Chapitre 18

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Lundi matin arrive beaucoup trop vite à mon goût. Je serais bien resté sous la couette encore un peu mais il faut bien gagner de quoi nous nourrir. Romy m'a épuisé dimanche. Elle m'a fait retourner au parc et m'a montré chaque endroit où elle avait joué avec Julian. Je pense que secrètement elle espérait le voir arriver. J'ai d'ailleurs faillis l'appeler pour faire la surprise à mon petit chaton mais au dernier moment je me suis ravisée. Après nos échanges de SMS, j'ai eu peur de ne pas tenir et de déraper. J'ai un peu regretté de ne pas avoir accepté sa proposition samedi soir, mais finalement je crois que j'ai bien fait. Si j'étais allé la bas, nous aurions discuté certes, mais nous aurions aussi fait l'amour. Euh non pardon, nous aurions baisé et probablement dans le lit. Ce qui implique que nous nous serions mis nus et il est impossible pour moi qu'il me voit dans mon costume d'Eve. Je ne suis pas encore prête pour ça. C'est trop intime, trop difficile. Les mots de Valentin ont encore beaucoup trop d'impact à l'intérieur de moi pour que j'ose me montrer aussi vulnérable devant quelqu'un d'aussi parfait. Je sais que c'est triste de réagir comme ça et que je me bouffe la vie avec toutes ces appréhensions qui me rongent, mais je suis incapable d'être rationnelle. Je me déteste profondément. J'aimerais être le genre de nana à l'aise avec son corps, qui se moque éperdument de ce que les gens peuvent penser d'elle. Mais la vérité c'est que je ne peux pas m'empêcher de me torturer. Quand quelqu'un me regarde un peu trop, je m'imagine immédiatement que c'est parce que j'ai quelque chose qui ne va pas sur mon visage. Ou alors je m'imagine les horreurs qu'il peut penser en me regardant : "Elle est moche ! Regarde comme elle est mal foutue ! Le maquillage ne changera rien à sa tronche dégueu ...". Je sais que je suis parano et que je ne devrais pas me faire de films aussi horrible, mais je suis incapable de m'en empêcher, c'est plus fort que moi. STOP ! Il est beaucoup trop tôt pour se plaindre. Mes pieds me guident jusqu'au bureau sans que je ne fasse vraiment attention à la route. Et pour cause : je vais bientôt me retrouver dans le même endroit que Julian. Je n'arrive pas à me le sortir de la tête. Au début je le trouvais juste hyper canon et très gentil. Mais depuis quelques jours, je le trouve aussi intense et particulièrement attendrissant. Il a été vraiment adorable avec Romy et je crois que depuis samedi, il commence à se frayer un chemin à travers mon cœur. STOP. On arrête tout de suite Charlie, pas moyen que je tombe amoureuse. C'est trop tôt, trop bizarre et absolument inapproprié. Il est grand temps que je me le sorte de la tête. D'ailleurs j'arrive au bureau, je dois me mettre en mode professionnelle et prier pour qu'aucun papillon au ventre ne viennent perturber mon travail.

Quand je pousse la porte de l'entrée de notre cabinet, c'est la douche froide. Ashton est debout prêt de mon bureau et Maya est assise sur ma chaise. 

-Salut la compagnie.

Personne ne me répond. Super l'ambiance. Ash regarde sa montre, puis la fenêtre, puis sa montre à nouveau.

-Il va probablement pleuvoir des grenouilles.

-Qu-est-ce que tu racontes mon chéri ?

-Ma petite sœur est à l'heure au travail. C'est une des rares fois que ça arrive, j'ai peur que le ciel ne nous tombe sur la tête.

-Dire bonjour ça te casserais une dent ? Et puis tu te trouves drôle ? Je peux retourner chez moi une heure ou deux si tu préfères. Je n'ai pas bien dormis et je ne suis pas prêtes à supporter tes vannes pourris de bon matin.

J'y vais un peu fort je dois bien le reconnaître, mais bon être accueilli de cette façon, reconnaissez que c'est pas joyeux non plus ! Mes yeux se pose sur Maya, tranquillement assise à ma place, ma tasse de thé dans les mains. Non mais! elle s'est cru chez mémé celle la ? Avec dédain et un mouvement de tête, je me permet une petite question.

-Qu'est-ce qu'elle fait la ?

-Charlie !

La morue me foudroie du regard. Mon frère aussi. En fait, je ferais peut-être mieux de la jouer fine si je ne veux pas passer un lundi tout pourris.

Aussi imparfaite soit-elle !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant