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Bonne lecture
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Point de vue de Liam.
Mathieu me jette une boulette de papier sur la tête mais je réagis à peine à sa confrontation. Mes pensées sont trop occupées à dériver vers cette silhouette penchée sur son bureau. Elle est belle, elle a un charme enivrant. Toute mon attention est captivée par le moindre de ses mouvements.
En face d'elle se trouve le professeur qui débite ses discours inlassables sur l'économie de notre pays, exprimant son mécontentement et affirmant qu'il gérerait tout mieux que l'État. Mais moi, je n'en ai rien à faire. L'économie, la politique et toutes ces choses un peu trop compliquées à mon goût ne m'intéressent pas vraiment. Je ne suis pas pressé de grandir et de gérer toutes ces choses d'adulte.
Dès qu'elle était entrée dans la classe il y a deux semaines, elle avait attiré mon attention. Elle était comme une brise de vent caressant mon visage J'avais un peu mis de côté les bavardages incessants avec mes potes pour me concentrer sur elle. Ils n'appréciaient pas particulièrement mon absence subite dans nos conversations habituelles mais je ne pouvais pas faire autrement.
Son sourire en coin et son regard pétillant me donnent envie d'en savoir plus, mais je ne sais même pas comment elle s'appelle. Il faut dire que je ne suis pas souvent attentif en cours. Avec mes potes, on préfère s'amuser et taquiner le prof, au détriment de son autorité. Son visage crispé quand on l'interrompt pendant tout le cours est à mourir de rire. Il tente à tout prix de retenir sa colère mais nous pouvons voir son visage virer au rouge et brûler telle une cocotte minute. Un vrai spectacle que j'adore partager avec mes potes.
Nous sommes toujours logé au fond de la classe, comme toujours. Les bancs de devant se trouvent bien trop près du professeur. Ils sont plutôt réservés aux élèves qui boivent ses paroles comme du petit lait. Moi je n'aime pas le lait. C'est peut-être pour ça que je ne l'écoute pas. Le prof, lui, fait au mieux pour ne pas prêter attention à nous. Même s'il faut bien l'avouer, ce n'est pas toujours facile de nous ignorer. En principe, nous pouvons parler autant que nous le souhaitons, tant que nous ne le dérangeons pas, il nous laisse faire. Il ne veut surtout pas couper ses explications pour si peu. Il préfère avancer dans le cours avec ceux qui suivent. Même s'ils sont deux et que le reste de la classe ronfle sur leur banc. Ca lui suffit.
Revenons-en-elle. Recroquevillée sur son bureau, d'une oreille distraite et d'un air rêveur, elle semble complètement perdue. Trop occupé par ses pensées pour suivre le cours. Ses longs cheveux foncés viennent encadrer son visage. Ce contraste fait d'autant plus ressortir ses yeux qui, à vue d'oeil (sans mauvais jeu de mots), m'ont l'air d'un vert éclatant. Des taches de rousseur parsèment son visage comme une constellation dans la nuit noire.
Elle ne porte que des vêtements amples. Pas une fois, je ne l'ai vue avec un T-shirt ou la moindre chose courte. Comme si elle ne voulait pas qu'on la voit. Ce qui est peut-être vrai après tout, elle ne parle presque pas. Seulement quand un professeur l'interroge et encore, elle ne dit que le strict minimum. Elle lui atteste les réponses d'une voix si faible que du fond de la classe, il m'aurait fallu un appareil auditif pour percevoir un mot clairement.
En dehors de ça, pas une fois je ne l'ai vu ou entendu. Même en dehors de la classe, je ne la vois jamais, et pourtant, je la cherche souvent du regard. Elle est aussi discrète qu'une petite souris à la recherche de son casse-croute. C'est assez perturbant. Elle apparait et disparait à longueur de temps.
Oh ! Mais qu'est-ce que je peux être gnangnan. Je ne la connais même pas et pourtant je suis obnubilé par elle. Mes yeux sont toujours rivés sur elle comme si des aimants m'empêchaient de détourner le regard.
Elle se penche pour ramasser un stylo qui venait de rouler jusqu'au sol. Elle a des doigts fins, une main si délicate qu'on rêve de la tenir entre les nôtres. Malgré ses vêtements amples, on peut voir qu'elle est assez maigre. Même très maigre. Elle n'est pas très grande non plus, je dirais 1m65 tout au plus.
Elle m'intrigue et j'ignore pourquoi. Elle n'a rien de particulier pourtant. Elle est tout ce qu'il y a de plus simple. Normale. Banale. Mais après tout c'est peut-être cette simplicité qui m'attire. Quand on voit toutes ces filles autour de nous qui passent leur temps à cambrer pour qu'on les remarque. Qui se recoiffent et se douche de parfum entre chaque cours.
Elles sont belles c'est sûr et elles utilisent leur charme. C'est justement le fait qu'elles le sachent qui les rendent moins spéciales. Ce ne sont que des filles sans intérêt. Elles n'ont aucune discussion, aucune culture et sont dignes de la télé-réalité. Elle tourne soudainement la tête dans ma direction, je détourne les yeux tout aussi vite, priant pour qu'elle ne m'ait pas vu.
Mon bureau me paraît subitement très intéressant et je m'empêche de la fixer une énième fois. Si bien que je me perds à nouveau dans mes pensées.
— Eh oh tu m'écoutes oui ou non ?
Je secoue la tête et regarde Mike. Mes sourcils s'arquent, lui posant eux-mêmes la question pour savoir ce qu'il se passe.
— Les cours sont finis, faut se réveiller hein. Depuis la moitié du cours tu fixe le vide qu'est-ce que tu fous ?
— Il est chelou je l'ai toujours dit, reprit Ash. Bon, moi je crève de faim, on va manger ?
*
Après les cours nous allons chez Mike avec Ash et John. Nous descendons dans son sous-sol comme à notre habitude. Une sorte de salle de jeux fait office de repère entre mecs. Au centre de la pièce trône une sorte de lit rond gigantesque. Plutôt pratique pour les soirées, on peut facilement y dormir à trois. Sur le mur du fond sont placés des étagères avec tous les trophées que Mike a gagné grâce au basket, il est vraiment doué je ne peux pas rivaliser face à lui. Et Dieu sait que je déteste ne pas être premier dans un sport.
En face du lit se présente une télé énorme avec une multitude de jeux vidéo exposés dans des étagères vitrées. Nous allons toujours chez lui, c'est le seul endroit où l'on peut être tranquille. Sans parent pour nous déranger, sans petits frères pour vouloir jouer avec nous et sans pression. Sans rire ça ne vous fait pas rêver ?
Nous nous installons dans le canapé avant de démarrer une partie de Warzone. Ash nous propose de commander des pizzas. Puisque nous sommes déjà le neuf octobre et que c'est mon anniversaire, je ne refuse pas et leur propose même de payer pour tous. C'est à leur tour d'accepter cette proposition alléchante. Quand nos pizzas sont arrivées, nous étions en pleine partie. Impossible d'abandonner en cours de route alors nous avons continuer. Puis oublié. Puis rejoué. Le tonnerre dans nos estomacs nous rappelas vite ce qui nous attendait. Une seule bouchée m'a suffit à savoir que nous avions attendu trop longtemps.
La soirée poursuit avec quelques bières, de la musique en fond pour mettre l'ambiance mais surtout nos râles qui se font entendre après chaque défaite suivie d'un : « T'es à chier », de la part des autres. Je déteste ces remarques quand c'est contre moi mais qu'est-ce que j'aime les faire si c'est pour emmerder les autres. Ma vengeance personnelle contre mon égo qui parfois, est touché par un brin de talent venant de mes adversaires.
C'est un petit rituel que l'on se réserve chaque vendredi. Et ce jour-là, ça me tient encore plus à coeur d'être entouré par mes potes. Je déteste être seul et ils le savent, alors nous passeront le week-end ensemble.
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L'emprise du silence
RomanceJe reste là, à subir allongée à terre, attendant la fin de cette énième crise de nerfs. Arrêter de résister était la meilleure solution. Je l'ai compris avec le temps. "Tu parles, tu meurs", c'est ce qu'il ne cesse de me répéter. Alors je ne dis ri...