12. Trop tard

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- ... Et je suis beaucoup trop gêné par ce que je viens de faire, je marmonne. Oubliez que j'ai fait ça. Je reviendrai ce soir pour travailler, alors... à plus tard !

Je m'enfuis donc, et rejoins ma sœur et Simon près du bar. Ils se lèvent à mon approche.

- Alors, tu es pris ? me demande Izzy, inquiète.

- Euh, je sais pas trop, il a peut-être changé d'avis sur moi, là... je marmonne, hésitant.

- ALEXANDER GIDEON LIGHTWOOD ! Tu vas retourner voir Magnus immédiatement, ou bien ce sont mes coups de pieds au cul qui vont t'y envoyer, est-ce que c'est clair ?

- Pas la peine de crier, je suis juste là, je grommelle en me massant les tympans.

- Et pas la peine de venir me voir, je suis ici aussi, fait une voix juste derrière moi.

Je sursaute violemment et me retourne d'un bond. Magnus me fixe avec amusement, mais c'est aux deux autres qu'il s'adresse.

- Ne t'en fais pas, Isabelle, ton frère a réussi son entretien d'embauche. Je suis juste ici pour rappeler à Alexander qu'il ne commence pas ce soir, mais vendredi, à 18h30, histoire que ses bleus n'effraient plus les clients... 

J'ouvre la bouche pour protester, mais la présence d'Izzy m'impose le silence, et je la referme en me mordant la lèvre. Magnus me fixe toujours, et n'a rien raté de mon petit manège.

- Simon, tu seras chargé de montrer à Alec tout ce qu'il a besoin de savoir. Il sera seulement au bar, pour débuter. On verra ensuite s'il peut être en salle.

Je ne dis rien, acquiesce seulement. Izzy saute de joie à côté de moi et me prend dans ses bras. Elle discute un moment avec les deux autres, mais je n'écoute pas. Il faut absolument que je bosse avant mercredi, c'est-à-dire demain, si je veux pouvoir payer mon loyer à temps...

Lorsqu'Izzy me dit qu'elle s'en va, je lui dis de m'attendre dehors cinq minutes. Je prends Magnus par le bras et l'éloigne de Simon, qui nous regarde avec des yeux écarquillés.

- M. Bane, je lui dis, mes yeux dans les siens, il faut absolument que je travaille ce soir, s'il vous plaît... C'est important.

- Pas assez important pour que tu en parles devant ta sœur, pourtant, me répond-il du tac au tac.

Je serre les dents.

- Je veux juste commencer plus tôt, Monsieur.

- Et moi je ne veux pas que tu fasses fuir les clients, rétorque-t-il sèchement.

Je le fixe méchamment.

- Écoute, reprend-il avec une lueur de compassion dans les yeux, je peux te payer ton salaire de vendredi dès maintenant, si tu veux.

Il pose une main douce sur mon bras, mais je me dégage brusquement.

- Je ne veux pas de votre pitié !

- Mais tu veux de mon argent, rétorque-t-il, impassible.

Je le fixe, soudainement découragé. Il a compris ce que je voulais... j'imagine que la déduction n'était pas bien difficile : je peux à peine ouvrir mon œil droit, et pourtant je veux reprendre le travail... Mais j'aurais préféré qu'il ne se rende pas compte de mon niveau de précarité.
Je suis fatigué, fatigué de me battre constamment pour tout et contre tout le monde.

- Pourquoi feriez-vous ça ? Pourquoi est-ce que vous prendriez le risque de me payer d'avance ?
Même à mes oreilles, ma voix paraît faible, lasse. Pathétique.

Il reste impassible un moment, puis sourit un peu.

- La confiance fait faire des choses étranges.

Un sourire triste fait s'étirer mes lèvres, mais je sens mes yeux picoter. Je renifle et détourne la tête.
Je n'ose pas demander ce qui lui a donné confiance en moi, Alec Lightwood, jeune et illustre inconnu.

- Eh bien, si votre proposition tient toujours... je veux bien, s'il vous plaît, dis-je en rougissant.

Je le sens sourire.

- À une condition !

Je hausse un sourcil.

- Tutoie-moi, par pitié, dit-il d'un ton dramatique, une main sur la poitrine, je n'ai que 26 ans !

J'éclate de rire, une drôle de sensation dans le ventre.

- À tes ordres !

Il me regarde avec une étrange lueur dans le regard, puis me prend la main pour me guider vers son bureau. Je fixe nos doigts entrelacés. Ses mains sont toutes douces, lisses. Je sais que les miennes sont rugueuses, calleuses, usées par le travail manuel quotidien.
Ce geste de me prendre la main lui a été si naturel, alors que moi... mon cœur a raté un battement ou deux. Peut-être trois.

Il est hétéro Alec, il est hétéro, ne fais pas tout un plat d'un simple geste !

Pourtant, c'est bizarre, non, de prendre la main de son employé, alors qu'on vient à peine de le rencontrer ?

Avant que je n'aie pu pousser mes réflexions plus loin, nous sommes devant son bureau, je signe une feuille, il m'en tend une autre et... je crois faire un arrêt cardiaque.

- C'est quoi, ce nombre ? je m'étrangle.

- Ça ? dit-il en se penchant vers moi.
Je peux sentir son odeur boisée. Mmh... J'adore.

- C'est ton salaire pour la soirée de vendredi. Pourquoi ?

- Mais... C'est beaucoup trop !!

Il hausse un sourcil.

- Tu veux que je te paye moins ?

- Oui !

- Trop tard ! Tu as déjà signé !

Il rit en voyant ma tête.

- Alexander, ajoute-t-il gentiment, c'est le salaire le plus bas de mon bar. Habitues-y toi ! Maintenant, sans vouloir te mettre à la porte, ta sœur t'attend sûrement, et j'ai de la paperasse à remplir...

- Oh, euh, bien sûr, je fais, toujours choqué. À vendredi alors, Monsieur... euh, Magnus !

Il sourit, une mimique qui illumine toute la pièce. Si je pouvais le voir sourire tous les jours...

- À vendredi, Alexander.

Mon prénom complet roule sur sa langue, me provoque des frissons. Je referme doucement la porte derrière moi. Un sourire béat incontrôlable barre mon visage, et je ne sais même pas pourquoi. Je sais seulement que je ne me rappelle pas avoir déjà été aussi heureux de toute ma vie.

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Bonjour/Bonsoir !

J'espère que ce chapitre vous a plu :-)

Ma foi si vous avez quelque chose à dire n'hésitez pas, moi je n'ai rien à ajouter, je tire ma révérence et vous dis à demain pour la suite !

Make something right (Fanfiction Malec) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant