23. Néant

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Le lendemain, je me suis éclipsé avant que Magnus ne se réveille.
C'est la vibration de son téléphone qui m'a sorti de la brume dans laquelle j'ai passé la nuit. J'ai ressenti une pointe acérée de culpabilité en regardant la notification, aussitôt engloutie par une colère et une tristesse monstrueuses lorsque j'ai lu le message.

Camille :
Tu es libre ce soir ? Il faut qu'on se voie pour rattraper tout le temps perdu... ❤️

J'ai laissé un mot, prétextant que je devais promener Nestor.

La vérité, c'est que j'ai erré dans New York. Longtemps.
J'ai perdu la notion du temps. La notion d'espace. Les couleurs paraissent fades. Les sons me parviennent comme assourdis. Les odeurs n'existent plus.

Seuls restent les battements réguliers de mon cœur.

Éternels.

Malgré tout ce que j'ai vécu, ressenti, subi. Ils sont toujours là. Même si certains auraient voulu les faire disparaître. Moi y compris, à une époque. Plus maintenant.

Enfin, plus jusqu'à hier.

Aujourd'hui, je ne suis plus sûr. J'avais compris qu'entre ne pas vouloir vivre et vouloir mourir, il y avait un énorme pas que je n'étais pas prêt à franchir.
Je croyais aussi que le bonheur valait le coup.
Je le crois toujours. Seulement, il faut croire que le bonheur, ce n'est pas pour moi.

***

Je ne sais comment, je me retrouve devant le Hunter's Moon. Plus précisément, dans son arrière-cour. Là où Meliorn m'a trouvé, il y a quatre ans.

Là où il finit par me retrouver, à la fin de la nuit.

- Alec ?

Je lève les yeux vers lui. Je suis recroquevillé contre une poubelle, comme un miroir de ce jour-là. J'avais peur, à l'époque, mais j'aurais combattu cet homme aux cheveux longs s'il l'avait fallu.
Aujourd'hui, je n'ai plus peur. Plus envie de combattre. Je suis anéanti, vide.

Je ne sais pas ce qu'il voit dans mon regard, mais son visage se crispe de tristesse.

- Oh, Alec... Viens, rentre.

Je le laisse me guider dans le bar. Je m'assois sur un tabouret lorsqu'il me le dit. Bois le contenu de mon verre lorsqu'il me le conseille. Parle lorsqu'il me demande ce qui m'a mis dans cet état.

Je ne sais même pas ce que je lui dis.
La vérité, sans doute, dans toute son étonnante horreur. Les montagnes russes de mon bonheur et de son anéantissement.

Je sais que je n'arrive pas à fixer mon regard sur quoi que ce soit. Lorsqu'il me prend les mains, je sursaute.

- J'ai appelé Lydia. Elle sera là dans quelques minutes, d'accord ?

Je hoche la tête. Tel un robot, je fais ce que l'on m'ordonne. Je reste immobile lorsque Lydia me prend dans ses bras. Elle me demande ce qu'il s'est passé, me dit qu'elle et Liz se sont inquiétées.
Je la fixe sans comprendre le sens de ses mots.

- Son copain l'a trompé, explique Meliorn.

Ces mots-là, je les comprends.
Et je m'effondre. Pleure, hurle et gémit.

Je m'endors dans les bras et le lit de Lydia, humides de mes larmes.

***

Je me réveille au son des oiseaux gazouillant.
Je les écoute attentivement, les yeux fixés sur la fenêtre, parce que je sais que si j'arrête de me concentrer sur leur chant, je vais penser à autre chose. À cet autre chose qui m'a amené chez Lydia. Et je ne veux pas. Je ne suis pas assez fort pour le supporter.
Alors j'écoute les oiseaux.

Mon téléphone vibre dans la poche du jean que je n'ai pas pris la peine de retirer avant de m'effondrer dans le lit.
J'écoute les oiseaux.

Lydia gigote.
J'écoute les oiseaux.

Elle me demande si je suis réveillé.
Si je vais bien.
J'écoute les oiseaux.

Un camion-poubelle passe.
Il a effrayé les oiseaux.
Ils sont partis.
Ils ne chantent plus.
Je pleure.

**********

Bonjour/Bonsoir !

Non je ne vous ai pas oubliés, excusez le temps d'attente ^^

J'espère que vous avez aimé ce chapitre.
Je sais qu'il est court mais je ne me voyais pas le couper ailleurs...

Bonne journée/soirée/nuit et à la prochaine !

Make something right (Fanfiction Malec) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant