Tu n'es pas un monstre Malefoy..

Chapitre 3

Les premières lueurs du jour filtrèrent à travers les eaux verdâtres du Grand Lac. Une étroite fenêtre surmontait son lit à baldaquin, renvoyant des reflets mouvant au rythme des vagues sur les murs en pierre froide. Drago fût tenté de ne pas se lever de la journée, découvrant un sentiment de béatitude qu'il n'avait pas ressenti de tout l'été. Soupirant d'aise, il rêvassa des courbes de la jeune fille pour laquelle il avait dédié sa première nuit. Son parfum chatouillait encore ses narines et le souvenir de ses lèvres parcourant son corps lui provoqua une série de frissons dans le bas ventre. Son imagination ne le porta malheureusement pas plus loin lorsqu'il entendit son voisin émerger d'un sommeil profond, sortant son visage de sa couverture, l'air confus comme s'il ne se rappelait pas avoir passé la nuit ici.

- Salut, Blaise. Bien dormi? le taquina Drago d'un sourire au coin. 

Son ami s'étira dans toute sa grâce et sa splendeur, spectacle auquel assistait Drago tous les matins depuis des années. Son visage souriant était peut être le seul qu'il pouvait supporter à une heure si matinale.

- Comme une bûche qui aurait gelé toute la nuit oui. On a pas tous eu droit à d'autres distractions nocturnes. Fit-il d'un ton chargé de sous entendus, s'extirpant de son lit avec des gestes lents. 

- Oh, je suis sûr que même toi, elle t'aurais fais tourner de l'oeil, monsieur le difficile de la gente féminine ! 

Drago dû encaisser un oreiller fonçant dans sa direction avant de pouvoir se remettre sur pieds. Les deux jeunes hommes se préparèrent dans leur coin, enfilant leurs uniforme aux couleurs vert et argent et Drago épingla son insigne de préfet avec soin. Les couloirs du château étaient presque vides à cette heure matinale tandis qu'ils se dirigeaient vers la Grande Salle. Un bruit désagréable parvint cependant aux oreilles de Drago, brisant le silence confortable qui s'était établi sur tout le trajet. Un sanglot. Le blond fut tenté de faire demi-tour, soudain irrité, mais ce dernier se trouvait déjà en face de la Grande Salle. Une chevelure brune, tantôt coiffée, tantôt dans un affreux état, leur fonça dedans et s'écria d'une voix féroce que Drago ne reconnut que trop bien :

- Ron espèce de crétin ! Tu es aussi pitoyable que Malefoy, mais je peux t'assurer que lui au moins est bien plus mâture que toi. Imprime toi bien ça.

Ses sanglots de rage et de colère semblèrent se noyer dans une fureur dévastatrice que Drago ne lui connaissait pas. Le regard d'Hermione paraissait éperdu et se figea aussitôt devant le regard étonné de celui-ci, qui tentait de faire sens de ses paroles. Seulement, il sembla à court de répliques, ses pensées figées, pris à court dans cette situation embarrassante. Hermione reprit alors ses esprits et sécha ses larmes, refusant de montrer tant de signes de faiblesse devant le Serpentard.

- Oui Malefoy, tu es un crétin. On dirait que je viens de t'apprendre quelque chose.

Elle tenta de masquer les trémolos dans sa voix, prenant un air assuré qu'elle avait tendance à perdre dans ces circonstances. Drago se demanda comment une personne pouvait-elle vivre une si rude mâtinée en un si court laps de temps. 

- Ça va? Lui demanda-t-il, presque amicalement, avant de réaliser ses paroles.

Blaise lui donna un coup de coude.

- Et toi ça va? Lui lança-t-il d'un ton réprobateur.

Hermione entrouvrit la bouche et la referma aussitôt, une remarque s'étranglant au fond de sa gorge. Une réplique agréable et civilisée de la part Malefoy allait au delà du miracle. Toujours abasourdie, elle se remit en marche, oubliant ce qui avait bien pu se passer avec Ron quelques minutes plus tôt. Drago se massa le crâne.

- Je n'ai pas assez dormi, c'est sorti tout seul. J'ai pas à me justifier, avance. Lança-t-il à Blaise d'un ton sans réplique.

La Grande Salle accueillait déjà quelques élèves répartis le long des grandes tables, certains patientant devant un mug de thé fumant, d'autres s'attaquant à leurs œufs brouillés avec délectation. La pâle lumière du jour projetait des couleurs roses et dorées, reflétant le ciel matinal. Pansy les accueillit avec un large sourire, visiblement d'humeur à attaquer cette journée. Crabbe et Goyle engloutissaient à eux seuls des portions astronomiques de toast.

- Drago, viens t'asseoir à côté de moi. Demanda Pansy d'un ton miaulant.

Il lui fit ce plaisir, sans prêter attention au regard triomphant qu'elle lança aux autres filles de la maison. Il se prépara alors une tartine, levant les yeux au ciel occasionnellement pour vérifier si un hibou ne lui apportait de nouvelles. Sa famille demeurait tant focalisée sur le Lord ces derniers temps qu'il ne fût pas étonné de leur silence. Drago avait été tenu à l'écart de toutes les réunions secrètes qui c'étaient déroulées au manoir cet été, traité comme un chien dont la présence était indésirable. Les Mangemorts manigançaient quelque chose de chose de grand et les préparatifs semblaient s'éterniser, mais il n'a pu convaincre qui que ce soit de lui en révéler d'avantage. Passé l'amertume, il avait finalement cessé de s'intéresser à leurs projets. Un exemplaire de la Gazette du sorcier traînait à portée de vue, indiquant à la population les précautions à prendre face aux attaques de Mangemorts. Drago pensa que prier pour ces pauvres gens ne suffirait plus compte tenu des menaces actuelles. Severus Rogue, responsable de la maison Serpentard, avançait le long de la table pour distribuer aux élèves leurs emplois du temps respectifs. Son affectation au poste de DCFM réjouissait Drago au plus haut point. Parvenu à sa hauteur, il essaya de croiser le regard du professeur mais n'y déchiffra rien, si ce n'est le masque de glace qu'il portait en permanence. Rogue l'avait toujours intrigué dans son implication dans la guerre à venir et son camp restait indéterminé. Drago avait passé des années à l'étudier, à se laisser influencer par son comportement, et l'espoir qu'il soit un agent double trottait souvent dans son esprit. Avant que ses pensées ne l'emportent à nouveau, il se mit à étudier son emploi du temps : il avait botanique, un double cours de potions et un cours de DCFM prévu pour la journée. Le meilleur pour la fin, pensa-t-il avec satisfaction. Il leva les yeux vers Blaise en pleine conversation avec Goyle qui devait avaler de grandes bouchées de bacon avant de reprendre la parole. Le blond reporta alors son attention sur Pancy.

- Nous avons botanique Pansy. Essaie de faire en sorte que les plantes ne te bouffent pas les cheveux cette fois-ci. Fit Drago.

- Au moins, je prend la peine de faire les exercices. Déraciner la plante et la jeter par la fenêtre ce n'est pas la solution.

Drago pouffa, le coeur un peu plus léger, et jeta un œil à la table des Gryffondor en se levant. Ron et Harry commentaient leur emplois du temps mais Hermione n'était pas revenue parmi eux. Il secoua la tête, indifférent, et suivit Pansy vers la serre numéro trois.