2. Matinée habituelle

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Je rentre dans mon appartement, plongé dans le noir, après un interminable trajet en métro.

Je pose mes clés sur la table à manger, qui me sert aussi de bureau, de table à repasser et de bibliothèque, et me dirige vers le matelas qui constitue mon lit.

Mon appartement est minuscule, mais c'est mon chez-moi, mon refuge, et rien que la pensée que je puisse le payer par moi-même (bien que le loyer ne soit pas si élevé, étant donné son emplacement et sa petitesse) me rend heureux.
Ma vie n'a pas toujours été rose fuchsia, c'est vrai, mais aujourd'hui j'ai un job, un foyer et des proches sur qui je peux compter, et pour qui je serais prêt à tout.

Alors je m'efforce, la plupart du temps, de ne pas m'attarder sur ce qui me manque, sur ces vides dans ma vie.

En deux pas, je traverse mon appartement, que je connais sur le bout des doigts, même plongé dans le noir comme maintenant pour économiser sur la facture d'électricité, et je m'effondre sur mon lit, encore tout habillé.

Je reste ainsi un moment, mais lorsque je me sens partir dans l'autre monde, je grogne et me relève pour me brosser les dents et me déshabiller.
En pénétrant dans la salle de bains, je me cogne le genou contre les toilettes, et laisse échapper un autre grognement. Faut croire qu'à 3h passées, je ne connais plus tellement l'emplacement du mobilier chez moi.

Enfin, après une journée de travail épuisante, je me glisse sous la couette accueillante et m'endors en quelques minutes.

***

Ce sont les rayons du soleil qui me réveillent.
Ce qui n'est pas normal.

Je me redresse, paniqué, et regarde l'heure sur mon téléphone. 7h34. Et merde, j'ai oublié de mettre le réveil. J'suis trop con putain !

Je me dépêche de prendre une douche, de m'habiller et de quitter mon appart. Je dévale les escaliers, au risque de me casser quelque chose.

Je cours jusqu'à la station de métro la plus proche, m'attirant des regards curieux des passants flânant dans les rues du quartier du Queens en ce samedi matin estival.

Une fois dans la rame, tout essoufflé, je cherche mon téléphone dans les poches de mon jogging enfilé en quatrième vitesse mais ne le trouve pas. Lorsque je comprends que je l'ai oublié dans ma chambre comme un idiot, l'envie soudaine de me taper le crâne contre la barre du métro me prend. Mais quel pauvre tache... Tant pis, Liz comprendra toute seule que je serai en retard ce matin. Ce ne sera pas la première fois...

Une demie-heure plus tard, j'arrive enfin devant un luxueux hôtel particulier de Manhattan. Je sonne et patiente, les mains dans les poches, reprenant mon souffle.

Liz vient m'ouvrir et me sourit. Je la salue rapidement, puis pénètre chez elle, faisant comme chez moi, tout en m'excusant pour mon retard. Elle balaie mes explications d'un geste de la main.

- Ne t'en fais pas, chéri, je sais que tu travaillais hier soir. Tu te tues au travail, je ne peux pas t'en vouloir si ton corps réclame un peu plus de sommeil ! D'autant plus que j'ai moi aussi une part de responsabilité dans ton manque de sommeil, ajoute-t-elle avec un léger rire. Pour être honnête, je ne m'attendais pas à ce que tu te montres avant onze heures. Je t'aurais fais un superbe déjeuner. Mais bon, maintenant que tu es là, autant en profiter !

Puis elle m'indique une direction derrière elle, vers les profondeurs de la maison.

- Nestor est dans le jardin. Il a hâte de te voir !

Je lui souris sans rien répondre en me dirigeant vers l'endroit indiqué.

À peine ai-je posé un pied sur le perron qu'une masse me saute dessus, me faisant presque perdre l'équilibre. Je ris en tentant de calmer le chien blanc duveteux que je sors promener tous les matins, parce que sa propriétaire octogénaire, Elizabeth Branwell, alias Liz, n'a plus l'énergie de courir derrière ce Samoyède dans la force de l'âge.

- Calme-toi, Nestor, je suis là maintenant, on va aller courir ne t'en fais pas ! Mais si tu continues à bousiller mon jogging avec tes pattes crasseuses, je vais devoir me changer, et tu devras encore m'attendre !

Comme s'il m'avait compris -et c'est peut-être le cas-, l'animal s'assied soudain, la langue pendante et la queue s'agitant en tous sens. Je souris. J'adore ce chien !

Après avoir salué Liz, je me dirige en trottinant vers Central Park, m'échauffant doucement. Nestor, bien élevé, me précède sans me distancer. J'accélère seulement lorsque nous pénétrons dans le célèbre poumon vert de Manhattan.

D'habitude, tout en gardant un œil sur le chien, j'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles, du rock des années 70 à fond dans les tympans, brouillant mon cerveau, me permettant de me concentrer uniquement sur ma course, mon rythme, mes muscles qui s'échauffent, m'obéissent, se tendent et finissent par crier grâce.
À ce moment-là seulement, pas avant, je fais demi-tour et rend Nestor à son adorable propriétaire, qui me propose toujours un thé, que j'accepte généralement avec plaisir.

Aujourd'hui cependant, je suis forcé de me contenter d'écouter les bruits de la ville et de la nature mêlés, étant donné que j'ai oublié mon portable et mes écouteurs chez moi.

J'entends les enfants crier, pleurer, rire, jouer, alors qu'il n'est même pas 9h du matin et que nous sommes samedi.
J'entends nos respirations, à Nestor et à moi.
J'entends mes pas marteler le sol.
J'entends le vent, les voitures, les oiseaux et les avions.

Cette bande-son inhabituelle m'apaise. C'est le son de la vie.

***

Exceptionnellement, j'ai refusé le thé que m'offrait Liz. J'ai prétexté un rendez-vous que je ne voulais pas rater, ce qui est en quelque sorte vrai.

Mais j'ai aussi eu peur de croiser Lydia, la petite-fille de Liz, qui a l'habitude de passer à l'improviste durant les week-ends. C'est d'ailleurs ainsi que nous avions sympathisé, au fil de nos rencontres chez sa grand-mère. Nous sommes rapidement devenus amis, et lorsque j'ai appris qu'elle cherchait un job à mi-temps, je l'ai recommandée au patron du bar dans lequel je travaillais déjà, le Hunter's Moon. Nous sommes donc devenus collègues, après avoir été amis, alors que je n'étais qu'un employé de sa grand-mère parmi d'autres, celui qui promenait son chien tous les matins entre huit et dix heures.

Malgré ces circonstances inhabituelles, j'adore les deux femmes Branwell, et je suis plus qu'heureux qu'elles soient rentrées dans ma vie, et moi dans la leur.

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Voilà le deuxième chapitre de ma fanfiction, j'espère qu'elle vous plaît !
N'hésitez pas à voter/commenter ^^

Bonne journée !

Make something right (Fanfiction Malec) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant