5 - Käfig

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Les ténèbres l'avaient engloutie. La douleur sourde se répercutait dans son crâne, comme des ondes sur l'eau atteignant chaque neurone qui constituait son système nerveux. Un gémissement de douleur s'échappa de sa gorge. Tout son corps était douloureux, engourdi, courbaturé. Elle sentait l'odeur de la boue et du sang sur elle. Elle ouvrit les yeux, et mit quelques secondes à s'habituer à la lueur qui rebondissait sur les murs gris. L'asiatique observa son environnement tout en évitant de céder à la panique qui s'était invitée dans ses entrailles.

Il n'y avait rien dans cette pièce. Un lit de fortune sur lequel elle était assise, et des toilettes à sa droite. Devant elle, des barreaux décoraient tristement le couloir composé d'une simple chaise. Elle pouvait deviner que la sortie était à sa droite, derrière le mur. Mikasa leva les yeux et remarqua que ses poignets étaient reliés à des chaînes suspendues en l'air, laissant des marques rouges et difformes sur sa peau endolorie.

Son ventre se noua. La captive tenta de bouger, mais la douleur causée par ses côtes cassées et ses muscles atrophiés dans cette posture lui fit pousser un râle. Sa cage thoracique semblait écraser de plus en plus ses organes, l'asphyxiant dans cette angoisse qu'elle pensait disparue avec l'expédition. Qu'avait-elle fait ? Pourquoi se retrouvait-elle ici ? Eren y était-il allé ? Seul le silence répondait à ses songes, elle ne pouvait entendre que sa respiration erratique et les battements incertains de son cœur. Soudain, une aiguille commença à gratter le fond de son œil gauche, et la blessée poussa un hurlement de douleur. Comme une possédée, elle secoua sa tête sur les côtés pour faire partir ce mal mais ses oreilles émirent un son continu, brûlant ses tympans. Lourd ou strident, elle ne savait pas vraiment ce qu'elle entendait. À présent, Ackerman avait l'impression qu'on enfonçait une lance dans sa rétine et sa vision se teinta de rouge. Elle se surprit à sangloter, seule, attachée, damnée. Elle voulait s'arracher les yeux et enlever ces foutues aiguilles, elle voulait arracher ses menottes pour mettre fin au contractions incongrues de ses épaules, elle voulait arracher ses côtes pour laisser un peu de place à son cœur confiné.

La soldate entendit des voix fuser par intermittence entre ces bruits qu'elle entendait, mais n'arrivait pas à reconnaître à qui elles appartenaient. Une chaleur inattendue se posa sur son visage et sa cuisse, mais au lieu de la rassurer, cela la fit paniquer. Son corps se mit à trembler dans tous les sens, la faisant d'autant plus souffrir. Soudain, une main fourra quelque chose dans sa bouche qui la fit s'étouffer, et elle ne pouvait plus respirer par le nez. Elle fut obligée d'avaler ce qu'elle cherchait à recracher, et toussa longuement. Mikasa avait l'impression qu'elle allait cracher ses poumons, et sa toux faisait claquer ses côtes.

Puis tout fut calme.

Sa respiration devint plus sereine. Progressivement, le bruit dans ses oreilles s'éteignit. Les aiguilles derrière ses pupilles disparurent. L'angoisse la quitta, comme un amant à l'aube. Elle put même entrouvrir les yeux et apercevoir Hanji au-dessus d'elle. Son visage était parsemé de rides inquiètes et agacées. Dans ses yeux, elle pouvait voir la passion de la découverte et de l'expérience.

« Sacré numéro que tu nous as fait là ! »

La voix criarde de la femme lui fit l'effet d'un coup de marteau sur le crâne, et elle grimaça.

« C'est peut-être un contre-coup de son pouvoir. »

Cette fois, son cœur fit un bond dans sa poitrine. Elle tourna la tête et plongea son regard dans les yeux gris du caporal Levi, qui l'observait d'un air haineux. La blessée passa de longues secondes à le regarder, fronçant les sourcils pour tenter de comprendre ses paroles. Mais elle ne comprenait pas. Elle tenta de demander ce qu'elle faisait là, pourquoi il l'observait comme s'il voulait la tuer mais elle ne put émettre que quelques grognements inaudibles. Ses yeux piquaient à présent, et son corps était tellement détendu que ses mains se coincèrent dans le fer des chaînes, qui craquèrent sous la pression.

「À mon signal, déchaîne les enfers」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant