LA DYADE : L'équilibre originel

Discorde - Partie 3

Ben fit un mouvement paniqué en essayant de remonter à la surface : la voir dans cet état lui était insupportable mais il y avait toujours cette onde de choc qui le poussait vers l'extérieur, le rendant totalement impuissant.

A peine eut-elle le temps de sentir son dos à nouveau, qu'elle fut projetée en arrière. Elle laissa échapper un cri enragé avant de s'agripper au sol en tenant du bout des doigts un relief rocheux.

Ils ne devaient pas abandonner, même si un mur invisible continuait de les séparer et que l'air glacial les faisait se tordre de douleur. Rey et Ben se regardèrent encore de très loin, en sentant la présence de l'autre plus proche que jamais. En sentant chaque muscle de l'autre assailli par la douleur.

"Il faut...oublier la Force..." bégaya la jeune femme, les yeux grands ouverts comme si quelqu'un avait parlé à sa place.

Au même moment, ils comprirent que le lien si particulier qui les unissait était brut et méconnu et c'est en essayant de le maîtriser qu'ils avaient échoué. Aussi étrange que cela puisse paraître, cette explication leur sembla logique, comme si on l'avait murmuré.
Leur pouvoir était bien trop unique, bien trop hors normes pour être utilisé comme un simple don.

Leur Dyade était aussi claire qu'obscure, tout comme la Force. Ils étaient sa réincarnation humaine.

Ils comprirent également que ne faire qu'un avec l'autre était la seule manière de contrôler ce pouvoir. Ben vivait en elle et elle, en lui : deux qui ne font qu'un. Tout ce qui les constituait devait s'entrelacer pour ne former qu'une masse baignée dans la Force.

Au milieu d'une tempête qui les divisait, sous un dôme océanique, ils fermèrent les yeux.
Leurs respirations étaient parfaitement synchronisées, tout comme les battements de leur cœur. Ils étaient ce fluide qui maintenait tout en place, de la goutte d'eau à l'astre solaire caché derrière un épais voile nuageux. Comme lors de leur vision au temple, ils étaient tout et rien à la fois, perdus dans ce vide stellaire qui leur servait de dimension.

Intérieurement, il allait vers elle et elle s'élançait vers lui, le lien électrisant qui émanait de leurs corps se rejoignait comme deux aimants. Puis leurs cœurs s'emballèrent. Le contact de leurs peaux se faisait plus intense, mais comment cette sensation était-elle possible ? Et où était leurs corps à présent ?

Ils entendirent des murmures puis des voix, leurs voix respectives qui clamaient leurs prénoms :

"Rey."

"Ben."

Ces mots ne formaient plus qu'une seule syllabe, prononcée au cours d'un souffle.

Le temps s'arrêta : ils entendirent un battement de cœur résonner et eurent la terrifiante impression qu'ils quittaient leurs corps le temps d'une seconde. Ils pensaient avoir cessé d'exister alors qu'ils sentaient malgré tout la présence de l'autre : cette curieuse aura qui leur était familière.

Brusquement, l'énergie qui les séparait s'évapora en un éclair. Dans leurs esprit, de la foudre vint scinder l'espace en deux et ils rouvrirent brutalement les yeux, in extremis et haletant.

La course de cette énergie commença entre les deux protagonistes en survolant l'eau, faisant vibrer l'air elle-même. Elle créa un remous immense d'eau salée : des rideaux océaniques se mirent à grimper jusqu'en haut des falaises formant cette crique, pour caresser les quelques pousses d'herbes au bord de celles-ci. Puis, elles redescendirent comme happées par les fonds marins, agitant la mer plus qu'elle ne l'était déjà et tout cela dans un brouhaha qui vous comprime les tympans.

Puis, les vagues habituelles s'écrasèrent de nouveau contre ce chemin rocailleux, les éclaboussant violemment dans un tumulte marin qui reprenait ses droits. Comme si tout avait été oublié. Comme si le temps perdurait sa course.