3. Patrons

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Un peu avant onze heures, j'arrive à mon « rendez-vous ». Je dois en fait tondre la pelouse d'un homme que je n'ai jamais vu. Il est froid mais poli en m'expliquant mes tâches, et je le remercie poliment avant de m'atteler à mon deuxième travail du jour.

C'est ce que je fais de mes journées. À vingt-deux ans, j'enchaîne les petits boulots de toutes sortes le jour, et je suis barman pendant mes soirées et une bonne partie de mes nuits, essentiellement le week-end, même s'il m'arrive de faire les fermetures en semaine.
Lorsque le soleil se lève, je l'imite et propose mon aide un peu partout autour de moi.

Mes boulots sont divers et variés. Je promène des chiens, tonds des pelouses, tiens compagnie à des vieillards esseulés, fais du porte-à-porte, la cuisine et le ménage, garde des enfants, répare des voitures et de l'électroménager... Tout et n'importe quoi, pourvu que cela paye mes factures et que je conserve ma dignité.

Je me suis fait un nom dans le quartier, à force d'aider à droite et à gauche, et mon planning est plutôt chargé. Je ne demande jamais de grosses sommes en rémunération, et me montre poli, souriant et efficace. Cela a suffi pour que je devienne autonome financièrement parlant et pour que je trouve ce qui est devenu mon appartement.

Évidemment, ces boulots n'ont pas d'heures fixes, et il m'arrive d'avoir du mal à boucler les fins de mois en période creuse, mais il me suffit dans ces cas-là de faire un régime quelque peu forcé et de demander des heures sup' au bar.
Je dors moins, mais j'ai toujours un toit sur la tête. C'est un luxe que tout le monde n'a pas.

***

Ce jour-là, je finis de travailler à seize heures. Je rentre chez moi et m'effondre sur mon lit, après avoir bien pensé à mettre un réveil, cette fois, parce que je bosse au Hunter à vingt heures.

Il me semble que je n'ai dormi que quelques minutes lorsque des vibrations me réveillent.

Je me prépare en vitesse, puis file, en vérifiant bien que je n'ai pas oublié mon portable une nouvelle fois. Je ferme à clé, puis pars rejoindre le métro.

Je porte un jean noir et une chemise bleu clair, comme le stipule le règlement du bar : pas d'uniforme identique obligatoire, mais des serveurs bien habillés, et si possible, séduisants.

Dans mon cas, ce dernier point n'est même pas envisageable, avec mon corps trop maigre, ma mâchoire trop carrée, mes cernes bien trop visibles et mes cheveux continuellement décoiffés, mais je fais de mon mieux.

Les hommes doivent donc porter des chemises claires et des jeans foncés, tandis que les femmes ont plus de liberté : un bas foncé et un haut qui les mette en valeur, quel qu'il soit.

Le propriétaire n'est pas un macho qui exhibe ses employés comme des objets sexuels, mais il est très à cheval sur certaines règles. La première étant à savoir par cœur : « Soyez beaux et draguez, les clients voudront consommer ». Évidement, il n'est pas idiot et demande aux femmes de faire attention et de le prévenir si un client les met mal à l'aise, quels que soient l'heure, la nature du mal-être ou même le nom du client. Il connaît les dangers de la drague pour les femmes, surtout les serveuses, que des « connards de clients » (les mots de Meliorn, pas les miens) imaginent parfois être des prostituées ou des filles faciles. Ouaip, Meliorn est à cheval sur la règle numéro 1, mais il est aussi très carré sur sa définition du mot « connard ». Et cette définition inclut en premier lieu ceux qui ne respectent pas les autres et ne les traitent pas comme des êtres humains avec une dignité.

Mais bon, il reste le patron, il tient quand même à ce que nous donnions envie aux clients de rester. Et de revenir. C'est comme ça que j'avais su qu'il allait embaucher Lydia lorsque je les avais présentés. Même moi, qui suis gay, je peux voir que Lydia est canon. Elle a de longs cheveux blonds soyeux, des yeux chocolatés profonds, un visage fin et harmonieux, et un grand sourire heureux plaqué sur le visage. En permanence. Vraiment. Je parie qu'elle sourit même en dormant.

Mon contraire en tout point, quoi : j'ai les cheveux noir corbeau épais et trop longs, des yeux bleu clair, et sourire me donne des crampes aux joues.

Mais je joue le jeu de bon coeur. J'apprécie le patron, Meliorn, et il m'a offert un job à plein temps quand j'en ai vraiment eu besoin. Je ne pourrai jamais le remercier assez pour cela.

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Bonjour/Bonsoir !

Ce fut un chapitre de transition plutôt vide, désolée, mais il faut bien que j'explique le quotidien du petit Alec.
Pour me faire pardonner je vous posterai le chapitre suivant demain, et il est bien plus long !

Merci de me lire,
Et portez vous bien :-)

Make something right (Fanfiction Malec) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant