.Verre cassé.

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La honte n'est pas d'être inférieur à l'adversaire , c'est d'être inférieur à soi même

Une chaude journée d'été, comment ne pas s'en rappeler. Ce jour-là, le verre fut brisé. Je me promenais à la recherche de quoi manger, affamée et vidée de toutes forces, je déambulais. Je m'engageai doucement derrière la grange et commença à manger une tomate que j'avais volé dans le jardin. Cela faisait deux jours que je n'avais rien avalé et pourtant je trouvais encore la force de chaparder ce qui m'était interdit. J'engloutis la tomate et me sécha les mains sur mon pantalon mais à ce moment-là mon bras heurta une jambe et la funeste horreur commença.
Tous deux, nous étions dans la grange, moi sur ma botte de foin et toi en face de moi, je savais ce qui se tramé. Tu m'avais tout pris depuis le début, ma liberté, mon statut passant de petit fille à esclave. Mais une chose m'appartenait encore, mon innocence. Ce si petit bout de verre à travers duquel on pouvait voir une petit fille rigoler, jouer aux poupées.
Ce jour-là, tu étais décidé à tout me prendre, même ce ridicule petit bout de verre. Tout bouquet de fleurs à besoin d'un vase pour s'épanouir et se mettre en valeur. Mon vase à moi à eu de nombreux accidents, la première gifle a brisé le haut du vase, me rendant tranchante et méfiante ainsi personne ne voulait plus s'approcher de moi. La première punition enleva un énorme morceau de verre, ce qui rendit le vase inutile, je passai d'un objet beau et utile à un vulgaire bibelots attrape poussière me rendant inintéressante aux yeux de tous. Il me restait que le fond du vase, comme une opercule, qui séparait l'innocence de la souillure extérieur. Ta souillure à toi.
Ce soir-là, tu t'es approché de moi, tu m'as giflée, m'a bâillonnée car tout le monde sait que le bruit du verre qui casse est strident, désespéré. Tu t'es approché de moi et là ton instinct animal a pris le dessus, tu te fichais bien de ce que je pouvais ressentir au vu de ce verre brisé, de la douleur, du toucher que tu m'infligeais. Pour toi tu prenais juste ton pied.
Ce soir-là le vase entier était brisé, il n'y avait plus de haut, de milieu ou d'opercule, il n'y avait plus rien. J'avais mal, le verre coupe, tranche mais la douleur physique n'était pas la plus important, au fond de moi je savais que malgré ces dix années de combats acharnées pour garder ce vase en état avaient été balayés d'un coup de main et de souffles saccadés.

Je ne pouvais pas imaginer que quelques gestes et quelques mots pouvait détruire quelqu'un autant que tu l'as fait. Jamais je n'oublierais tous ces moments. Jamais je n'oublierais tes souffles contre mon oreille. Jamais ces respirations haletantes disparaitront de mon esprit.

Au fond je pense qu'un jour j'oublierais ton visage. J'oublierais jusqu'à ton nom. Mais il est certain que jamais je n'oublierais ce sentiment d'impuissance, ce sentiment de faiblesse.

Louve à tout jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant