Le château - 4° partie

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Le général approcha et, ensemble, nous parlâmes de ses projets pour l'armée. Puis, il me félicita une dernière fois avant de me souhaiter un rapide rétablissement. Il s'excusa et emmena ses hommes avec lui. Je me retrouvai avec les équipiers de Krys. Mes servantes amenèrent quelques chaises et tous prirent place autour du lit, un lit dont on pouvait faire le tour, car non accolé à un mur. Alors que chacun s'installait, Emma s'adressa à Krys qui lui répondit par un signe de tête. Je me demandais à quoi m'attendre lorsque les regards s'orientèrent vers la porte d'entrée. Un inconnu, debout, tenait une sorte de laisse en cuir dans les mains. Ceux qui m'environnaient m'empêchaient d'apercevoir ce qu'elle retenait. Plutôt que de suivre le chemin le plus court pour arriver jusqu'à moi, il contourna le lit par la gauche. Incapable de me déplacer comme je le désirais, je ne pouvais qu'attendre. Alors que tous épiaient mes réactions, Krys, à ma droite, intervint :

— Tu te souviens que je t'ai parlé d'un certain Bruno ?

— Le maître du singe... Non, du lém...

— Du lémurien, oui.

Bruno me fit une révérence. Deux de mes visiteurs lui préparèrent une place. La laisse s'agitait toute seule. Il se pencha. Je retins ma respiration. Le petit animal était dans ses bras.

— Kia ! m'exclamai-je.

Au son de ma voix, le maki catta inclina la tête et me regarda. Il fit mine de descendre. L'animal devait posséder beaucoup de force car Bruno le retint énergiquement.

— Je peux le caresser ?

— Elle pourrait vous faire du mal, répondit Bruno. Parfois, ces animaux ne tiennent pas en place.

— La dernière fois, elle a été sage.

— C'est risqué, insista Krys. Il suffirait qu'elle donne un coup de patte à ta jambe ou sur une de tes plaies.

Ses grands yeux étaient rivés sur moi. Bruno la tenait fermement. « On va la faire approcher un petit peu, proposai-je ». Elle sauta doucement sur le lit, empêchée d'aller plus loin par la laisse. Je tendis le bras et touchai doucement sa petite main de mon index. Après avoir posé les yeux sur mes doigts, son regard se fixa à nouveau sur moi.

— Je prends le risque ! dis-je.

— C'est dangereux, me rappela Krys.

Je regardai Bruno.

— Je ne m'attendais pas à ça, s'étonna celui-ci.

— À quoi ? demanda Tamara. » Et je remarquai combien l'ensemble des personnes présentes assistaient à la scène avec curiosité et le sourire aux lèvres.

— D'habitude, il ne s'intéresse pas ainsi aux gens.

— Les maki catta n'ont qu'un maître, à ce qu'on dit, précisa Krys. Ils font une grande différence entre eux et les autres.

Je plongeai mon regard dans celui du lémurien. Il y répondit. « Je prends le risque, répétai-je. » Bruno jeta un coup d'œil à Krys, puis détacha lentement l'animal. Celui-ci ne broncha pas, considérant la pièce dans son ensemble, puis se tournant à nouveau vers moi. « Viens ! appelai-je doucement en lui caressant un doigt ». Il renifla ma main et avança, puis s'arrêta. Je l'appelai et il s'approcha à nouveau. Je pouvais maintenant lui caresser la joue. Il fit un pas de plus, je l'entourai de mes bras et le tint contre moi. Sa tête était posée sur mon épaule et le reste de son corps contre le mien.

— Incroyable ! s'exclama Bruno.

— Pourquoi elle n'est pas aussi gentille avec moi ? murmura Markus.

Le Miroir du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant