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L'homme parfait n'existe pas. C'est ce que j'ai toujours pensé, comme un peu près tout le monde une fois adulte.
Il n'y a que les enfants, encore bercés par les contes de fées qui imaginent encore le prince charmant. Celui habillé de son collant rouge rubis, sa cape bleu lapis et ses bottes montant jusqu'à ses genoux, n'apparaissant qu'à la fin du film pour venir sauver la princesse et l'emmener sur son cheval blanc. Vu ainsi, il n'est même pas l'homme parfait, parlant à peine et décidant d'apparaître seulement à la fin de l'histoire, où le méchant est déjà mort et qui d'ailleurs est la plupart du temps pédophile. C'est sûr qu'une fois adulte, on se rend bien vite compte de la supercherie et on arrête de rêver sur les créations qui ne sont même pas elles-mêmes parfaites.
On se donne une claque mentale et on se réveille à coup de seau d'eau froide sur la tête pour prendre sa vie en main. À la poubelle l'idée du beau prince millionaire qui viendra d'on-ne-sait où pour te prendre avec lui alors qu'il ne te connaît même pas. Et bonjour l'indépendance, aussi difficile soit-elle, pour réussir à survivre dans la société humaine.
L'homme parfait n'existe pas, c'est ce que j'ai toujours pensé. Jusqu'à ce jour-là.
Un après-midi tout à fait idiot où je me retrouvais à courir comme une détraquée au milieu de la rue, un panier de carton portant des cafés dans une main et mon sac pesant des tonnes par les dossiers qu'il portait, priant sur mes jambes pour ne pas arriver en retard.
Mais à cause d'un faux mouvement, d'un talon instable, du vent dans la mauvaise direction, de la position de la Lune entre les astres, du nombre impaire d'arbres plantés autour de la balade. Patatra, j'allais m'écraser au sol dans une large marre de café. Sauf que, digne d'une scène de drama au ralenti, on m'avait rattrapé à la taille en même temps que mon sac et les cafés. Rien n'avait touché le sol, ni moi, ni mes bagages pour la joie de tous. J'avais alors relevé la tête, encore déboussolée, pour découvrir l'un des plus beaux sourires qu'il m'était permis de croiser. Plus beau que celui de mon petit ami imaginaire datant du collège. Et le reste de son visage, de son corps était au même niveau. C'était un magnifique homme, que dis-je, un dieu. Qui m'avait gentiment rattrapé avant que ma vie se finisse tristement sur ce trottoir où l'on m'aurait sûrement retrouvé morte de honte noyé dans du café de la grande marque verte.
Poliment, il m'a relevé puis m'a proposé de sa voix profonde, légèrement grave avec un soupçon d'amusement, de m'aider à porter tout ça jusqu'à mon lieu de travail pour éviter qu'un nouveau drame ait lieu. Dire que je n'étais pas rouge comme une pomme serait mentir. J'avais l'impression d'avoir rencontré ce fameux prince charmant. Même mieux qu'un prince charmant, car lui n'était pas pédophile. J'étais sous le charme, n'arrivant même pas à aligner trois mots sans bégayer, le faisant rire. Un rire de crystal qui devait être le chant des anges du paradis.
De fil en aiguille, nous nous sommes revu après avoir échangé nos numéros, nous nous sommes rapprochés pour finalement sortir ensemble et s'installer ensemble. La meilleure relation possible, c'était un ange, le meilleur petit-ami rêvé. Toujours aux petits soins, toujours là quand il le faut et sans aucun défaut. C'était l'homme parfait, celui que l'on ne pensait pas possible. J'étais tombée sur une pierre précieuse, un diamant au milieu du charbon.
Puis malencontreusement, après plusieurs semaines à vivre ensemble, j'ai découvert, tout à fait par hasard, en rentrant plus tôt que d'habitude son secret.
En ouvrant trop rapidement la porte de la salle de bain, alors qu'il y était sans que je l'ai remarqué. Je les vu de dos, sa chemise au sol et le haut dénudé. Dans son dos, j'ai vu d'étrange dessin que j'ai d'abord pris pour des tatouages. Sauf qu'en regardant de plus près ce n'était pas juste de l'encre. C'était des sortes de boulons, enfoncé dans une "peau" autour d'un forme carrée comme une plaque. Ce n'était pas des piercings (tout à fait étrange si ça l'était d'ailleurs).
C'est ainsi, à cause de ce petit accident que j'ai appris, par hasard, involontairement que Seonghwa. Mon copain, l'homme parfait, le prince charmant, était en fait un robot.
Ce qui expliquait pourquoi il était aussi 'parfait'.
L'homme parfait n'existe pas, c'est ce que j'ai toujours pensé. Et je le pense encore.
Mais bon, un robot ce n'est pas plus mal.
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