.Trompeuses apparences.

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L'on se méprend souvent concernant la fin d'une chose, l'on y voit quelque chose de triste, de négatif mais, regardons de plus près une chenille, lorsque sa vie finit une autre commence, celle d'un papillon.

Je regarde l'horizon, le bruit des vagues me berce lentement. Le ciel quant à lui est peint de nuances rosées, pourpres et oranges. Les nuages forment des animaux, des objets ou encore des personnes, laissant créativité à l'imagination. L'air marin est si bon, il me taquine les narines, je sens les quelques grains de sable rouler sous la pulpe de mes doigts agités. Cela fait trois mois que je suis partie. Je déambule de ville en ville, je trouverai un jour un endroit assez stable pour y rester.
Je m'arrache à ce magnifique paysage, en quête de nourriture. D'habitude, je me serais transformée en louve mais depuis trois mois aucun de mes coussinets n'a frôlé le sol. Par moment, l'envie me submerge et je sens la force en moi se décupler mais je ne peux pas, je ne veux plus être celle que j'étais. J'ai bien trop peur de devenir cette louve sanguinaire.
Alors que je converge vers le centre, un passant m'arrête pour me demander son chemin. Ne connaissant pas la ville plus que cela, je lui réponds négativement ce qui ne lui plaît pas vraiment. Il passe son chemin et je continue le mien. Plusieurs passants me regardent lourdement, il faut dire qu'entre mes vêtements déchirés et mes cheveux crasseux, je n'ai pas vraiment fière allure. Certains passants me jettent une pièce lorsque je m'assieds sur un banc. Je fais donc autant pitié que cela ?
Je réfléchis à ma vie, à mon existence. Quand je regarde les passants, j'y vois des familles, des parents aimants, des couples amoureux. Moi, quand je me regarde, je ne vois qu'une pauvre fille perdue dans un monde bien trop vaste pour elle, un monde qu'elle ne comprend pas. A plusieurs reprises, je me suis mise au bord d'un pont et j'ai regardé le sol avec passion, j'y voyais la fin d'une souffrance, d'un mal être profond. Tout ce que j'ai pu croire n'est que mensonge. Toute ma vie, je me suis demandé l'importance de la famille mais aujourd'hui alors que je suis plus seule que jamais, je n'ai toujours pas trouvé de réponse à cette question.
Un jour, alors que j'étais sur le port à admirer les bateaux rentrant de la pêche, j'aperçus un couple et leurs deux fils. Ils étaient heureux comme tout, les petits riant aux éclats devant les pitreries de leur père et leur mère, un sourire bienveillant en coin venait parfaire ce tableau de la famille parfaite.

J'aimerais avoir la même chose seulement pour cela, je dois prendre mes responsabilités de princesse, mais comment guider une meute alors que moi-même je suis perdue. Ils placent leurs espoirs en moi mais s'ils savaient ce que je suis réellement, jamais ils n'oseraient.
Je m'apprête à me lever quand un homme s'assied à côté de moi, brun, de grande taille, il me surplombe largement. Je le dévisage du regard lorsqu'il brise le silence :

- Angelle, cela fait tant de temps, que je te cherche !

- Vous connaissez mon nom, que me voulez-vous ?

- Rien ne t'inquiète pas, je suis ici pour t'aider ? Me rassure-t-il paisiblement.

- Je n'ai besoin de personne, je me débrouille très bien toute seule ! Le coupais-je.

- Je le sais, ta mère aurait répondu la même chose ! Tu as l'air d'avoir faim, que dis-tu de partager un repas ? Je pourrais tout t'expliquer.

- Non, je n'ai pas d'argent désolée. Ravie d'avoir fait votre connaissance. Concluais-je.

- Je ne te demande rien, juste de m'écouter et de ne pas t'enfuir !

- Un repas, un seul ! Lui dis-je en me levant, déterminée à me remplir le ventre.

Nous nous dirigeons vers une petite chaumière. L'ambiance est étrange mais mon attirance pour l'odeur des cuisines est trop intense pour renoncer maintenant. Nous nous asseyons à une table et l'inconnu commande deux bières. Il part au comptoir les chercher et revient avec deux verres remplis d'un liquide à l'allure ambrée.
Je bois une gorgée puis deux, et je finis mon verre rapidement. L'inconnu est silencieux, il ne dit mot et se contente de me regarder. Son regard a changé, il m'a l'air inquiet. Je tente de me lever pour aller aux toilettes mais ma tête me tourne, je me rassieds rapidement et m'affaisse sur ma banquette. L'inconnu s'approche de moi et me murmure :

Ne t'inquiète pas, petite bête. A présent, tu es avec nous !

Et je sombre dans l'abîme de l'incompréhension...

Louve à tout jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant