.Un bonheur utopique.

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On dit souvent de la vie qu'elle est cruelle, injuste par moment mais chaque passage bas nous rend plus fort. Mais à quel point sommes-nous capables d'être fort ?

Lorsqu'Alban finit de me raconter cette nuit-là, je suis remplie d'une tristesse immense. A seulement 10 ans, il a dû traverser ce que certains adultes n'auront jamais à supporter, la perte d'êtres aimés, la trahison d'un membre de sa propre famille et surtout la solitude, lui qui était si proche de moi lorsque nous étions enfants. Et le destin qui, aujourd'hui, nous réunit... Par moment, je me dis que cela n'est qu'une passe, on va s'habituer à un confort affectif, prendre des habitudes et un beau jour, on redeviendra deux parfaits étrangers.
Je m'entête à ne pas donner trop d'affection à Alban, je ne veux pas qu'il souffre car au fond de moi, j'ai peur, peur d'être aimée...

Depuis peu, je vis chez Alban. Il a troqué son petit appartement en plein centre-ville pour une grande maison, comprenant trois chambres spacieuses avec dressing. D'ailleurs, Alban m'a offert de jolis habits, des tee-shirts Lacoste, des converses blanches et noires. Souvent, nous nous retrouvons dans le grand salon, autour de la cheminée devant une tasse de chocolat chaud débordant de mini-guimauves. Les repas quant à eux se font la majeure partie du temps dans notre cuisine américaine ouverte sur le salon. La cuisine est très fonctionnelle, un immense îlot en granite clair trône au milieu renfermant un piano de cuisson high tech et une hotte. Le réfrigérateur déborde tout le temps de nourriture. Alban ne compte jamais pendant les courses, il suffit que je m'intéresse à un aliment pour qu'il le mette immédiatement dans le panier. La maison, même si nous y sommes bien, me rend perplexe. Nous avons chacun notre chambre et la troisième chambre sert de salle de détente, alliant peinture, jeux vidéo, sport et lecture. La maison est grande, lumineuse et n'offre aucun vis-à-vis. De plus, elle possède un grand jardin directement relié à la forêt par un petit portail, ce qui nous laisse l'occasion de passer de notre état humain à celui de loup en toute discrétion.

Nous avons tous les deux repris le chemin du lycée, malheureusement. Les cours pour me rassurer sont toujours d'un ennui impitoyable. Mes camarades de classe sont toujours aussi hostiles et le proviseur toujours aussi infecte. Cependant, son attitude a quelque peu changé. Il passe son temps à me surveiller, que ce soit le midi au self, aux pauses ou encore aux intercours .Il est toujours là, à me guetter mais il ne s'approche jamais assez de moi pour que je puisse l'atteindre. Je décide de ne pas en parler à Alban, il est bien trop occupé à planifier notre retour .
Depuis que je vis chez Alban, j'ai repris du poil de la bête, plutôt ironique je trouve pour une personne comme moi. Je mange à volonté, dors correctement malgré quelques cauchemars et j'ai même repris un peu goût à la vie.
Par moment, je me dis que cette vie est irréaliste, après tout ce que j'ai enduré , n'est-ce donc qu'une utopie ? un rêve ? ou lors de mon réveil le retour à la réalité sera des plus cruelles ? Je n'ose pas y penser et profite de cette vie pendant qu'il en est encore temps, car toute bonne chose prend fin un jour ou l'autre mais je ne pensais pas que cela allait arriver aussi vite ...

Louve à tout jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant