaient pas.

— Qu'est-ce qui te permet de te sentir vivante, Blake ?

La question avait surgi de manière sporadique, comme souvent avec elle. Rain apparut à ma gauche. Je cessai de me questionner sur la vitesse de déplacement des vampires, ils bougeaient tout simplement trop vite pour l'œil humain.

— Je sais pas, les onion rings ? hasardai-je en mentionnant la première chose qui me vint à l'esprit. J'imagine que pour toi, c'est pomper le sang des autres qui te fait tripper ?
— C'est vrai, reconnut-elle.
— C'est dégoûtant.
— Tu ne trouvais pas ça dégoûtant hier soir... glissa-t-elle.

J'ignorai le sous-entendu. J'apprenais petit à petit son mode de communication et les moyens de le contrer. Jusque-là, le silence avait constitué une excellente défense contre ses piques, mais je devais apprendre plus tard que même celui-ci ne l'arrêtait pas lorsque Rain désirait vraiment quelque chose.

— D'ailleurs, comment tu te débrouilles pour le sang ? Tu tues chaque personne que tu rencontres ?
— Je ne t'ai pas tuée, objecta-t-elle.
— Tu m'as juste droguée, enlevée et séquestrée dans une cave.
— Tu sembles vraiment fixée sur ces détails-là. Se pourrait-il que tu aies certains penchants ?
— Je pensais que je n'avais pas de morale, mais toi...
— Ils peuvent être cachés, tu sais. Parfois, on les découvre tardivement et... continua-t-elle d'un ton innocent.
— Rain, la seule chose qui penche ici, c'est la balance : savoir si oui ou non je te laisse en vie après tout ça, déclarai-je avec un regard égal.

Elle rit tout bas. Pas suffisamment pour que je ne l'entende pas.

— Par ici, invita Rain en m'enjoignant à descendre les marches d'un escalier de service.

Inutile de réagir. Nous descendions de plus en plus profondément dans les entrailles de New York. L'escalier nous conduisit à une porte dont l'encadrure portait l'inscription EXIT. Rain se tourna vers moi, me sourit avant d'ouvrir la bouche, puis se ravisa. Avant que je ne parvienne à faire quoi que ce soit, elle s'était rapprochée de moi à l'aide de sa vitesse vampirique. Je sentis le courant d'air frais qui m'effleura la peau au niveau du bas-ventre. Elle avait soulevé le pan de mon t-shirt ensanglanté. Je lui attrapai violemment la main.

— Doucement ! Regarde... murmura-t-elle sans lâcher mon t-shirt.

Je baissai les yeux sur mon ventre. La plaie s'était totalement refermée. À la place, une peau lisse, sans aucune trace de blessure. Personne n'aurait pu être en mesure de deviner que je m'étais faite poignarder la veille. Je rabattis le bas de mon t-shirt d'un coup sec.

— Comment tu as su pour la cicatrisation ?
— C'est mon sang qui coule dans tes veines. Je peux quand même savoir dans quel état tu te trouves, tu ne penses pas ? demanda le vampire avec sa désinvolture habituelle.

Je lui jetai un regard noir pour toute réponse puis ouvrit la porte. Nous pénétrâmes ensuite dans l'enceinte d'une station de métro désaffectée. Elle ne semblait pas avoir été utilisée depuis des années. Typique du début du 20ème siècle, à en juger par le style des décorations murales, les parties voûtées du plafond et les murs de briques rouges. Une rame de métro attendait, visiblement hors service. Je perçus un bref mouvement derrière l'une des nombreuses colonnes qui soutenaient la station. Nous n'étions pas seules.

Undying #1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant