Nous ne sommes pas rentrés chez nous depuis samedi dernier. Et nous sommes mardi. Ça n'a même pas choqué notre père. Il ne nous a ni appelé, ni envoyé un seul message. À croire que ça l'arrange de ne plus avoir à s'occuper de nous.
Ce qui m’embête davantage dans cette histoire, c'est que Melkior et Uriel sont obligés de nous héberger puisque Loïk ne peut pas à cause de Vick. Et ça semble agacer Melkior bien plus que son petit-ami.- Tu crois qu'on va rester ici combien de temps ? me demande Noé en avalant la fin de son cookie.
- Je ne sais pas. On partira sûrement quand ils en auront marre de s'occuper de nous.
Il relis plusieurs fois la réponse qu'il a trouvé pour son exercice de maths et me regarde.
- Je les aime beaucoup. Ils sont gentils.
- Moi aussi, je les aime bien. Mais je crois que ce n'était pas dans leur projet d'avenir d’héberger deux ados.
On les entend hausser le ton dans la cuisine et la porte se ferme. Ils n'ont plus d'intimités depuis que l'on a débarqué. Et j'ai l'impression que c'est de ma faute.
- Tristan ?
- Oui ?
- Pourquoi tu ne vois plus Loïk ?
Je hausse des épaules. Je ne sais pas vraiment, même si nos emplois du temps y sont vraisemblablement pour quelque chose.
- Ça devient compliqué avec le lycée et son boulot.
- Mais avant, tu le voyais plus. Pourquoi maintenant, c'est différent ?
- Je ne sais pas.
Mon portable sonne sur la table et nos regards se croisent. Notre père. Je me lève pour m’éloigner de Noé et répondre. Je suspends mon doigt au-dessus de l'écran. J'ai peur de répondre. Puis je m’éloigne plus loin dans un couloir pour décrocher. Personne ne m'entendra ici.
- Vous êtes où, putain ? grogne mon père.
- C'est seulement maintenant que tu t'inquiètes pour nous ? Bravo la figure paternelle...
- Me parle pas comme ça.
- Je te parle comme je veux.
Un long silence passe, où je n'entends que les battements frénétiques de mon cœur.
- Rentrez à la maison, ordonne-t-il.
- Non. Non, on ne rentrera pas.
Puis je l'entends rire. Son rire m'arrache un horrible frisson.
- Noé a cours demain matin, non ? Qu'est-ce que tu dirais si je venais le chercher à ta place ?
- J'en dis que tu n'as pas les couilles de te montrer dans cet état.
Et il raccroche aussitôt. Je me laisse glisser contre le mur, m'asseyant sur le parquet et ramenant mes jambes contre moi. Et si, justement, il avait les couilles d'y aller ? Et si le seul moyen pour moi de revoir Noé était de le voir lui ? Je ne veux pas avoir à faire ce choix. Puisque je sais d'avance lequel je prendrais. Ce sera Noé. Toujours.
- Tristan, ça va ?
Je lève la tête et tombe sur Melkior, qui croise les bras. Depuis ma place au sol, il semble encore plus grand que d'habitude. Il vient s'asseoir à côté de moi et me donne un léger sourire.
- Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Mon père vient de m'appeler et il veut que l'on rentre chez nous.
- N'y vas pas.
- Si je refuse, il s'en prendra à Noé, et ça, je ne peux pas.
- Ton père ne fait que te menacer.

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Je te dirai que je t'aime
Novela JuvenilTome 1 // Monde plus beau Tristan mène sa vie comme il l'entend. Sans pour autant se donner le droit à l'erreur. Il doit prendre soin de ses proches. Surtout de Noé, son petit frère. Sa rencontre avec Loïk est sur le point de tout bousculer. Ce mot...