Lorsque Kaelyra arrive à l'Académie de Magie d'Aladris, elle est persuadée qu'elle va enfin trouver de l'aide, comprendre tout ce qui lui arrive, et que tous ses problèmes prendront fin. Mais très vite, elle réalise que toute cette fumée dissimule e...
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Malgré l'urgence absolue de la situation, je me trouvais momentanément dans l'incapacité d'esquisser le moindre geste. Mon regard se perdit dans la contemplation de l'Académie qui se dressait au loin. Un nuage de fumée opaque s'élevait au-dessus du bâtiment principal, enveloppé d'une lueur flamboyante qui projetait d'immenses ombres sur le terrain alentours. La grande tour centrale, qui se détachait du ciel assombri, apparaissait incandescente. D'immenses flammes s'en échappaient par les fenêtres, dont les vitres avaient volé en éclats sous l'effet de la chaleur. Une nouvelle pluie de flèches s'abattit sur les bâtiments. Un frisson me parcourut l'échine en entendant s'élever de ce décor apocalyptique les cris glaçants des professeurs et des étudiants, qui se trouvaient en danger par ma faute.
Alors que je m'apprêtais à retourner à toutes jambes vers la source du chaos, dans le fol espoir de mettre fin à ce carnage, un bruit assourdissant retentit en provenance de la serre. Je m'arrêtai net dans ma course, et il me fallut à peine une seconde d'hésitation avant de dévier ma trajectoire. Il était hors de question de laisser Gaël seul là-bas, sans savoir à quoi il s'y trouvait confronté.
J'arrivai à bout de souffle près du dôme de verre pour trouver le brun en pleine confrontation avec une silhouette encapuchonnée qui ne tarda pas à prendre la fuite, s'évanouissant dans la nuit. Je rejoignis rapidement Gaël, promenant mon regard tout autour de nous. L'effroyable incendie qui ravageait la végétation avait également envahi l'intérieur de la serre. La plupart des plantes étaient en proie à des flammes d'une incroyable ampleur. À travers le verre, je pouvais voir se dresser, au beau milieu de la végétation dense, le grand arbre lumineux qui avait captivé mon attention la première fois que je m'étais retrouvée en ces lieux. Son écorce flamboyait à la lueur des flammes, parcourue des racines aux branches de multiples stries incandescentes, et l'ensemble de son feuillage avait revêtu une teinte orangée le faisant terriblement ressembler à un immense brasier, illuminant tout autour de lui.
Alors que j'observais le paysage désolé qui s'offrait à nous, une chevelure blanche comme neige, aux mèches encrassées par la poussière, apparut de derrière une haie. Baguette en main et lunettes en équilibre sur le bout du nez, dressée au-dessus du corps inanimé d'un Séide de Sefraël, Madame Alba affichait un air féroce. Nos regards se croisèrent, et je pus lire dans le sien toute la haine qu'elle ressentait à l'égard du scélérat qui avait osé réduire sa précieuse serre en un vulgaire terrain d'herbe roussie. Soudain, elle leva son bras vers nous, et les branches de l'arbre calciné sous lequel je me trouvais s'animèrent, emprisonnant fermement l'homme qui s'apprêtait à m'attaquer dans le dos.
— Ne vous mêlez pas de cela, allez vous réfugier dans les bâtiments, dépêchez-vous ! nous hurla-t-elle d'un ton sec avant de retourner auprès de ses plantes, probablement dans l'espoir de sauver ce qui pouvait encore l'être.
Malgré ma réticence à laisser notre professeure gérer seule la situation, Gaël m'attrapa le bras pour m'entraîner à sa suite hors de la serre. Alors que nous nous éloignions, un vacarme assourdissant retentit et un puissant souffle nous propulsa au sol. En me redressant, je ne pus que constater les dégâts : le toit et les parois de verre avaient explosé sous l'effet de la chaleur. Au loin, j'aperçus la chevelure immaculée de Madame Alba se mouvoir entre la végétation. Je ne pouvais qu'imaginer sa peine à l'idée que tout ce qu'elle avait bâti durant des années venait d'être réduit à néant en l'espace de quelques secondes.
