Je ne sais pas ce qui m'a poussé à ne pas prendre le bus, mais je suis content de pouvoir marcher et écouter de la musique sans risquer de me faire emmerder. Peut-être que j'essaie de retarder le moment où je devrais montrer ma convocation dans le bureau du CPE à mon père, suite au coup que j'ai donné à William. J'espère juste qu'il comprendra la raison.
Le son rythme mes pas et mes mains bougent à chaque parole. Je marmonne plus que je ne chante et pourtant, je les connais par cœur. De l’extérieur, j'ai sûrement l'air d'un idiot, mais là, j'en ai rien à faire. Je suis dans mon monde et rien ne pourrait m'en faire sortir.
J'entends subitement un bruit puissant qui ne vient pas de mon casque. Je l'enlève pour savoir son origine et je n'ai pas le temps de tourner la tête pour voir ce qu'il vient, qu'une moto me percute à la cuisse dans un bruit de freinage sourd. Je m’écroule de tout mon long sur le bitume.
- Oh, mais c'est pas vrai ! crie une voix. Putain !
Il faut quelques secondes pour me rendre compte de ce qu'il vient de m'arriver. Sans bouger, je contemple le motard descendre de son véhicule en pestant.
- Tu ne pouvais pas regarder la route ?!
Il jure encore une fois et enlève son casque en se tournant vers moi.
- Merde ! J'ai percuté un gosse !
Qu'est-ce que j'ai fait dans ma vie pour mériter un tel truc ? Il se penche vers moi, recouvrant le soleil avec sa tête. Le coup que j'ai reçu m'a sûrement fait perdre la tête. J'ai l'impression de voir un ange entouré d'un halo de lumière. Ses cheveux blonds brillent, partent dans tous les sens et ses yeux vairons sont particulièrement troublant. Je déglutis et une douleur me tire subitement à la cuisse. Mes yeux me piquent affreusement.
- Ça va ? Tu peux bouger ? Dis-moi que tu n'as rien de cassé... s'adresse-t-il à moi plus doucement.
Je fais non de la tête, sans avoir mal au dos ou à la nuque. Je crois que pour ça, je dois m'estimer heureux.
- Je.. Je vais appeler les pompiers. Bouge pas !
Hors de question que je finisse à l’hôpital. Quand il récupère son portable pour passer l'appel d'urgence, je prends appui sur mes mains pour me redresser. Mes paumes me brûlent, mais je finis par m’asseoir en gémissant.
- Oh merci, t'es assis ! s'exclame-t-il. Tu as mal à la tête ? Au dos ? Au cou ?
- Non... Seulement aux mains.
Il pose son casque sur le sol pour s'agenouiller et prend mes poignets entres ses doigts gantés.
- Je suis con aussi... J'aurais dû regarder la route. Heureusement que je roulais à cinq... Je n'imagine pas les dégâts, sinon.
Il récupère toutes mes affaires éparpillées autour de nous et me les rend. Seule ma carte scolaire reste quelques secondes de plus entre ses mains avant qu'il ne me la tende également.
- Tu peux te mettre debout, Tristan ? demande-t-il en m'aidant à mettre mon sac.
Ma tête bouge un peu d'elle-même et il passe mon bras derrière sa nuque pour m'aider à me remettre sur mes pieds. Mon autre main s’accroche à sa veste épaisse de motard. Sa musculature dépasse sans problème toutes celles des garçons du lycée.
- T'as une sacrée poigne...
Je retrouve assez facilement mon équilibre et il me relâche en riant. Son rire est nerveux.
- Si je te laisse repartir dans cet état, je vais m'en vouloir, me fait-il savoir. Je connais un endroit où je pourrais soigner tes mains et te payer une boisson pour me faire pardonner.

VOUS LISEZ
Je te dirai que je t'aime
Novela JuvenilTome 1 // Monde plus beau Tristan mène sa vie comme il l'entend. Sans pour autant se donner le droit à l'erreur. Il doit prendre soin de ses proches. Surtout de Noé, son petit frère. Sa rencontre avec Loïk est sur le point de tout bousculer. Ce mot...