LES SÉIDES DE SEFRAËL
Le matin suivant, nous étions tous assis en rond dans la cour, autour de Monsieur Parasteni. Notre professeur de Magie Blanche était accroupi sur le sol, sa longue robe grise froissée et délavée traînant dans l'herbe autour de lui. Devant lui était étendu un chien noir que je reconnus sans peine comme étant Fenrir. Il était étendu sur le flanc, les yeux clos, et il semblait respirer avec difficulté. Son pelage sombre luisant de sueur était parsemé de taches blanchâtres, et son corps entier était secoué de soubresauts fébriles et saccadés. Ma gorge se serra en le découvrant dans un état aussi misérable.
— Certains d'entre vous connaissent sans doute cet animal et savent à qui il appartient, lança notre professeur en se redressant légèrement pour promener son regard sur nous. Il semblerait qu'il ait contracté une forte fièvre au cours de la nuit. À en juger par la brutalité de l'apparition de ses symptômes et la dépigmentation généralisée dont il est atteint, je puis affirmer sans peine qu'il s'est trouvé infecté par quelque parasite évoluant dans l'environnement qui nous entoure. Nous avons déjà évoqué ensemble que la diversité de la flore qui évolue en ces lieux, ainsi que l'humidité qui y règne particulièrement en cette saison, sont propices au développement de tels germes, dont je vous épargnerais cependant la description pour le moment. Ce matin, notre directeur est donc venu me trouver pour confier son compagnon à mes soins, et j'ai pensé qu'il serait intéressant pour vous d'assister à une véritable démonstration de Magie Blanche. Ainsi, c'est sous vos yeux que je vais libérer cette brave bête du mal qui la ronge.
Suite à cette introduction déclamée d'un ton théâtral, Monsieur Parasteni était certain d'avoir toute notre attention. Après avoir préparé l'animal, qui respirait à peine, il plaça sa main gauche sur sa nuque, tandis que son autre main tenait fermement sa baguette. Notre professeur ferma alors les yeux et se mit à murmurer des mots incompréhensibles à mi-voix. De minuscules étincelles jaillirent de sa baguette et se déposèrent délicatement sur les poils bruns du chien. Au fur et à mesure que sa fourrure s'en imprégnait, sa respiration se régularisa et ses yeux retrouvèrent de leur éclat. Soudain, Fenrir fut secoué d'un puissant hoquet et sa mâchoire se disloqua brusquement, laissant s'échapper une étrange masse sombre et mouvante de forme semblable à un long ver, qui se tortilla un instant dans l'air pour finalement exploser en une multitude de particules noires qui se désintégrèrent avant même d'atteindre le sol.
Autour de moi, une salve d'applaudissements retentit. Satisfait, Monsieur Parasteni esquissa un sourire affectueux en voyant le chien se remettre sur ses pattes et gambader gaiement en direction du bâtiment. J'étais moi-même complètement subjuguée. La magie de notre professeur n'était pas seulement d'une efficacité redoutable, elle était également d'une beauté et d'une délicatesse à couper le souffle.
Soudain, Fenrir se braqua et laissa échapper un grognement sourd et menaçant. Au même instant, des bruits de pas retentirent en provenance du bâtiment, et une silhouette sombre se détacha progressivement de l'obscurité du préau. Monsieur Parasteni se retourna, et un homme de grande taille, vêtu d'un long manteau brun qui touchait presque le sol, fit alors son apparition dans la cour avant de s'avancer vers nous. Ses cheveux noirs de jais retombaient en longues mèches indisciplinées sur son front, encadrant un visage aux traits durs, figés, comme sculptés dans le marbre. Sa silhouette élancée dégageait force et vitalité, et le claquement de ses bottes sur les dalles ocres de la cour résonnait contre les murs de pierre, emplissant tout l'espace alors qu'il s'avançait vers nous d'une démarche assurée.
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LYCHÉRIA Tome 1 - L'Académie de Magie
FantasyLorsque Kaelyra arrive à l'Académie de Magie d'Aladris, elle est persuadée qu'elle va enfin trouver de l'aide, comprendre tout ce qui lui arrive, et que tous ses problèmes prendront fin. Mais très vite, elle réalise que toute cette fumée dissimule e...