Chapitre 23

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UN NOUVEAU DIRECTEUR

Trois jours plus tard, et alors que je n'avais toujours pas la moindre idée de la façon dont j'allais m'y prendre pour faire face au fléau qui allait inévitablement s'abattre sur l'Académie, l'ensemble des étudiants, ou du moins ce qu'il en restai...

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Trois jours plus tard, et alors que je n'avais toujours pas la moindre idée de la façon dont j'allais m'y prendre pour faire face au fléau qui allait inévitablement s'abattre sur l'Académie, l'ensemble des étudiants, ou du moins ce qu'il en restait, fut appelé à se rassembler dans l'auditorium. En sa qualité nouvellement acquise de directeur, le professeur Wald s'était contenté de nous convier ici sans même daigner nous en expliquer la raison, et j'avais comme un mauvais pressentiment.

L'auditorium était une salle immense, surplombée d'un très haut plafond en voûte, pratiquement vide de tout meuble, si bien que les murmures des discussions et les bruits de pas claquant sur le sol nu se répercutaient en écho contre les murs de pierre. À peine arrivée, je n'eus aucun mal à repérer Elios et Elina au milieu de la foule clairsemée qui s'était regroupée au pied de l'estrade. Malgré l'exode massif qu'avait subi l'Académie ces derniers jours face au danger qui se faisait toujours plus pressant, il restait encore une bonne centaine d'étudiants qui n'étaient pas retournés chez eux, par choix ou par obligation. Les cours n'ayant toujours pas repris, mes amis et moi avions passé les derniers jours entre le jardin botanique et le dortoir, à flâner et nous reposer, profitant des quelques instants d'accalmie dont nous disposions avant que la situation n'empirât de nouveau. Je ne leur avais pas encore fait part de mes inquiétudes et de mes doutes, jugeant inutile de les effrayer avec de simples suppositions. Ils m'accueillirent avec de grands sourires, mais je sentais bien qu'ils étaient nerveux. Comment ne pas l'être ? 

Après quelques secondes d'attente, Wald apparut alors sur l'estrade, et les murmures se turent pour laisser place à un silence angoissant.

— Bien. Si je vous ai tous réunis ici, c'est pour vous communiquer une information importante concernant le corps enseignant, et plus particulièrement le poste de directeur de cette Académie. Comme vous le savez certainement, Monsieur Aranyos, votre directeur, a été appelé il y a de cela trois jours au Ministère, pour régler là-bas un certain nombre de questions à propos des récents événements qui se sont produits en ces lieux. Inutile de vous rappeler que nous vivons actuellement une période de crise, et que l'absence de notre directeur pendant une durée indéterminée était un problème auquel il fallait rapidement remédier. À sa demande, j'ai accepté de le remplacer durant ces trois jours. Mais il s'avère à présent que son absence risque de s'éterniser. Aussi, ne pouvant assurer sur le long terme mon rôle de professeur tout en assumant les responsabilités qui incombent au directeur, j'ai décidé, avec l'aval de Monsieur Aranyos, de désigner une personne extérieure à l'Académie pour remplir ce rôle. Nous avons pour cela fait appel à un homme dont les qualités pédagogiques et morales ne sont pour nous plus à prouver, en qui nous plaçons notre entière confiance, et à qui je vais demander de bien vouloir me rejoindre sur l'estrade afin de se présenter à vous.

À ces mots, un homme dont le visage m'était inconnu surgit de l'ombre derrière lui. Vêtu d'un long manteau brun dont les pans touchaient presque le sol, semblant dissimuler une silhouette grande et filiforme, il s'avança d'un pas digne et assuré, déployant gracieusement ses longues jambes pour gravir les marches et venir se poster aux côtés de Wald. Ce dernier lui laissa sa place en lui adressant un sourire de connivence, avant de reculer de quelques pas, sans pour autant détacher ses yeux perçants de l'inconnu qui nous faisait à présent face. Tandis qu'un inconfortable silence venait alourdir l'atmosphère de la salle, il contourna lentement le pupitre et se dirigea vers l'avant de l'estrade, nous surplombant de toute sa hauteur. Son visage aux traits fins et harmonieux semblait avoir été dessiné dans de la soie, suscitant au premier abord une grande fascination et une certaine confiance, mais le sombre regard qui réhaussait son teint pâle s'insinua jusqu'au plus profond de mes entrailles pour y instaurer un glaçant malaise.

LYCHÉRIA Tome 1 - L'Académie de MagieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant