Après leur répétition, Loïk m'a proposé de faire un tour. Je n'ai pas pu refuser. De toute manière, il était hors de question que je rentre chez moi. Cette fois, il m'a emmené sur le toit d'une usine, fermée depuis plus de dix ans. De là où nous sommes, nous apercevons le quartier industriel et toute son activité.
- Je viens ici quand j'ai besoin de prendre l'air, me confie-t-il en écartant les bras.
Il s'assoit sur le rebord, les pieds dans le vide et je le rejoins, posant mon sac à côté de moi. Il sort du sien deux canettes de bière et m'en tend une.
- Tu sais que tu fais boire un mineur ?
- Je sais.
On trinque, bois et mon regard se perd sur les ouvriers. Je dois me focaliser sur autre chose que les garçons qui l'accompagnaient sur scène. Mais lui poser la question est trop tentant. J'ai besoin de savoir.
- C'était qui le garçon qu’Esteban à appelé ''mon cœur'' ?
- Pravin, son copain. On se connaît tous les quatre depuis un moment.
- Pourquoi tu m'as jamais parlé d'eux ?
- Tu ne m'as jamais demandé si j'avais d'autres amis qu'Uriel et Mel.
- Un point pour toi. Du coup, tu es le seul de tes amis à être célibataire ?
- Ne me parle pas de malheurs !
Son rire m'aide à me sentir plus léger, mais je ne parviens pas à oublier la dernière conversation qui s'est déroulée chez moi.
- Tu t'es disputé avec ton père ?
Il me regarde, inquiet.
- C'est si évident que ça ?
- Un peu. T'as presque pas dit un mot dans l'usine.
- Mon père veut m’emmener chez le psy.
Loïk se mord la joue et tourne le visage vers la rue en bas.
- Faut pas avoir honte de demander de l'aide. Moi-même, j'ai été chez un psy.
- Toi ? Mais... Pourquoi ? Enfin, t'es pas obligé de me le dire si tu n'as pas envie.
Il secoue sa tête avec un petit sourire et reprend une gorgée. Sûrement pour s'aider à parler.
- Quand j'étais ado, j'ai rapidement compris que j'étais pas comme les autres garçons. Je courais pas après les filles. Quand j'ai compris que j'étais pansexuel, mes... Mes parents ont voulu me ''soigner'', mime-t-il avec des guillemets. Parce que j'ai eu l'audace de leur dire. Mais, dans une famille ultra tradi', ça ne se fait pas. Ils m'ont envoyé voir des médecins, des psychiatres et des prêtres. Comme si j'étais habité par un démon. Au bout d'un moment, ils ne savaient plus quoi faire de moi. Alors quand j'ai eu dix-huit ans, ils m'ont foutu dehors. Personne pouvait m'héberger. Pas de famille, j'étais déjà mort pour eux. Et de mes amis, Uriel était le seul qui pouvait. Mais pas à ce moment-là. Il avait trop de problèmes à gérer lui aussi.
Je me rapproche de lui et prends sa main dans la mienne. Je veux qu'il comprenne que je ne le juge pas et que je ne le ferais jamais.
- C'est horrible de vivre dehors. J'y ai passé que sept mois et j'ai bien failli y rester. Plus d'une fois... Quand Uriel a pu me laisser venir chez lui, j'ai... J'ai fait une dépression. Parce que j'arrivais pas à croire que j'avais enfin un toit sur la tête. Et c'est à ce moment-là, que je suis allé consulter. Une bonne psy. La même que lui. Elle m'a beaucoup m'aider et grâce à elle, j'ai pu affronter mes parents et revoir mes frères. Pour leur montrer celui que j'étais devenu.

VOUS LISEZ
Je te dirai que je t'aime
Teen FictionTome 1 // Monde plus beau Tristan mène sa vie comme il l'entend. Sans pour autant se donner le droit à l'erreur. Il doit prendre soin de ses proches. Surtout de Noé, son petit frère. Sa rencontre avec Loïk est sur le point de tout bousculer. Ce mot...