Le choix de la vie

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Par moment, le plus douloureux n'est pas la mort en elle-même mais le souvenir de son vivant en nous.

J'entends la voix d'Alban qui émet des cris au loin, je me sens secouée. Au départ, je ne comprends pas réellement ce qui se trame puis, mon esprit s'éclaircit peu à peu, j'entrouvre mes paupières et un petit filet de lumière vient chatouiller mon iris. Au début, tout semble flou, trop lumineux pour distinguer une quelconque forme puis une ombre passe au-dessus de moi. Je sens de l'agitation, des cris mais aussi des insultes. J'entends des sirènes au loin, des aboiements et puis le calme plat. Tout semble prendre une tournure différente à présent. Je me sens bien, comme en paix.

Je suis dans un paysage brumeux, l'odeur y est fort agréable. Je marche le long d'un petit ruisseau, celui-ci coule doucement, il émet un léger son d'eau qui coule et qui est fort agréable à entendre.
Au loin, j'aperçois une silhouette, une femme me semble-t-il, elle me fait de grands signes, je m'approche, elle m'invite à m'asseoir à ses côtés. C'est une très jolie femme, de magnifiques yeux bleus, une chevelure brune, longue et soyeuse et un sourire ravageur tout cela supporté par un corps aux traits fins mais généreux.
Lorsqu'elle prend ma main pour la poser sur la sienne, je ressens un frisson, c'est à ce moment que je comprends que cette inconnue n'est pas une étrangère puisque c'est ma mère.

- Ma magnifique petite fille, tu as tellement grandi, tu es devenue une incroyable jolie jeune femme.
Je suis désolée de ne pas pouvoir t'accompagner dans toutes ces épreuves que tu traverses et que tu as dû traverser mais, regarde-toi, tu es devenue une femme forte !

- Maman, où sommes-nous ?

- Nous sommes dans un endroit spécial, un endroit de transition.

- Mais, si tu es là et que moi aussi, cela veut dire que je suis morte ?

- Non ma fille, tu n'es pas encore morte mais tu dois choisir. Soit tu restes avec moi, et dans ce cas-là tu quittes le monde des vivants, tu quittes ton père, ton frère et toutes les belles choses que tu vas vivre, soit tu restes avec Alban et ton père et tu te bats, ta vie ne fait que commencer !

- Mais regarde moi maman, personne ne veut de moi, personne !

- En es-tu aussi sûre, ma fille ? Regarde un peu...

D'un geste léger, elle me montre une flaque d'eau. Au début, je n'y vois absolument rien puis, en y prêtant plus attention, je remarque Alban qui pleure. Il est à côté d'un corps étendu, de mon corps. Mon père est aussi présent, il essaye de me réanimer, les larmes coulent à flots.

- Penses-tu vraiment que personne ne veut de toi à présent ?
Allez, va ma fille. Nous aurons bien assez de temps pour nous voir, profite de la vie et dis à Alban et à ton père que je les aime.

- Mais maman, maman ! Criais-je essoufflée.

A peine ai-je le temps de la toucher qu'elle disparaît dans un nuage de fumée. Je regarde à nouveau la flaque et je vois encore ces deux hommes inondés de chagrin, ma décision est prise !

Je reviens peu à peu à moi. Au début, je bouge un doigt puis deux puis la main entière. Je sens une autre main, je la serre de toutes mes forces. Je suis encore trop faible pour ouvrir les yeux mais je me sens en sécurité, je sais qu'Alban est là désormais, il ne me quittera plus jamais.

Louve à tout jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant