Tu n'es pas un monstre Malefoy..

Rédemption

Relisant la note froissée au creux de sa main, Drago Malefoy piétinait le sol pavé d'un air anxieux. Un grand hibou s'était précipité par la fenêtre ouverte le matin même pour la déposer devant son thé fumant, faisant sursauter Hermione par son intrusion. Penchée par dessus son épaule, son épouse avait affiché le même air de surprise que lui en découvrant la signature qui barrait le bas de la page de son encre noire brillante. L'expéditeur s'était chargé de fixer un rendez-vous, une opportunité unique pour se livrer à des confidences et Drago n'en fut que plus troublé à chaque lignes. Si longtemps après? La cicatrice à son ventre sembla se réveiller à la pensée terrible de leur dernière rencontre. Tous deux avaient franchi les couloirs du tribunal mais son verdict avait été impitoyable. Son nom avait été banni des discussions, laissant une horrible blessure à l'endroit de sa mémoire, lui rappelant à quel point la culpabilité était tenace.

Quelques passants traînèrent leurs mômes sur le Chemin de Traverse mais il leur prêta aucune attention, craignant de sentir ce parfum à nouveau, qu'à sa vue, ses souvenirs deviennent si vifs à en faire saigner les plaies du passé. Pansy s'avança enfin vers lui, grande, maigre, ses cheveux courts encadrant un regard fatigué mais rempli d'espoir. Elle avait toujours été belle à sa façon, bien qu'elle semblait avoir prit de l'âge si vite que sa beauté juvénile s'était envolée dès lors qu'elle avait posé les pieds à Azkaban. Elle se planta devant lui, irréelle, tel un produit de son imagination.

- Salut, Dray. T'as l'air en forme. Dit-elle simplement.

- Ou plutôt devrais-je dire qu'Azkaban n'est pas une cure de beauté... Fit-il en croisant les bras. Ici, en plein jour, sérieusement Pansy?

La jeune femme haussa les épaules, balayant ses moqueries d'un geste dédaigneux.

- Voyons, toute sorcière qui se respecte fait pleurer les enfants en plein jour. La nuit, on prépare des chaudrons avec leurs bras et leurs jambes. Hansel et Gretel est un conte fascinant.

Drago la dévisagea, un sourire tordu aux lèvres. Un sens de l'humour, devisant sur un conte pour Moldus? La Pansy qu'il avait en face de lui avait forcément subi un lavage de cerveau. Mettant cela sur le compte de quelconque folie, il l'invita à s'éloigner en direction de Gringotts. Sur le chemin, Pansy lui désigna le glacier du doigt, l'implorant du regard de s'asseoir sur la terrasse.

- Avec quel argent Pansy? Je paris que sous ce manteau, tu as gardé ton uniforme rayé. Tiens, je prendrai bien une boule coco, moi. La nargua-t-il en étudiant la carte.

Pansy posa un vieux sac à main sur une petite table légèrement bancale. Drago ne voulait pas croiser son regard: elle lui faisait des yeux de biche pour obtenir des faveurs de sa part.

- Allons, tu m'invites n'est-ce pas? J'ai plus un rond, je vais bientôt devoir me battre avec des rats pour obtenir des restes. Et puis le sucre fera passer plus facilement le goût amer de ce que je vais te dire. Supplia-t-elle, jouant avec les mèches de ses cheveux ternes.

Drago soupira profondément. Pansy avait le don de chasser le côté mélodramatique d'une scène, ou bien était-ce lui qui avait apprit à gérer de nouvelles émotions. Il leur commanda deux boules chacun, couvrant celle de Pansy de chantilly à sa demande. Cette dernière soupira de plaisir en plongeant sa cuillère et Drago eut du mal à garder les sourcils froncés. Il joignit ses mains pour la regarder.

- Dis-moi maintenant pourquoi je me fais escroquer de la sorte. Je ne suis pas une âme charitable, tu dois le savoir. Dit-il d'un air plus sérieux.

Pansy s'essuya la bouche avec le dos de sa main, l'observant avec plus de détails, repérant sa bague de marié qui brillait à son annulaire ou bien son regard plus mature et bien plus séduisant qu'auparavant. Un véritable dandy de la société anglaise se développait devant elle et la jeune femme en fut charmée.