Chapitre 3

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L'appel qu'il reçut pendant le trajet l'empêcha de discuter avec cette intrigante femme près de lui. D'ailleurs, discuter n'était pas dans ses habitudes. Lorsqu'il voulait coucher avec une femme, il suffirait qu'il la rejoigne chez elle et le matin, il disparaît avant que ça n'aille plus loin que le sexe. Voilà ce qui allait se passer ce soir, bien que pour une fois la soirée se clôturerait chez lui. D'un côté, il trouvait cette femme parfaite pour l'épouser. Séduisante, apparemment riche et nullement sentimentale. Elle était dangereuse et pourtant éveillait en lui un désir incroyable. Mais surtout il était sûr qu'elle n'était pas du genre à rechercher "l'amour de sa vie".
La voiture s'arrêta devant un immeuble imposant et il l'aida à descendre sans mot. Ils traversèrent silencieusement le hall jusqu'à l'ascenseur où il se cala contre le mur attendant qu'ils atteignent le quatre-vingt-dixième étage.
Il jeta un œil à la dérobée sur la jeune femme qui venait de retirer son masque. Bon Dieu! elle était si... nue et sexy. Elle possédait cette même attirance que sa défunte femme. Douce et naturelle, avec une touche d'innocence. Mais contrairement à cette femme, Elizabeth était la douceur même. Jamais elle n'aurait pu se présenter habillée aussi trivialement.
Mais pourquoi se mettait-il à la comparer à cette étrangère! La mâchoire crispée, il ferma ses mains en un poing pour tenter de se calmer.
Heureusement pour lui, les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur son penthouse.
La jeune femme y pénétra l'air tendue, comme si elle hésitait à entrer.

_ Cet appartement est aussi froid que son propriétaire, lança-t-elle en détaillant la pièce.

Il ne répondit pas. Ce qui le préoccupait était plutôt, comment il allait s'y prendre avec elle. Celle-ci se retourna apparemment surprise qu'il ne dise rien jusque là.

_ Vous n'êtes pas du genre bavard.

_ En effet. Vous voulez boire quelque chose?

_ La même chose que vous, dit-elle en souriant.

Un sourire charmant, laissant découvrir des jolies fossettes. Il nota le vert électrifiant de ses yeux avant de s'éloigner vers le bar où il saisit une bouteille de rosé et la rejoignit sur le canapé où elle s'assit élégamment, les jambes croisés.
Il versa le liquide rose dans un verre et le lui tendit.

_ Vous n'êtes pas américain?

_ Non, italien. J'habite à Rome.

_ Oh, c'est charmant, fit Ariana. Et Dan et vous discutiez sur quoi?

Il plissa les yeux l'air surpris.

_ Je ne crois pas que ma conversation avec le fils du premier ministre intéresse une... cagna

La jeune femme se leva brusquement, les yeux en éclat et tout sourire disparut.

_ Vous ai-je vexé?

_ Ce sont les hommes comme vous que les femmes comme moi prient pour qu'ils disparaissent de la surface de la terre.
Mais qui était cette femme et comment est-elle parvenue à l'entendre? De toutes les façons, il n'avait pas tort et sa manière de s'habiller, d'user de son charme pour amadouer les hommes le confirmait.

_ Les hommes comme moi?

_ Vous vous croyez supérieur et vous méprisez les autres..

_ N'ai-je pas dit la vérité?

Elle semblait encore plus exaspérée. Ses yeux rivés légèrement au bleu-vert lançaient des éclats de colère, la rendant encore plus désirable qu'elle ne l'était déjà.

_ Seulement parce que je me suis habillée ainsi vous me prenez pour une prostituée?

Il la désirait à un tel point que ça en devenait douloureux. Il était soumis à un tel supplice que ses injures ne l'atteignait en aucun cas. Ça ne lui faisait pas plaisir qu'elle se permette de lui crier dessus mais il trouvait ça plutôt attirant et si elle n'arrêtait pas ces gestes inconsciemment sensuels, il allait lui sauter dessus et la prendre même contre son gré.

_ Allez vous-en, finit-il par dire d'une voix rauque.

_ Je vous demande pardon?

_ Vous êtes une femme arrogante, et toute la soirée vous n'avez fait que jouer avec les hommes, mais dès...

_ Et vous alors, monsieur l'européen, lui coupa-t-elle. Vous êtes si froid et de si mauvaise compagnie...

_ Arrêtez de m'insulter chez moi.

_ Je fais ce que je veux.

La soirée prenait une tournure qu'il n'aurait jamais imaginé. Pourquoi lui criait-elle dessus comme ça. Mais surtout, pourquoi le permettait-il? Si ça aurait été une autre femme, il l'aurait déjà foutu à la porte il y'a des heures. D'ailleurs aucune femme ne s'est jamais comporté ainsi avec lui, et même pas sa douce Elizabeth. Elle l'aurait sûrement gentiment fait comprendre que ces agissements la blaissait et il se serait immédiatement excuser, mais avec celle-ci, c'était différent.

_ Non, vous faites ce que moi je veux puisque vous êtes chez moi. Et si ça ne vous pose problème, mon chauffeur va vous raccompagner chez vous.

_ Allez vous faire voir votre chauffeur et vous...

_ On sort ces griffes à la première insulte? Ce n'est que la vérité qui blaisse dit-on.

À court de réplique, celle-ci se tut et il ne put s'empêcher de sourire pour la première fois depuis des lustres, un sourire glacial et acerbe. Elle passa nerveusement les mèches de ses faux cheveux derrière son oreille, troublée par son regard profondément noir, puis aspirant longuement..

_ J'espère vraiment ne plus jamais vous recroiser à Manhattan!

_ Et moi donc? Vous vous faites inviter chez moi et la soirée se termine par des injures, quel genre de femme êtes vous?

_ Sûrement le genre qui déteste les hommes froids comme vous!

_ Ou plutôt, ceux qui ne sont pas facilement atteints par votre charme "devastateur"?

_ Et pourtant vous m'avez conduit jusqu'ici!

Elle venait de marquer un point. Dès le début, il s'était méfié d'elle et pourtant il n'avait pas hésité à la ramener chez lui et à s'imaginer qu'il pourrait même l'épouser.

_ C'est vrai. Et maintenant, si vous le permettez, je suis épuisé de la journée.

Elle se sentait si humiliée! Pourquoi diable l'a-t-elle proposé de la ramener chez lui? Sûrement parce qu'elle a cru que ce serait comme avec les autres masculins: prendre un verre, lui faire raconter ses secrets et flirter un peu, mais lorsque ça commence à aller plus loin, elle cherche une excuse pour se sauver. Mais cet homme était différente des autres et ça ne lui plaisait en rien.

Par Pure ArroganceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant