L'horizon dessinait collines et champs flavescents à perte de vue. Aucun mur n'interrompait cette vision époustouflante, aucun géant ne menaçait la sérénité que dégageait la nature. Les montagnes, sur la gauche, s'érigeaient en roches sombres par lesquelles s'écoulaient des petites cascades, qui s'échouaient dans les turbides naissantes de ruisseaux impétueux.
Une jeune femme observait le paysage d'un air absent. Assise sur la terrasse d'un chalet en bois, ses pensées viscérales se dirigeaient vers un passé tumultueux. Qu'elle aurait aimé observer ce coucher de soleil avec les fantômes de sa jeunesse...
Elle les retrouvait toujours. Dans ses rêves, pendant que son compagnon râlait dans les tréfonds de ses songes. Dans la serpillière apaisée qui se tenait dans le coin du salon, et dont elle prenait soin de passer tous les jours – comme un rituel secret entre elle et feu sa meilleure amie. Dans les oiseaux qui s'envolaient loin de son foyer, dans leurs ailes qu'ils déployaient pour affirmer leurs ambitions. Dans les lunettes utilisées par un amant, dont la vue devenait moins aiguisée.
Le nouveau monde faisait sans cesse écho à l'ancien, et c'est en soupirant qu'elle remarqua que le Paradis ne s'était guère substitué à l'Enfer.
« Oï, à quoi tu penses ? On dirait que tu as vu un fantôme. »
Levi Ackerman prit place aux côtés d'une vétérane, et ses deux doigts vinrent gratter le cuir chevelu de sa compagne. Celle-ci s'illumina de manière enjouée, et elle posa sa tête contre son épaule. Il eut la conviction qu'il ravagerait le monde, pour qu'elle garde ce sourire idiot.
« Je pensais pas à grand-chose. Ce matin, une vieille m'a fait un scandale dans la boutique car il n'y avait pas de fil carmin. Je me suis retenue de la foutre dehors.
- Je suis content que tu aies repris la broderie, vu à quel point tu me saoulais avec...
- Je te saoulais avec ? Monsieur Ackerman, vous étiez celui qui me suppliait de lui broder sur sa veste militaire « le thé est au café ce que la fleur est à la merde ». Ce qui, au passage, ne veut pas dire grand-chose.
- Tu oses critiquer mon proverbe ? »
Les deux amants souriaient de manière amusée, et lorsque les mains du soldat vinrent chatouiller les côtes de la brune, elle explosa d'un rire cristallin. Cette sensation flottante qui berçait leurs deux cœurs était une douce mélodie qui ponctuait leur quotidien.
« Arrête, Jean et Armin vont bientôt arriver ! S'écria-t-elle en se tortillant.
- Bordel mais je vais leur faire payer un loyer si ça continue. »
Un raclement de gorge interrompit les taquineries d'un couple. Dans le coin de la maison, Armin souriait d'un air apaisé, tandis que Jean caressait les naseaux d'un cheval. Ce dernier avait les yeux rivés sur la bête pour ne pas assister à la scène romantique.
« Je suis heureux de vous revoir, vous deux.
- Bonjour major Arlert, le taquina Mikasa en souriant. Salut Jean !
- Vous voulez du thé ? Ronchonna l'enfant des bas-fonds.
- Non merci. Comment ça va, de ton côté Levi ?
- Les nouvelles recrues sont des tanches qui sont incapables de nettoyer un bâtiment correctement. La plupart veulent s'occuper de la sécurité intérieure, vu qu'il n'y a pas beaucoup de menaces aux alentours. Mais ils pensent que savoir tirer au fusil ou utiliser un équipement tridimensionnel est suffisant pour survivre.
- Ils n'auront pas à faire face aux mêmes menaces que nous. La société évolue, c'est normal. Affirma Jean en délaissant l'équidé.
- Les titans sont toujours refilés de manière générationnelle. Il suffit que l'un des détenteurs pète un câble pour qu'ils y soient confrontés, ils doivent être prêts. D'ailleurs, tu le files quand à Nikolo, le tien déjà ?
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「À mon signal, déchaîne les enfers」
FanfictionOn leur avait dit de rester à leur place, de ramper au lieu d'espérer, de s'incliner face aux autres. Mais ils n'écoutent jamais, n'est-ce-pas ? Ils maudissent le destin, les lois, les rois. Leurs désirs, leur audace, leur démesure. Les seules plaie...