16.

1.9K 202 98
                                    

Je crois que je pourrais difficilement me passer de ces soirées avec Loïk. On ne fait pas de choses particulières. Mais rester dans son canapé à regarder la télé pour échanger nos connaissances cinématographiques, me suffit amplement. Et ce soir, The SnowPiercer y passe. Il ne l'a jamais vu, à mon plus grand bonheur.

- Tu imagines, toi, passer ta vie dans un train ?

- Le Poudlard Express me plairait bien.

- J'avoue que là, ça serait pas mal.

Il se lève du canapé pour débarrasser le carton de pizza, me privant de sa chaleur. J'avise mon portable sur la table basse. J'ai encore dû mentir à mon père pour pouvoir être ici et une soirée avec mes amis fut la meilleure excuse que je pouvais trouver. Le canapé s'enfonce quand il reprend sa place et il m'entoure de ses bras, me faisant revenir vers lui.

- J'adore ta nouvelle couleur, chuchote-t-il en embrassant ma nuque.

J'ai opté pour un bleu pastel, qui a fait lever les yeux au ciel mon paternel. Pourtant, il m'a tout de même dit que ça m'allait bien. Donc je suis satisfait de mon choix.
Un frisson remonte dans mon dos quand Loïk souffle sur ma peau.

- Tu sais ce que j'aimerai bien ?

Je secoue la tête, sans quitter l'écran des yeux.

- Te montrer à quel point tu me plais.

Mes yeux croisent les siens et mon cœur bat plus vite. Lui aussi me plaît, je le lui ai prouvé plus d'une fois. Pourtant, je ne l'ai jamais dit à voix haute et j'ai peur qu'à force, tout ça n'ait plus de sens pour nous. Qu'un beau jour, on se regarde dans les yeux en se disant que notre relation ne marchera plus.
Pour faire taire mes doutes, je viens prendre possession de ses lèvres. Il passe sa main dans ma nuque, qu'il glisse peu à peu dans mes mèches bleutées.

- Est-ce que je t'ai dit que j'adorais ?

- Redis-le.

- J'adore...

Il ne m'en faut pas plus pour grimper sur ses cuisses et quémander un autre baiser. Cette fois, plus fiévreux. Ma langue réclame l'accès à la sienne et elles se rencontrent dans un gémissement étouffé. Ses mains passent sous mon haut pour venir caresser la peau de mon dos et je me tiens plus près de lui, se faisant se rencontrer nos bassins. Et accessoirement nos érections. Il suffit qu'il fasse peu pour éveiller le désir que je ressens pour lui. Ses mains abandonnent mon dos pour se poser sur mes hanches et il me recule un peu.

- Tristan... Il faut que je t'avoue quelque chose.

Vu son intonation, il a quelque chose de sérieux à m'annoncer alors j’instaure une distance plus raisonnable, sans pour autant quitter ses jambes. Je suis trop bien placé.

- Je t'écoute...

- Si tu veux qu'on aille plus loin ensemble sur le plan sexuel, j'ai des choses à te dire. Tout d'abord, il faut que tu saches que ce qu'on partage est déjà super, si tu ne veux pas de plus, il n'y en aura pas. Ensuite, si jamais tu as envie de passer aux choses plus... Sérieuses, je veux te rassurer en disant que je l'ai déjà fait. Dans les deux sens.

En soit, je suis un peu déçu. Je ne pourrais rien lui offrir de plus que ce qu'il a déjà vécu avec d'autres personnes. J'aurais aimé, je pense, partager quelque chose d'unique avec lui. Qu'on ait une vrai première fois.
Son baiser n'est qu'une caresse et il sourit aussitôt.

- J'aurai bien dit des choses plus profondes, mais je crois que ce serait mal passer.

Je pouffe avec lui et descends de ses jambes, quelque peu refroidit par ses mots. Il n'a pas le temps de dire autre chose, que son portable se met à sonner. Il le récupère avec un soupire et son regard change radicalement. Il se lève pour répondre, ce qui m’empêche de lui poser des questions sur son interlocuteur.

- Qu'est-ce que tu veux ? Oui... J'ai vu le faire-part. Quoi ? Tu crois que je vais débarquer comme ça, tout beau, dans un beau costume et faire croire à toute la famille que j'ai changé grâce à eux et à leur bon soin ? Emanuel, je sais que c'est le fils de Laurent, mais... Je peux pas juste venir comme ça et sourire à tout le monde. Tu... Quoi ? Non ! Hey... Salut ma puce ! Tu peux me repasser ton papa, j'ai des choses importantes à lui dire... La prochaine fois que tu utilises ta fille sur moi, je te jure que... Oui. Merde.

Il s'écroule sur le canapé, un bras en travers du visage. Je n'ai aucune idée de ce qu'il vient de se passer, mais ça semble l'affecter de bien des manières et il semble vraiment avoir besoin d'en parler.

- Mon neveu fait sa communion et je suis invité. Bizarrement, je le suis toujours quand on va dans un lieu sacré. Au cas où le démon serait encore en moi et pourrait se manifester.

Il plaisante avec un rire amer. Je ne peux que me rapprocher de lui et prendre sa main dans la mienne.

- Tu as combien de frères ?

Il repose sa tête sur le dossier et m'observe avec tendresse. Parler de ses frères ne semble pas le perturber tant que ça.

- J'ai quatre frères. Laurent, Emanuel, Romuald et Fabien. Laurent est marié, médecin et papa de deux enfants. Emanuel est militaire et marié, papa d'une petite fille. Romuald est en étude de chirurgie et Fabien étudie le droit. De tous, c'est moi le vilain petit canard. Pansexuel, musicien et serveur.

- Ils devraient malgré ça être heureux pour toi...

- Ma petite existence est tellement insignifiante pour eux. Je ne vois pas pourquoi ils m'invitent.

- Tu vas y aller ?

- J'ai pas trop le choix. Je veux quand même voir les gamins grandir.

- Et si je venais avec toi ? lui proposé-je.

Il sourit et quitte le canapé. Télécommande en main, il éteint la télévision et m'invite à venir le rejoindre dans la chambre. De toute manière, je n'avais plus suivis beaucoup de choses du film. Il se débarrasse de ses vêtements et je fais de même pour les miens. On se retrouve sous sa couette, son bras autour de ma taille. Il prend la peine d'allumer sa lampe de chevet. Juste pour moi.

- Du coup...

- Si tu viens, il va falloir t'attendre aux interrogatoires, aux remarques hautaines ou insultantes.

- Ça me fait pas peur. On sera là pour se soutenir l'un l'autre.

Sa main se balade distraitement le long de mes côtes et je frémis contre lui.

- Alors j'espère que tu as un costume parce que c'est le dress-code de chaque réunion.

- Je ne suis pas adepte des chemises et des pantalons cintré.

Il me pousse à m'enfoncer dans le lit et se redresse avec ses avant-bras, plongeant son regard dans le mien.

- Tu dois être tellement sexy en costard.

- Je n'ose pas imaginer pour toi...

Il mordille sa lèvre et m'embrasse langoureusement. Je me laisse couler dans ses bras, complètement happé par ses gestes tendres.
Sa famille... Je vais sérieusement rencontrer sa famille.

Je te dirai que je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant