Chapitre 26

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LE MASQUE TOMBE

En entrant dans le bureau du directeur, je fus frappée de voir à quel point cette pièce avait changé depuis la dernière fois que j'y avais mis les pieds, quelques jours auparavant

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En entrant dans le bureau du directeur, je fus frappée de voir à quel point cette pièce avait changé depuis la dernière fois que j'y avais mis les pieds, quelques jours auparavant. Helcrow s'était totalement approprié l'endroit, et en avait refait la décoration à sa manière. L'épais tapis vert qui recouvrait autrefois le sol avait été enlevé, dévoilant un magnifique carrelage constitué d'un assemblage de dalles rondes, tantôt d'un bleu marine profond, tantôt d'un blanc nacré semblant refléter toutes les couleurs du spectre. De part et d'autre de la pièce, sur les étagères de la bibliothèque, les livres avaient cédé leur place à des babioles diverses et variées, et les plantes disposées entre elles avaient fané, souffrant d'avoir été privées d'eau trop longtemps, tant l'esprit de Monsieur Aranyos avait été accaparé par autre chose ces dernières semaines. Elles laissaient ainsi apercevoir dans les espaces vides le mur de pierre clair recouvert d'un papier peint décrépi, dont les motifs floraux altérés par le temps étaient désormais à peine visible. Par ailleurs, une impressionnante fissure le traversait du plafond jusqu'au coin inférieur de la fenêtre, désastreux héritage de la nuit sombre et flamboyante qui avait bien failli voir sombrer toute l'Académie dans le chaos et la destruction.

En me retournant, j'eus la surprise de tomber nez-à-nez avec mon propre reflet, me renvoyant en pleine figure toute l'angoisse que je m'efforçais pourtant de maintenir tapie à l'intérieur de moi, espérant ainsi parvenir à passer au travers. Un impressionnant miroir couronnait royalement la cheminée, étincelant de beauté et agrandissant considérablement l'espace. Nul feu ne crépitait dans l'âtre, ce qui n'était guère étonnant étant donné la chaleur qui régnait au-dehors. Pourtant, la seule présence d'Helcrow suffisait à refroidir grandement l'atmosphère. Ce dernier referma la porte derrière moi, avant de se diriger à grands pas vers le bureau massif qui trônait toujours majestueusement au centre de la pièce.

— Nous y voici donc, commença-t-il avant de prendre place dans son siège, m'invitant à faire de même. J'imagine que ce cher Aranyos vous a parlé de moi.

— Monsieur Aranyos ? Heu... Non, pas vraiment... bredouillai-je en m'installant à mon tour, à bonne distance du bureau, les sens en alerte.

— Seigneur, comme c'est vexant, marmonna-t-il d'un ton parfaitement neutre.

— Qu'aurait-il dû me dire ? hasardai-je, surprise.

— S'il a jugé bon de ne rien vous dire à mon sujet, alors je m'épargnerai également cette peine. Cela n'a pas la moindre importance, à mes yeux. Entrons directement au cœur du sujet, voulez-vous ? Le professeur Wald m'a énormément parlé de vous.

Je me crispai un peu plus sur ma chaise, si tant est que cela fût possible étant donné que tous mes muscles étaient noués. J'étais partagée entre la curiosité et l'appréhension quant à savoir ce que Wald avait bien pu lui dire à mon sujet, lui qui ne semblait pas avoir une très haute opinion de moi. Me voyait-il également comme une menace ? Jusqu'à présent, il n'avait démontré rien d'autre que du mépris et de l'agressivité à mon encontre, mais il était très difficile de savoir ce qu'il pensait réellement.

LYCHÉRIA Tome 1 - L'Académie de MagieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant