Mikasa émergea doucement de la surface de l'inconscience. Elle prit conscience de son corps comme lorsqu'on respire enfin après de longues secondes immergé sous l'eau : brutalement. Son abdomen semblait alors brûler, et la jeune femme avait l'impression de cuire de l'intérieur. Elle ne put étouffer la plainte que lui arracha la douleur. La brune entrouvrit les yeux, mais les referma immédiatement après. La lumière était encore trop vive pour ses prunelles habituées à l'obscurité. Elle grogna et tenta de se reconnecter avec ses sens. La blessée n'entendait rien, avait encore le goût du sang dans la bouche, sentait la transpiration et la mort. Elle put bouger les orteils, et le soulagement abaissa douloureusement ses épaules. Cela signifiait que sa moelle épinière n'était pas touchée. La brune tenta d'observer son environnement à travers ses cils. La pièce était un bordel qu'elle n'arrivait pas à quantifier. Il y avait des flacons, des pots et des ustensiles partout sur les différentes étagères. Des papiers semblaient recouvrir de manière aléatoire l'ensemble de la salle.
Un mouvement sur sa cuisse attira son attention. Elle ouvrit un peu plus les yeux et observa la touffe brune qui dormait sur elle. Son cœur fit un saut en parachute dans sa cage thoracique, et elle se redressa d'un coup, les joues rouges. Son ventre se tordit sous la douleur, et elle poussa un petit cri en se pliant en deux. L'homme sur ses genoux se redressa précipitamment, puis elle croisa deux prunelles émeraudes paniquées.
« Mikasa, fais attention ! »
Eren vint soutenir son dos pour limiter les contractions de ses abdominaux, et son cœur ralentit la cadence. Pourquoi se sentait-elle déçue ? La soldate était heureuse de voir que son frère l'avait veillée, mais elle s'était attendue à une autre personne. Il l'étreignit avec force, et elle posa ses mains dans son dos. L'odeur de la personne qui comptait le plus pour elle la frappa de plein fouet, et ses yeux s'humidifièrent sous l'émotion.
« J'étais tellement inquiet... Quand Armin m'a dit comment il t'avait retrouvée, j'ai eu peur pour toi...
- Il s'est passé combien de temps depuis ?
- Cinq jours. »
Cinq jours. L'annonce eut l'effet d'une douche froide. Le visage de Reiner Braun prit toute la place dans ses pensées. Elle ressentit la sensation d'avoir sa lame qui déchirait ses entrailles, et son visage se tordit en une grimace douloureuse.
« Il faut que je parle au major immédiatement, Eren.
- Je vais le chercher. »
Le garçon-titan lui jeta un dernier regard avant de fermer la porte de l'infirmerie, et elle se retrouva seule. Elle souleva le drap qui recouvrait son corps et tenta d'observer les dégâts que son corps avait subi. La brune ne put que voir une grosse compresse qui s'enroulait autour de son abdomen. Elle tenta de la soulever pour apercevoir sa blessure, mais sa peau colla contre l'adhésif et lui provoqua une légère grimace de douleur. Elle verrait bien plus tard.
Mikasa poussa un soupir et fixa la porte devant elle. Elle avait cru que le caporal l'avait veillée et s'était assoupi sur elle. Son cœur accéléra la cadence à cette pensée. La jeune femme secoua la tête, trouvant ses espoirs et ses attentes pathétiques. Déjà, elle doutait que cet homme ait besoin de sommeil. Puis, le soldat avait d'autres choses à faire qu'à être à ses côtés. Il devait même ignorer son état. Un second soupir passa entre ses lèvres sèches. Elle se traîna sur le lit pour s'adosser au mur, tout en ayant l'impression que ses mouvements la déchiraient de l'intérieur.
La blessée soupira une énième fois, et fixa un point vide dans la pièce. Elle tenta de se souvenir des événements d'il y a cinq jours. L'asiatique se souvenait de sa discussion avec Jean, des blagues de Sasha et du regard doré glacé de Reiner. Elle frappa son front plusieurs fois, comme si cela déclencherait quelque chose dans son cortex. Qu'avaient-ils dit ? Comment en étaient-ils arrivés là ? La survivante savait qu'au moment où elle tombait dans l'inconscience, elle regrettait de ne pas avoir eu le temps de parler au major... Elle regrettait de ne pas pouvoir les prévenir, les protéger. De quoi ? De Reiner et Berthold, mais pourquoi ?
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「À mon signal, déchaîne les enfers」
Fiksi PenggemarOn leur avait dit de rester à leur place, de ramper au lieu d'espérer, de s'incliner face aux autres. Mais ils n'écoutent jamais, n'est-ce-pas ? Ils maudissent le destin, les lois, les rois. Leurs désirs, leur audace, leur démesure. Les seules plaie...