Chapitre 24

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UN TOMBEAU

Étendue de tout mon long sur mon lit, les cheveux étalés sur l'oreiller et la couverture rabattue sur la tête, je fixais des yeux la pierre posée près de moi sur le matelas

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Étendue de tout mon long sur mon lit, les cheveux étalés sur l'oreiller et la couverture rabattue sur la tête, je fixais des yeux la pierre posée près de moi sur le matelas. Le mouchoir qui l'enveloppait s'était légèrement déplié, dévoilant la surface polie et étincelante de ce petit joyau qui tenait dans le creux de ma main. Malgré la fatigue qui pesait sur mes paupières, je me trouvais dans l'incapacité de détacher mes yeux de lui, fascinée par la beauté surnaturelle qui s'en dégageait. C'était une sensation que je n'aurais su expliquer, mais je me sentais étrangement attirée par lui, je ressentais le besoin viscéral de le garder près de moi, et je n'avais pu me résoudre à m'en séparer en me glissant sous ma couverture. Captivée, je sentis à peine mon bras échapper à ma volonté et se détacher du matelas pour s'en approcher en frémissant, la main blanche et les doigts crispés. Je suspendis mon geste juste à temps et ramenai vivement mon bras à moi, quelque peu effrayée par cette inexplicable et irrésistible attraction.

À bout de nerfs, je soupirai et repliai soigneusement le mouchoir pour le soustraire à ma vue, avant de déposer le petit paquet sur ma table de chevet, tâchant d'ignorer l'étau qui me compressait la poitrine. Je m'empressai ensuite de souffler sur la bougie qui trônait à côté de moi. Mais même dans le noir de la nuit, la pierre emmitouflée dans le tissu émettait une vive lueur bleutée et orangée, qui aurait sans doute pu suffire à éclairer toute la pièce comme en plein jour, si elle n'avait pas été légèrement atténuée par l'épais mouchoir dans lequel elle était cachée. Je rabattis ma couverture sur mon visage et tournai le dos à la table de chevet, espérant parvenir à l'oublier. Finalement, à peine eus-je fermé les yeux que je ne tardai pas à sombrer dans les limbes du sommeil, épuisée par cette journée riche en émotions.

Cette nuit-là, mon lourd sommeil se trouva comme souvent envahi d'images troubles du passé, de visages souriants et torturés, et de questions inscrites à l'encre rouge dans les recoins de mon cerveau. Je ne sus à quel moment exactement le rêve se transforma en réalité, mais un irrépressible frisson me parcourut l'échine et me tira abruptement du sommeil, alors que je me pensais confortablement immergée dans les plis de ma couverture. Sentant mon corps se mettre en mouvement de lui-même, je me retrouvai soudain plongée dans une obscurité froide et humide, et mon corps fut de nouveau secoué de frissons. La chaleur de mon lit me manquait déjà. J'avais visiblement atterri dans une galerie sombre, mais j'aurais été incapable de déterminer si je me trouvais toujours à l'Académie, où bien si j'avais été transportée dans un tout autre endroit. Sous mes pieds nus, le sol semblait être fait de terre, de même que les parois. Dans l'obscurité, je ne pouvais pas voir à plus de quelques mètres autour de moi. Seul un mince rai de lumière filtrait sous une porte au fond du couloir. Je m'en approchai avec hésitation, jusqu'à entendre vaguement des voix étouffées de l'autre côté. 

— Tu as bien conscience que cette décision sera définitive ? retentit la voix grave et éraillée d'un vieil homme. Que tout retour en arrière sera impossible ?

LYCHÉRIA Tome 1 - L'Académie de MagieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant