Chapitre 37 : Holy Thunderforce (2)

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   Ken Light était caché dans une salle de classe au premier étage et observait le combat, la fenêtre ouverte. Il avait pu entendre ce que disait Monsieur Maxson. Il ne put s'empêcher de sauter et faire une entrée magistrale. Il portait toujours son blouson avec la manche en coton mais avec en plus un skateboard attaché dans son dos grâce à une sangle.

«-Je vous respectais. dit-il, pendant que son professeur tourna la tête vers lui. Sincèrement. Vous étiez fidèle à vos convictions et refusiez de tuer qui que ce soit, quitte à en mourir. Quand mes camarades m'ont agressé, à la plage, quand ils me faisaient bouffer le sable et s'amusaient à me frapper avec un bâton, avant de me l'enfoncer, avant de me frapper à nouveau avec, je me suis juré d'exterminer la totalité de cette humanité de merde. C'était à ce moment que Playing with Fire était apparu.»

   Il ouvrit la fermeture éclair sur sa manche et libéra son bras. Des flammes le recouvraient. Stephen était trop abasourdi par la présence de Ken pour parler. Il l'écoutait donc en silence.

«-Je voulais que ces enfoirés se brûlent en me frappant et du coup… C'est comme ça que mon bras est devenu comme ça. Ils se sont alors reculés, terrifiés, et je me suis rapproché. Ils se sont mis à courir et je les ai pourchassés pour les buter avec mon bras. Aucun ne m'a échappé. J'allais le faire. J'allais faire un massacre en ville, comme je me l'étais juré, mais je suis tombé sur vous. J'allais vous tuer. J'allais le faire. Mais vous m'avez pris dans vos bras. Vous avez ignoré mes flammes, et vous m'avez pris dans vos bras. Il était déjà trop tard pour me sauver de moi-même mais vous avez quand-même essayé. Vous avez tout fait pour m'empêcher de tuer à nouveau mais je recommençais, encore et encore. Mais vous étiez persuadé que j'avais encore une chance de rédemption, que je pouvais être quelqu'un de bien. Vous représentiez l'espoir, et je vous respectais pour ça. Mais là, vous n'êtes plus qu'une merde comme les autres.»

   Le collégien se rua vers son professeur pour le brûler avec son bras mais Rocket Man donna facilement un coup de poing au visage de Ken. Un trait de feu apparut et le poussa violemment vers le bâtiment pour que son percute le mur. Le choc fut si violent que du sang masquait l'élève.

«-Tu as raison ! Il était trop tard pour te sauver, j'aurais dû te tuer ! J'aurais dû te tuer ! J'aurais dû te tuer !»

   Une nouvelle femme posa sa main sur l'épaule de Stephen mais il lui donna un violent coup de tête avant qu'elle n'ait le temps de l'électriser. Rocket Man lui transperça ensuite le ventre avec son poing, aidé par une propulsion au coude.

«-C'est moi… qui vais le buter… dit faiblement le collégien. J'ai compris comment fonctionne Holy Thunderforce, je sais que vous pouvez donc utiliser mes flammes… Alors faîtes-le, que ce soit moi qui bute cet enfoiré !»

   Une femme s'approcha alors de lui et toucha son bras. Aussitôt, le feu se propagea d'elle jusqu'au reste de la horde, formant un immense brasier dans lequel était piégé Stephen. La horde, cependant, ne semblait pas en souffrir.
   Stephen se faisait consumer par la haine et le feu. Mais il souffrait moins du feu que de la haine, bien que les brûlures attisaient sa rage et sa rancœur. Galvanisé par le brasier, l'homme frappa les femmes, les tuant grâce à ses propulsions. Combien est-ce qu'il prenait de vie ? Un nombre important mais peu par rapport à la taille de la horde. Puis il s'écroula, vaincu.
   Ken ordonna alors à la horde de cesser l'immolation et, soudainement, toutes les flammes se concentrèrent sur une seule femme qui mourut dans l'opération. Le collégien s'approcha alors du corps inerte toujours en feu de son professeur et le piétina, comme pour l'éteindre. Des gémissements de douleur se faisaient entendre.

«-Vous êtes toujours en vie ? constata Ken en remettant sa manche en coton. Vous êtes tenace… Enfin seulement physiquement. Moralement, vous avez vite abandonné ! (Il cogna le nez de son professeur avec son pied.) Vous vouliez m'aider mais vous ne valiez finalement pas mieux que moi ! (Il recommença.) Je vais être honnête, j'aurais bien voulu attraper votre tête par les cheveux avant de fracasser votre crâne au sol. Mais tout a brûlé donc ce n'est pas possible ! (Il recommença.) Par contre, je suis surpris. Vous n'aviez pas une telle haine pour le meurtrier de votre frère. Vous ne pardonnez qu'à votre famille ? (Il recommença.) C'est ça ? (Il recommença.) Alors ? (Il recommença.) Répondez ! (Il recommença. Trois fois.)
-Arthur…
-Arthur ? De son vivant, vous l'appeliez Dr Dorf. Maintenant qu'il est mort, c'est le moment de le considérer comme un ami ? (Il recommença.)
-Arthur… Il aidait… Des gens comme toi…
-Des gens comme moi ? Des gens comme moi ? Ce n'était pas lui qui m'aidait mais vous ! (Il recommença.) C'est vous qui avez tué le protecteur de Mawario ! Vous et personne d'autre ! (Il recommença. Deux fois.)
-Tu… Tu as raison… Alors tue-moi…
-Vous… (Il resta silencieux durant plusieurs longues secondes. Puis il recommença. Encore et encore. Il recommença. Et il parlait tandis qu'il recommençait encore et encore.) Vous voulez maintenant que je tue ? Vous voulez que je dénature mon héros en le vengeant ? C'est pas possible d'être aussi con !
-C'est… la première fois… que tu refuses de tuer quelqu'un…
-Quoi ?
-Finalement… je t'ai sauvé…»

   Ken avait raison, Stephen n'était plus lui-même. Il avait trahi son frère, Mawario et lui-même. Mais il comprit que Ken était finalement capable de faire preuve de moralité, ou au moins de la comprendre, de comprendre pourquoi il fallait faire le bien. Le professeur était désormais prêt à mourir, le sourire aux lèvres, fier. Et l'élève avait compris qu'il avait sauvé sa propre âme en sauvant celle du protecteur de Mawario, mais que c'était aussi grâce à ce dernier.
   Ken sortit son téléphone portable de la poche et appela la police, signalant un massacre au collège et un grand brûlé.

«-Il faut l'achever avant que les autorités n'arrivent. dit une femme.
-Spargo a dit que vous n'étiez pas obligées de le tuer. répliqua le collégien.
-Il semblerait que vous vous soyez rangé du côté de votre professeur. dit la horde.»

   Ken ne répondit pas, il se contenta de libérer ses flammes, faisant face à la horde.

La Baleine de Mawario (Premier Jet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant