En sortant du bureau du proviseur, Mme Hertz, visiblement contrariée, faillit rentrer dans le surveillant et professeur d'EPS de Kadic.
— Bonjour, Suzanne ! Ça n'a pas l'air d'aller, qu'est-ce qu'il se passe ?
Elle ne s'arrêta même pas pour le saluer, se dirigeant rapidement vers la sortie.
— Pas maintenant, Jim !
Elle était visiblement de mauvaise poil et ce n'était pas une première depuis la rentrée. C'était comme si quelque chose la préoccupait, même si elle se donnait beaucoup de mal pour le cacher. Mais Jim avait été formé pour repérer ces choses là, bien qu'il ne soit plus officiellement en service.
Il avait pendant longtemps eu du mal à comprendre pourquoi sa supérieure, Miranda Kaur, l'avait envoyé à Kadic. Il avait encore plus de mal à comprendre pourquoi il devait se faire passer pour un surveillant stupide. C'était sans doute pour qu'on ne le soupçonne pas de quoi que ce soit, mais tout de même.
Elle lui avait à l'origine dit que c'était provisoire, mais il commençait à trouver le temps long, même s'il avait appris à aimer son métier. Au moins, il pouvait enfin se détendre, après une vie pleine d'aventures.
Il repensa à ses deux anciennes coéquipières, Amina et Charlotte. Il n'avait pas eu de leurs nouvelles depuis bien longtemps. Est-ce qu'elles étaient toujours actives ? Ou est-ce qu'elles avaient, elles aussi, été mises à la « retraite » ? Il fallait dire que leur dernière mission ne s'étaient pas bien terminée, James y avait laissé sa vie.
Ils en avaient vécu des choses tous les quatre ! Si le surveillant de Kadic aimait s'amuser à s'inventer des aventures pour faire marcher les élèves, prétextant par la suite qu'il ne préférait pas en parler, il ne leur racontait pas que des mensonges. Jim Moralès avait en effet vraiment été membre des services secrets.
Dans le cadre de leurs missions, ils avaient souvent dû s'inventer des couvertures afin de gagner la confiance des hommes et des femmes qu'ils voulaient faire tomber. Dans le milieu, on les surnommait les « Quatre Fantastiques », et ils avaient même été décorés par un président pour service rendu à la Nation.
Ainsi, Jim avait réellement été garde forestier au Québec, même s'il ne traquait pas lui-même les incendiaires en s'enduisent de crotte de caribou. Les « incendiaires » étaient en réalité un groupe terroriste qui avait posé de nombreux problèmes au gouvernement canadien.
Avec James, ils avaient pendant de longs mois été sous couverture en tant que membres du personnel soignant d'un hôpital psychiatrique, suite à une série de meurtres sanglants visant des membres de familles de diplomates hauts placés en Italie.
Avec Amina, ils s'étaient fait passer pour des dramaturges de génie en Angleterre, en présentant une pièce en un seul acte, afin d'attirer l'élite de la noblesse britannique et de recueillir des informations importantes pour une grosse affaire de trafic d'êtres humains.
Avec Charlotte, la belle Charlotte, il avait été professeur de danse de salon à Buenos Aires, afin de démanteler un cartel de drogue. Cette expérience les avait beaucoup rapprochés, sans doute un peu trop, d'ailleurs, mais Jim préférait ne pas en parler.
Si une de leurs plus belles victoires avait eu lieu à Las Vegas, face à celui qui se faisait appeler Hurricane John, le plus beau souvenir que Jim gardait était celui de leur séjour en Birmanie, même si sa jungle n'avait pas été de tout repos. « Seule la sérénité te conduira au calme », lui avait dit le maître Birman qui leur avait enseigné le Penchak-Silat.
Cela faisait ainsi plusieurs années que Jim Moralès vivait paisiblement une vie de surveillant et de prof d'EPS à Kadic, du moins jusqu'à ce que Miranda Kaur ne le recontacte quelques mois plus tôt.
Son appel concernait le Projet Carthage. Jim en avait évidemment entendu parler, c'était un projet qui avait fait beaucoup de bruit. Vouloir contrôler le réseau électrique mondial pour intercepter les communications des soviétiques, c'était dur à oublier !
Sans lui donner plus de détails, Kaur lui avait demandé de garder un œil, officieusement, sur une certaine Aelita Stones, lui disant simplement qu'elle avait peut-être un lien avait Carthage.
Jim avait du mal à comprendre comment une adolescente pouvait avoir un lien avec un projet né pendant la Guerre Froide, mais il avait déjà des doutes sur son cousin et ses deux autres amis : Odd Della Robbia, Ulrich Stern et Jérémy Belpois.
Peut-être qu'il avait raison de les suspecter de quelque chose depuis le départ. Après tout, il se trompait rarement.
VOUS LISEZ
L'Affaire Waldo Schaeffer [Code Lyoko]
Fanfiction[« Un monde sans danger » - Partie 2] Suzanne Hertz a découvert la véritable identité d'Aelita. Son nom de famille n'est pas « Stones » mais « Hopper » et elle est la fille de l'ancien professeur de sciences de Kadic, disparu soudainement en 1994, F...