Undying #1

17. Ignition

Le tueur en série qui terrorise New York depuis plusieurs mois court toujours. Le lieutenant Carlsen, chef de la section criminelle de la NYPD, fera une déclaration de presse dans la journée. D'après les éléments de l'enquête, le Saint serait un homme d'une cinquantaine d'années, mais une source proche de l'enquête aurait révélé que la police serait en réalité totalement dépassée par les événements. Plus d'informations dans le flash spécial de midi...

La voix du reporter résonnait dans le salon. Les pieds nonchalamment posés sur la table basse encombrée de magazines, je regardais les nouvelles du matin. Greg Speckman, en costume gris clair et chemise blanche, lunettes carrées et cheveux bruns coiffés en brosse, tenait fermement son micro face à la caméra, la façade du commissariat du huitième district apparaissant dans son dos. J'aperçus Kenneth Wilson, préposé à la conservation des scellés judiciaires, qui se précipitait vers l'entrée du bâtiment, la tête basse. Au premier plan, le journaliste continuait ses assertions quant aux avancées de l'enquête sur le Saint.

Police inefficace, enquête laborieuse, absence de moyens... Les critiques fusaient, et je savais que je trouverais le même écho si j'effectuais une recherche sur le net. Bande de cons. S'ils avaient la moindre idée de la nature réelle du Saint et du monde souterrain qui existait juste sous leurs pieds... J'éteignis la télévision. Le reflet de Sebastian apparut à l'écran. Je bondis aussitôt sur lui. Il m'évita sans difficulté et m'empoigna par le bras.

— Calme-toi, je ne suis pas venu me battre avec toi !
— Lâche-moi.

Les yeux du jeune homme se parèrent brièvement de cette lueur dorée que je partageais désormais. Sa poigne se renforça sur mon bras.

— Arrête. Je ne suis pas ton ennemi.
— Cool. Lâche-moi.
— Je suis juste venu te parler. Écoute-moi, s'il te plaît.
— Lâche-moi ! intimai-je.

Il desserra légèrement sa prise sans me lâcher toutefois. Mes canines se déployèrent, et il se mit à rire.

— Ce ne sont pas tes dents de lait qui vont t'aider, déplora Sebastian en haussant les épaules.

Ses yeux s'illuminèrent alors d'une étincelante couleur ambrée. Il poussa un grondement vibrant. Le grognement qui s'échappait de sa gorge était puissant et bestial. Je reculai malgré moi devant la présence imposante qu'il dégageait. Mais le loup à l'intérieur de moi ne voulait pas se soumettre. Je bandai mes muscles et poussai un grognement animal en retour. Sebastian rentra ses crocs, puis me contempla d'un air narquois.

— Eh bien, on va peut-être réussir à faire quelque chose de toi finalement. Après tout, tu es une descendante des lunes toi aussi, déclara-t-il d'un ton approbateur.
— Explique, rétorquai-je alors que mes canines se rétractaient malgré moi.
— Si tu m'avais laissé parler au lieu de m'attaquer, j'aurais pu te l'expliquer de suite.
— Alors parle. Et après ça casse-toi.
— Quelle amabilité, répondit Sebastian en s'asseyant sur le canapé du salon.

Il détailla la pièce, le bazar accoutumé qui y régnait et l'absence totale de décoration. Ses yeux tombèrent sur la table basse juchée de magazines divers.

— Pas adepte de littérature, hein ? commenta Sebastian avec un sourire en coin.

Je voulais juste qu'il me donne son information et qu'il dégage. Il sourit en voyant mon expression.

— C'est curieux parce que je suis tombé sur un livre très intéressant l'autre jour. Ça parle d'une histoire d'amour entre deux femmes. Non attends, une histoire de sexe plutôt, parce que l'une des deux ne veut « pas de romance » si je me rappelle bien.

Le livre de Chase. Et bien évidemment, il l'avait lu. Qu'il se soit permis d'entrer dans mon domicile me donnait déjà des envies de meurtre. Mais ça... C'était la provocation de trop. Il leva tout de suite les mains en signe d'apaisement.