.Un choix irréversible.

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Le froid du métal qui entoure mes poignets, mes chevilles et mon cou me réveille, suivis de près par un mal de crâne qui me lacère la tête. Je ne peux plus bouger. Je suis immobilisée dans ce si petit espace, je peux encore respirer, c'est d'ailleurs la seule chose que je puisse encore faire. Depuis combien de temps suis-je là ? Je ne sais pas? Quel jour sommes-nous ? Je ne sais pas non plus. Je suis perdue. Je pense à Alban, à la maison, à la forêt. Personne n'est présent dans la grange, j'ai l'impression que cela fait une éternité que je pourris ici. Que fait Alban ? Lui est-il arrivé quelque chose aussi ? ou m'a-t-il simplement abandonné me trouvant trop compliquée à gérer ou alors inintéressante ? Un bruit vient briser mes pensées, la porte s'ouvre et le père se présente, un rictus en coin :

- Si prisonnière, un chien enragé en cage, voilà tout ce que tu mérites, ni plus, ni moins. Même ton cher Alban se moque de toi, pendant que tu es là, il est tranquillement en train de se balader en forêt avec sa copine. Pauvre petite chose, ne vois-tu donc pas ? Personne ne t'aime ! Personne ne veut de toi, tu es un monstre et tu vas être traitée comme tel ! m'annonce-t-il fièrement.

Je ne comprends pas ce qu'il me dit, les mots sont connus mais leurs sens et leur agencement me poignardent le cœur. Alban m'a donc abandonnée, bien trop occupé à prendre soin de sa copine. Pourquoi suis-je jalouse ? C'est mon frère, je ne peux pas être jalouse. Le peu d'espoir de retrouver une vie normale disparaît, je ne suis donc qu'un monstre, résigné à être traité comme une bête de foire. Je me rappelle m'avoir fait la promesse de ne jamais finir comme ces animaux que je pouvais apercevoir à la télévision lorsque je nettoyais le salon, et à présent me voilà à leur place ! Certes, pour le moment je n'ai aucun public mais celui-ci viendra selon le père, ils viendront regarder l'abomination que je suis.
La faim me tiraille le ventre, je rêve d'une bonne pièce de gibier, j'en salive même. Alors que je m'imagine courant dans la forêt, mes sens aux aguets, un bruit me fait sursauter, le directeur est là. Il tient un fouet dans une main et une seringue dans l'autre. Il s'approche tout doucement de moi, me caresse la tête à travers les barreaux, emmêle mes cheveux autour d'un de ces doigts puis il ouvre la cage. Il ne court aucun risque, les chaînes et le collier me maintiennent fermement en place. Il en profite pour me tripoter un peu puis se reconcentre sur mon cou. Il y implante la seringue, le liquide se répand dans mon corps avec une petite sensation de froid. Je me sens drôlement bien, le directeur me défait de mes chaines et me soulève. Je ne peux rien faire, je suis dans une autre dimension, incapable de réagir à quoi que ce soit. Je me laisse faire, je suis tout d'abord projetée au sol, puis il me débarrasse d'une façon salace de mes vêtements. Je suis à présent nue, à sa merci, je n'ai aucune volonté de réagir, aucune force. Après avoir profité de mes charmes, le directeur s'apprête à commettre l'irréparable, il descend son pantalon et se présente devant moi, me caresse et lorsqu'il trouve le moment opportun pour me faire sienne, un fracas retentit, le père pénètre en furie dans la grange. Ils se disputent, l'un clamant que je lui appartiens alors que l'autre ne souhaite qu'assouvir de sombres désirs.
Choquée par cette scène, je reprends mes esprits et me rends compte de ce qui se passe réellement. Une colère inexplicable me submerge, une chaleur irradie dans tout mon corps. La transformation commence, les deux hommes sont bien trop occupés à se battre. Je ne le remarque pas tout de suite jusqu'au moment où je pousse un râle indiquant que ma transformation est achevée. Je suis libre, je suis celle que je dois être vraiment, celle que je resterai à jamais, une louve , une puissante louve.
Je me mets sur mes quatre pattes et regarde d'un air mauvais les deux hommes. Deux choix se présentent à moi : soit je leur fais subir ma colère et comme me l'a répété Alban toute humanité disparaîtra de mon esprit, soit je m'enfuis et continue mon chemin. Le choix n'est pas facile mais je dois faire vite, que choisir ? une vie de loup à jamais sanguinaire et dénuée de toute humanité ou une vie de faible, d'humaine pouvant se transformer comme bon lui semble mais en proie à d'horribles choses ?

Mon choix est fait, je me retrouve dans la forêt à une vitesse impressionnante. Je m'arrête près d'un ruisseau et regarde mon reflet. Mes yeux ont changé de couleur passant du bleu ciel au gris clair. Ce que je vois me plaît. Je ne serai plus jamais faible, je serai ce que je dois être à tout jamais, une louve que l'on respectera, que l'on craindra et sur qui on n'osera plus jamais lever la main ni oser prendre son innocence selon les envies du moment.
Mon choix est fait, Angelle n'existe plus ...

Louve à tout jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant