Lorsque Kaelyra arrive à l'Académie de Magie d'Aladris, elle est persuadée qu'elle va enfin trouver de l'aide, comprendre tout ce qui lui arrive, et que tous ses problèmes prendront fin. Mais très vite, elle réalise que toute cette fumée dissimule e...
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Le soleil était déjà haut dans le ciel sans nuages, inondant de lumière l'intérieur des bâtiments. Après m'être accordé une longue nuit de sommeil pour me remettre de mes péripéties nocturnes, j'errais à présent dans les couloirs telle une âme en perdition, mon esprit nébuleux vagabondant allègrement çà et là pour m'étourdir encore plus que je ne l'étais déjà. Les événements de la nuit contribuaient grandement à mon abattement. Plus j'y songeais, et moins j'étais certaine de ce que j'avais vu, à tel point que je m'étais un temps demandé si tout ceci n'avait pas été un simple rêve. Mais les cernes violacés qui auréolaient mes yeux étaient là pour me conforter dans l'idée que ma nuit avait bel et bien été mouvementée. Et je me trouvais actuellement plongée dans le doute. Si cette menace qui pesait sur nos têtes était bien réelle, peut-être fallait-il que j'en parle au moins à notre directeur... Lui seul saurait mettre en place les mesures de prévention nécessaires pour protéger l'Académie et ses étudiants. Seulement, je n'avais pas la moindre idée de ce que j'avançais, ni la moindre preuve. Peut-être avais-je simplement imaginé des choses, peut-être les deux hommes que j'avais vus n'étaient-ils que deux professeurs sortis quelques instants pour prendre l'air ? Après tout, je me trouvais alors moi-même dehors à une heure indécente. Et, égoïstement, je n'étais pas pressée de devoir avouer à Monsieur Aranyos que j'étais sortie seule au beau milieu de la nuit, alors qu'il m'avait bien fait promettre le matin-même de redoubler de prudence.
Tous les autres étudiants étaient en cours, et l'Académie était déserte. Le claquement de mes talons sur les dalles se répercutant contre les murs de pierre suffisait à peine à briser le silence. Finalement, mes pas me guidèrent d'eux-mêmes jusqu'à la bibliothèque. Je poussai un soupir résigné avant de m'aventurer entre les rayons, parcourant distraitement des yeux les titres des ouvrages, à la recherche d'un mot qui attirerait éventuellement mon attention. Je ne savais même pas ce que je cherchais, exactement. Un livre qui pourrait répondre à toutes mes questions, même à celles que je ne me posais pas encore. Un livre qui me dévoilerait quelle était cette étrange pierre à la source de tous mes problèmes, qui m'expliquerait comment ma mère l'avait eue en sa possession, et qui me dirait éventuellement quel rôle j'avais à jouer dans tout cela... Ce livre n'existait probablement même pas.
Contrairement à ce que j'imaginais, je n'étais pas tout à fait seule dans la bibliothèque. Une petite dizaine d'étudiants étaient assis aux tables ou dans les fauteuils, le nez plongé dans des montagnes de livres. Absorbés dans un calme studieux, ils ne faisaient nullement attention à moi, ce dont je ne pouvais que me réjouir.
— Tu cherches quelque chose ?
Je me retournai dans un sursaut pour me retrouver face à deux yeux noisette pétillants de malice. Prise de court, j'ouvris la bouche, mais aucun son n'en sortit. Je le dévisageai longuement, décontenancée. Son expression dégageait une sympathie pure et sincère, mais son sourire rayonnant était presque trop franc pour être honnête. Je ne m'étais pas attendue à le revoir aussi rapidement après ce qu'il s'était passé cette nuit, et je ne savais pas si c'était pour moi une bonne chose de recroiser sa route ainsi. Je m'étais montrée suffisamment inconséquente comme cela, il me fallait rester sur mes gardes. Après tout, qui pouvait bien être cet étudiant si exagérément mystérieux, et qui semblait en savoir bien plus qu'il ne l'aurait dû ? Était-il vraiment digne de confiance, alors que je ne l'avais côtoyé que quelques minutes, au beau milieu de la nuit, et que je ne savais strictement rien de lui, pas même son prénom ? J'avais de sérieux doutes.
