Lorsque Kaelyra arrive à l'Académie de Magie d'Aladris, elle est persuadée qu'elle va enfin trouver de l'aide, comprendre tout ce qui lui arrive, et que tous ses problèmes prendront fin. Mais très vite, elle réalise que toute cette fumée dissimule e...
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Dès mon réveil, le lendemain matin, je sentis que quelque chose n'allait pas. J'avais à peine pu m'accorder quelques heures de sommeil après ma nuit mouvementée, et la fatigue martelait avec force contre mon crâne, mais je savais que ce n'était pas tout. Une aura étrange flottait dans l'air, pesante et menaçante, comme si une grande puissance magique avait soudainement envahi mon espace vital. Je pouvais sentir cette énergie à chacune de mes inspirations, s'immisçant en moi et envahissant mes voies respiratoires, à tel point que l'air en devenait à certains moments irrespirable. Pourtant, en arrivant au réfectoire, je me rendis vite compte que j'étais visiblement la seule à sembler incommodée par ce soudain changement d'atmosphère. Les rares étudiantes qui avaient décidé de rester malgré le danger évoluaient dans la pièce le plus naturellement du monde, profitant de leur petit-déjeuner et discutant avec légèreté, comme si rien n'avait changé dans leur existence ces derniers jours.
Quelque peu déboussolée et écrasée par le poids de ce malaise qui s'était à peine allégé, je rejoignis rapidement Elina, qui m'accueillit avec un sourire moins éclatant que d'habitude. La première chose que je remarquai fut les immenses cernes noirs qui soulignaient ses yeux d'or, ordinairement vifs et pétillants d'intelligence. Son visage était terne et exprimait un profond abattement.
— Quelque chose ne va pas ? m'enquis-je avec inquiétude en m'asseyant face à elle.
— Tu n'as pas entendu ? s'étonna-t-elle en levant les yeux pour me dévisager.
— Entendu quoi ?
— Ce vacarme infernal dehors, ça a duré toute la nuit ! Je n'ai pas réussi à fermer l'œil...
— Non, je n'ai rien entendu...
En vérité, j'aurais sans doute entendu quelque chose si je m'étais bien trouvée dans ma chambre durant la nuit. Après ma petite excursion dans le sous-sol et les bouleversements qui s'en étaient suivis, le temps de retrouver mon chemin jusqu'au dortoir, les premières lueurs rosées de l'aube teintaient déjà les murs de ma chambre lorsque j'avais enfin retrouvé le confort de mon lit. Mais cela, je préférais ne pas le lui avouer pour le moment.
— On aurait dit une sorte de vrombissement... m'expliqua-t-elle. Un bruit sourd, comme un bourdonnement, à en donner mal au crâne. À certains moments ça en devenait assourdissant, puis ça retombait. Impossible de dormir avec ça !
— Tu as une idée de ce que ça pouvait être ?
— Non, aucune. Mais le nouveau directeur a demandé à ce qu'on se réunissent tous dans l'auditorium ce matin, peut-être qu'il va nous expliquer ? Ce n'était sûrement rien de grave...
Je me raidis à cette annonce. Ian Helcrow n'était à la tête de l'Académie que depuis une journée, que pouvait-il avoir à nous dire de si important pour tous nous réunir de nouveau ce matin ? Ne voulant pas alarmer mon amie inutilement, je gardai le silence et plongeai le nez dans mon assiette, malgré le nœud qui me tordait l'estomac. J'avais un très mauvais pressentiment.
