Chapitre 11

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_ Allez-y, miss Beverley.

Elle prit une inspiration avant d'ouvrir la bouche. Des questions, elle en avait des centaines, mais une seule lui perturbait depuis la veille.

_ Pourquoi votre ami m'a regardé l'autre jour en disant, je cite:" et surtout pense à ce que je t'ai dit?"

Apparemment, elle avait frappé dans le mille. Le voilà revêtir son masque impassible.

_ Parce que mon ami pense que vous êtes trop bien pour moi. Il n'a pas approuvé ma façon d'agir.

_ Lui il n'est pas dépourvu de bon sens. Les mariages par obligation ne sont plus d'actualité depuis longtemps. Pourquoi avoir...

_ Ça en fait déjà deux questions.

Devant elle, Ariana encaissait un regard énigmatique, comme s'il cherchait à voir à travers elle. Elle dût ravaler ses mots lorsque les bruits des pas retentirent de l'autre côté de la pièce. C'était Andréa, la mère de William qui apparut, aussi élégante que la veille dans une robe beige qui soulignait son corps mince. Elle avait l'élégance et l'arrogance de son fils dans sa démarche.

_ Bonjour, fit-elle en traversant le séjour pour les rejoindre.

_ Jouer la mariée amoureuse ne sera sûrement pas un problème pour vous, cara? chuchota William à l'adresse d'Ariana avant que leur mère les atteigne.

_ Maman, comment tu vas.

_ Très bien. Tu ne travailles pas?

_ J'allais te poser la même question.

Ariana resta silencieuse à contempler le portrait. La mère affective et le fils en quête d'affection. Elle l'enviait tellement! Elle qui ne se rappelle même pas avoir connu la sienne parce que celle-ci les a quittés, deux ans après sa naissance.

_ Ariana, comment vas-tu?

_ Très bien Andréa.

_ Je dois passer quelques coups de fil dans mon bureau, lâcha William en se levant.

Ariana hésita à le retenir. Comment pouvait-il la laisser seule avec sa mère? Elle ne pouvait même pas imaginer le flot de questions que celle-ci allait lui déverser.

_ J'ai hâte de vous présenter à toute la famille, fit Andréa lorsqu'elles furent seules.

Elle s'assit à côté d'elle et déposa son sac à main sur la table.

_ Ça a été un tel soulagement pour moi lorsque Bruno m'a parlé de ce mariage clandestin, continua-t-elle en souriant.

_ Personne ne s'y est attendu, en effet. J'ai supplié William de reporter le mariage pour notre arrivée ici, mais vous savez comment il est.

Soudainement, elle se sentait à l'aise, ouverte à toute sorte de discussion avec son interlocutrice. D'habitude, les belles-mères aussi élégantes n'appréciaient guère les compagnes de leurs fils, mais avec Andréa, c'était carrément le contraire.

_ Têtu comme une mule, dit Ariana en riant.

_ Oui, en effet. Il n'a jamais été doué pour les traditions. Mais je pense que s'il vous a épousé vous, continua calmement Andrea en posant délicatement sa main contre la sienne, c'est qu'il y a bien une raison.

Gênée par ce moment de sérieuse affection, elle retira lentement sa main, et sa belle-mère sourit.

_ Demain, j'organise une fête à la maison. Toute la famille sera là, rien que pour faire votre connaissance.

_ Je ne crois pas que ce soit une bonne idée...

_ Ne vous en faites pas. Les Portinàio sont des gens accueillants. Vous vous sentirez comme dans la famille.

_ William est au courant?

_ C'est lui qui m'a demandé de l'organiser. Il ne t'en a pas parlé?

_ Non... mais peut-être qu'il allait le faire ce soir.

_ Alors comment ça se passe?

_ Comme je l'ai imaginé, repondit William en s'appuyant contre le dossier de sa chaise.

_ J'espère seulement que cette femme ne s'attachera pas à toi et ta famille.

William serra les dents.

_ Ça n'arrivera pas. Ariana n'est pas comme les autres femmes.

_ Je l'ai remarqué Will, mais toi non plus tu n'es pas comme les autres hommes.

Et ils y revenaient encore. Manifestement son ami s'était décidé à ne pas se conformer a lui. Le fait qu'il lui rappelle à tout moment qu'il avait pris une mauvaise décision en décidant d'épouser Ariana commençait à le monter dans la tête. Bien sûr, il était son ami, son avocat et plus que ça, mais sa part de responsabilité s'arrêtait au contrat qu'il lui a soigneusement demandé de rédiger à l'intention du père de sa femme. Pour le reste, il était bien décidé de l'écarter.
S'il croyait pouvoir s'incruster dans son bureau pour lui faire la morale, il se trompait. D'abord, il n'arrivait pas à sortir cette femme de sa tête, ce qui le retardait largement dans son travail, il n'avait pas besoin d'être troublé plus que ça.

_ J'ai l'impression qu'elle ne te plaît pas, cette femme.

_ Je n'ai pas dit ça. Elle est juste trop parfaite pour toi...

_ Merci de me le rappeler à tout moment, mon ami, lâcha-t-il en se levant.

Il partit se poster devant la baie vitrée de son bureau, les mains en poche.

_ Jusque là, je ne vois pas ce qui t'inquiète. N'est-ce pas toi qui m'a convaincu d'aller à cette soirée?

_ Jamais je n'aurais cru qu'une telle femme pourrait t'intéresser.

_ Moi non plus, mais ne confonds pas les choses. Je me limite à l'attirance physique et rien de plus... et pour quelle raison je dois avoir cette conversation avec toi?

_ Pour la simple raison que je suis ton ami.

_ Ami n'est pas synonyme de thérapeute.

_ Depuis ton retour de Venezuela peut-être.

_ Fais très attention à ce que tu dis, lança-t-il avec un regard noir comme la braise.

A chacune de leurs conversation, son ami ne s'arrêtait qu'après avoir touché un point sensible et là, il venait de l'atteindre largement. Il n'y a rien qu'il détestait aborder comme son passé, chargé des mauvais souvenirs: la mort de sa femme, son addiction à l'alcool...
Il en suivit un silence rempli de reproches. Son ami se rendit compte qu'il n'était pas encore prêt à ressasser le passé et se tint à sa décision. Ils devaient tous deux passer à autre chose.
Conscient qu'il prêchait dans le désert, Bruno se leva. Il reconnaissait là, l'arrogance de William et il ne pouvait plus rien pour lui. Dès le départ il avait senti que cette femme apporterait des ennuis, mais à quel moment?
- Je t'aurais prévenu Will, cette femme n'est pas pour toi. Tu aurais dû la laisser à sa vie mondaine. On se voit demain, bien que je ne sais toujours pas pourquoi tu as organisé cette fête chez tes parents.

_ J'ai besoin que tout le monde sache que je suis à nouveau marié. Sinon les journalistes ne me lâcheront pas.

_ Et ça ne lui pose pas un problème qu'elle devienne le sujet de tous les médias pour les prochains mois?

_ Je ne lui en ai pas encore parlé.

Par Pure ArroganceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant