L'usine

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Les cours venaient de se terminer à Kadic, et Suzanne Hertz se dépêcha de ranger ses affaires afin de rejoindre Jim Moralès. Il avait évoqué une usine, et ça ne pouvait être que celle désaffectée, située à quelques kilomètres de l'établissement.

Jim était en retard, ce qui n'était pas très surprenant. Il n'avait après tout pas donné d'heure précise et devait gérer la sortie des élèves au portail.

Il arriva finalement un quart d'heure après que la dernière sonnerie ait retenti.

— Vivement demain, pas vrai ?

La professeure de physique ne comprit pas  quoi il faisait allusion.

— Comment ça ?

— Et bien demain, c'est vendredi, Suzanne, c'est-à-dire le week-end ! J'adore ces mioches mais ils peuvent être fatigants à gérer. Le week-end, ils sont beaucoup moins nombreux, c'est plus simple !

Mme Hertz ne put s'empêcher d'esquisser un sourire. Jim restait Jim.

— Bon, on y va, à cette fameuse usine.

— C'est parti.

À sa grande surprise, au lieu de se diriger vers la sortie de l'établissement, le surveillant se dirigea vers la forêt qui bordait la cour de récréation.

— Jim ?

— Fais-moi confiance, Suzanne. Je connais un raccourci. J'espère que tu n'as pas peur de te salir.

Sa supérieure lui avait en effet indiqué le raccourci qu'empruntaient jadis les lyoko-guerriers.

Un quart d'heure plus tard, ils étaient arrivé sur le pont qui menait à l'intérieur de l'usine désaffectée. Suzanne ne se rappelait plus exactement ce qui y était fabriqué, sans doute des voitures. Mais la production avait été délocalisée à l'étranger, ça coûtait moins cher.

— C'est bizarre, je croyais que l'entrée avait été scellée pendant l'été.

— Nous ne sommes visiblement pas les seuls à nous intéresser à cette usine.

Par réflexe, Jim se mit devant Suzanne et commença à s'avancer. Peut-être qu'il aurait du prendre son arme. À la place, il ramassa un bout de ferraille qui trainait par terre.

— Mais enfin, Jim-

— Simple précaution, Suzanne. J'ai l'impression qu'il y a déjà quelqu'un à l'intérieur.

Un bruit se fit soudain entendre, donnant raison au surveillant.

— On dirait le mécanisme d'un ascenseur.

— Allons voir ça de plus près.

Les deux adultes se dépêchèrent et arrivèrent à l'entrée de l'usine, s'arrêtant de justesse afin de ne pas tomber dans le vide. Suzanne glissa mais Jim la rattrapa juste à temps. Une voix leur parvint, venant du niveau inférieur.

— Agent Moralès ? Qui est cette femme ?

Suzanne Hertz se retourna vers son collègue, qui la tenait encore par la taille. « Agent Moralès » ?

— Madame Kaur ? Qu'est ce que vous faites là ?

L'agent en sommeil relâcha sa collègue, qui avait l'air perdue.

— Je vous ai demandé la première, Moralès. Que diable fait cette civile avec vous ?

— Et bien, vous m'avez dit de venir inspecter cette usine et Suzanne Hertz, ici présente, connaît bien les environs. Je me suis dis qu'elle pourrait m'être utile. Et elle a connu Waldo Schaeffer.

Waldo Schaeffer ? Suzanne ne connaissait aucun Waldo Schaeffer.

— Je vois que vous n'avez pas perdu votre habitude de travailler en équipe, Moralès. Descendez donc ici, utilisez les cordes en face de vous.

Suzanne retrouva finalement la parole.

— Euh... Jim, je préfère rentrer.

Son collègue lui sourit.

— J'ai bien peur qu'il ne soit trop tard pour faire demi-tour, Suzanne.

Et il sauta dans le vide, sans utiliser de corde. Il atterrit sur des deux pieds, fier de lui, même s'il vacilla un peu. Sa supérieure lui lança un regard noir.

— Ce n'est pas le moment d'impressionner votre dernière conquête, Moralès. Faites en sorte qu'elle descende rapidement, avant que je ne change d'avis et que je ne la fasse disparaître.

L'agent ne doutait pas du fait que Madame Kaur puisse faire disparaître quelqu'un, il releva la tête vers la professeure de sciences.

— Tu as juste à te laisser glisser le long de la corde, Suzanne. Ce n'est pas si haut que ça, ne t'inquiète pas. Je sais que tu peux le faire.

Après quelques instants d'hésitation, Suzanne Hertz se lança. Si ses élèves la voyait...

Quand elle se posa finalement aux côtés des deux agents secrets, Miranda Kaur la toisa de haut en bas.

— Si vous parlez à qui que ce soit de notre petite excursion, je m'arrangerai pour que vos élèves n'entendent plus jamais parler de vous.

— Bien, madame. Vous avez ma parole.

La grande femme aux cheveux noirs comme la nuit se tourna ensuite vers l'ancien équipier de son défunt mari.

— J'espère ne pas regretter d'avoir mêlé une civile à cette histoire.

Le grand ascenseur de l'usine était ouvert devant eux, semblant les appeler. Suzanne n'était pas rassurée, elle avait de nombreuses questions, mais ce n'était clairement pas le moment. La dénommée « Madame Kaur » lui faisait peur, et elle se cacha à moitié derrière Jim.

Pendant deux longues heures, les trois adultes fouillèrent tous les recoins de l'usine, mais trois pièces retinrent particulièrement leur attention : la salle dans laquelle se trouvait le supercalculateur, celle dans laquelle se trouvait les trois scanners, et celle dans laquelle se trouvait l'ordinateur de contrôle.

L'Affaire Waldo Schaeffer [Code Lyoko]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant