On frappa. Nos regards se reportèrent sur la porte. Je répondis. Krys apparut. Seul. Il regarda Clément, tante Hélène puis me fixa.
— Bonjour princesse. Je pense que tu es au courant : le général et moi avons destitué le roi. Nous le recherchons. Je veux t'assurer que tu ne crains rien, ni toi ni les tiens. Ton père non plus ne craint rien. Nous le mettrons sous bonne garde dans ses appartements dès que nous l'aurons retrouvé, le temps qu'il réponde à certains cas d'emprisonnement. Ensuite, il pourra se rendre où il voudra.
— Si tu le laisses partir, dis-je, il montera les souverains contre toi et une armée investira la capitale pour rétablir la royauté.
— Je sais.
Il fit mine de partir. Sur le pas de la porte, il ajouta :
— Tu vas bien ?
— Oui, merci. J'arrive à m'occuper seule de ma jambe. Et je me masse comme tu me l'as montré.
— Bien. Si tu as besoin de quelque chose... Pour le reste, sache qu'il n'y aura pas de chasse aux sorcières. Personne au château ne craint quoi que ce soit. Chacun sera reconduit dans ses fonctions. Au moins dans un premier temps.
Il s'en alla. Je me rendis compte combien j'avais été distante avec lui. Je le craignais un peu. La confiance n'était pas rétablie depuis que mon père m'avait expliqué ce qu'il pensait de lui. Il avait dû ressentir mon attitude défensive, j'en étais persuadée.
Il n'était même pas armé en entrant dans la chambre. Il cherchait le roi, qui pourrait être protégé par des gardes, et malgré tout déambulait seul et sans arme de pièce en pièce ! Mais il n'était pas seul à chercher le roi. Je sentais une grande agitation tout autour de nous.
Sachant qu'il ne risquait rien, mon frère sortit de la chambre. Partant du principe qu'il faisait partie de ceux qui connaissaient mieux le roi et les arcanes du palais, il s'ingénia à le retrouver. N'y parvenant pas, il se contenta d'observer les équipes de recherche. Cela me convenait, car il n'oubliait pas de m'informer. J'appris que les militaires avaient réuni les membres du gouvernement et du personnel dans la grande salle.
— J'aurais voulu que tu sois présente pour voir leur tête, annonça Clément. Ils ne savaient à quoi s'attendre. Certains craignaient d'être massacrés sur place.
Mon frère... Il ne fanfaronnait pas autant lorsqu'il s'agitait au moindre bruit tout à l'heure.
— Et ?
— Rien. Comme il te l'a annoncé, Krys les a reconduits dans leurs fonctions. Il leur a certifié que ni eux, ni leur famille ne craignaient quoi que ce soit.
— C'est plutôt bon signe.
— À moins que cela ne cache quelque chose. Mais ne t'inquiète pas, je suis à l'affut.
— Et la garde ?
— Désarmée et placée sous le contrôle de l'armée.
— Et père ?
— Introuvable ! Je me demande bien comment il fait. J'ai essayé de retracer le chemin qu'il a pu suivre, comme ils sont tous en train de le faire, mais rien. Je ne comprends pas ce qui se passe. Il s'est volatilisé !
— Les amis de Krys ?
— Les nôtres sont entrés avec chevaux, archers et fantassins. Ils étaient attendus. Il y a beaucoup de blessés. L'armée a séparé les deux camps et a emmené les gardes.
.oOo.
Un monde basculait. Krys était fort, l'armée le protégeait. Il allait réussir son coup d'État. Mais de nombreux complots pouvaient naître ici ou là et notre condition devenir instable. Je ne cherchais pas à le revoir. Pas avant de connaître ses motivations réelles. Avait-il comploté contre mon père ? S'était-il servi de moi ? Quel prisonnier cherchait-il à protéger ? S'opposait-il à notre religion comme certains le proclamaient ? Allait-il prendre possession des appartements de mon père ? Allons-nous devenir voisin ? Nous obligerait-il à déménager, mon frère et moi ? Je n'étais pas tranquille.
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Le Miroir du Temps
FantasyQu'y avait-il avant ? L'univers des vivants se résume-il à cette île minuscule ? Existe-t-il quelque chose au-delà de cet immense océan ? Pourquoi l'injustice règne-t-elle en ce monde ? Toutes ces questions, la princesse se les pose depuis longtemps...