Plongé dans une faille obscure et éclatante, Sieg se sentait comme un étranger familier. Au-dessus de lui, une traînée d'étoiles scindait le ciel en deux parties plus lugubres, et l'éclat projeté par la poussière des astres était si rassurante qu'il se sentit comme chez lui. Dans son dos, le guerrier pouvait imaginer le sable qui courait sur ses dorsaux.
L'homme redressa la tête, tombant nez-à-nez avec un personnage étonnant. Une petite fille était agenouillée à ses côtés. Ses courts cheveux flavescents cachaient son visage ; et elle était si frêle, si tremblante, qu'il crut que le vent l'emporterait. De ses mains infantiles, elle construisait des structures en sable à la place des jambes qui lui manquaient.
« Serait-ce possible que tu sois Ymir ? »
L'étrangère familière s'arrêta, et il put voir sa bouche se tordre en une grimace attristée. Néanmoins, elle ne répondit pas. Elle ne répondait jamais.
Voyant que l'ancêtre de tous les eldiens continuait sa tâche, et ne comprenant pas pourquoi elle lui laissait une seconde chance de vivre ; il se mit à fixer la kyrielle d'étoiles qui illuminait cet endroit. Sieg devait se trouver dans le chemin, celui qui liait tous ceux de sa triste espèce. Ymir Fritz était-elle la gardienne de celui-ci ? Depuis combien de temps ?
S'il était là, aux portes de la mort, alors peut-être voulait-elle qu'il ne mette son plan à exécution. Il avait leur ancêtre de son côté. N'était-ce pas le signe qu'il avait pris la bonne décision ? En tant que descendant de la lignée royale, elle lui obéirait, et lui prêterait ses pouvoirs afin d'interrompre leurs vies martyrisées.
Son plan d'éradication douce serait le salut du monde.
La tête basse, celle qui avait vu l'univers hurler de manière sempiternelle travaillait sans relâche, avec l'application des esclaves ayant peur du fouet. Elle serait sienne, en étant rien ; rien de plus que son ombre.
***
Dans les couloirs de la geôle, les militaires s'agitaient comme une fourmilière attaquée. Le bruit courait qu'une guerrière avait infiltré le Bataillon ; mais qu'elle avait trahi Mahr pour soutenir Eren. Une trentaine de soldats armés marchait derrière la captive, accompagnée par l'enfant ignorante des dangers du monde.
« Je peux me considérer comme l'une des vôtres, alors ? Demanda Peak en s'adressant à l'ennemi de l'univers, marchant devant elle.
- On verra ça quand tu m'indiqueras où se trouvent tes complices. D'ici là, tu restes ligotée à la gamine. Si jamais te prenait l'envie de te transformer, tu la réduirais en miettes. »
La soldate se contenta de sourire face à la mise en garde du leader. Ils débutèrent leur ascension vers le toit, traversant la foule des partisans qui l'observait avec étonnement.
« C'est cette maigrichonne, la soldate Mahr ? Elle est dans notre camp ? »
À l'entente de ces questionnements, la jeune femme posa ses yeux vers la compagnie qui grouillait d'agitation. Elle croisa deux prunelles d'un bleu océan, plissés en sa direction comme pour vérifier qu'elle avait été bien traitée, et elle leva les bras au-dessus de sa tête.
« Salut ! Cria-t-elle en leur direction de manière enjouée. »
Arrivés devant la dernière porte, celle-ci s'ouvrit vers Shiganshina et le panorama de ses clochers. Pendant que la guerrière s'avançait vers le bord du toit, Eren demeura en retrait. Il n'avait pas confiance en cette femme. Il la savait dangereuse, du fait de sa vivacité d'esprit comme de ses capacités de combattante.
VOUS LISEZ
「À mon signal, déchaîne les enfers」
FanfictionOn leur avait dit de rester à leur place, de ramper au lieu d'espérer, de s'incliner face aux autres. Mais ils n'écoutent jamais, n'est-ce-pas ? Ils maudissent le destin, les lois, les rois. Leurs désirs, leur audace, leur démesure. Les seules plaie...