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Ça fait maintenant plusieurs mois que ma mère nous a quitté. Mais c'est toujours aussi douloureux. Je continue de me réveiller en pleine nuit après un cauchemar où je la vois et Noé a toujours des terreurs nocturnes. Je crois que l'on ne s'en remettra jamais vraiment. Notre père semble être celui qui s'en sort le mieux. Si on oublie que sa consommation de boisson a grandement augmenté. Ce qui m'oblige à passer moins de temps avec Loïk et plus avec ce qu'il reste de ma famille. Je ne peux pas me résoudre à abandonner mon petit frère.
Mon portable vibre dans ma poche, me sortant de ma bulle.

" On se voit ce soir ? ❤ "

Je souris en jetant la fin de ma cigarette avant de lui répondre.

"Désolé, pas ce soir. Je vois ma bande.🥳🥳 "

"Amuse toi alors." "Je compte bien profiter de toi ce week-end. 😏"

"Seulement si j'ai pas trop la tête dans le cul demain. 😖"

" T'as pas intérêt 😗🖕 "

" 😗🖕 "

Je replace mon bonnet sur ma tête en riant et entre dans le lycée, grimpant les escaliers pour rejoindre les autres. Ils sont tous déjà là, parés à assumer un contrôle de maths. Je préfère les faire changer de sujet, sachant que mes notes sont de plus en plus catastrophiques.

- Qui vient à la soirée ? Demandé-je, tout sourire. Vous êtes obligés de venir. Faut bien décompresser après un contrôle qui risque fort d’être foireux.

Arllem secoue la tête pour une raison que j'ignore. Je lui donne une tape dans le dos et me tourne vers le petit couple.

- Et vous les tourtereaux ?

- Toujours partant ! répondent Lou-Anne et Adam.

J'espère ne jamais être aussi lourd qu'eux en ce qui concerne ma relation avec Loïk.

Arllem semble plus qu'attiré par mon bonnet. Davantage parce que je lui avais fait part de mon envie de changer encore une fois de couleur de cheveux.

- Monsieur Asselin, votre bonnet.

Je le retire en faisant une grimace à la surveillante qui disparaît dans un autre couloir. Arllem ne cache rien de son expression de surprise en me voyant avec une coloration auburn. Ça semble lui plaire. Alors je n'imagine pas la tête que fera Loïk en me voyant.

Notre prof choisit ce moment pour apparaître les sujets sous le bras. Encore une note de merde qui m'attend. Je profite de l'attroupement du reste de notre classe pour prendre Arllem à part.

- Tu vas venir à cette soirée, car tu n'as pas le choix et je te jure que là-bas, tu vas rencontrer l'homme de ta vie, déclaré-je, ma main sur sa poitrine.

Il me remercie d'un bref sourire et se dégage de mon emprise pour prendre sa place. J'adore le faire tourner en bourrique en ce moment. Surtout qu'il ne s'en est jamais plaint.

Je prends ma place et le prof commence à distribuer les sujets puis il nous autorise à les retourner. Je vois les autres stresser. J'aurai de la chance si je ne redouble pas cette année. Surtout que je déteste utiliser ce qu'il m'est arrivé comme excuse pour foirer. Je foire, je foire. Point. Les regards désolés des profs m'ont suffi pendant deux jours. Après ça, j'ai arrêté de les remercier pour leurs excuses.

Toute la classe sursaute quand un surveillant entre dans la classe en s'excusant. Il chuchote quelque chose au prof et ceux du premier rang se penche en avant pour entendre quelque chose. Quand le surveillant quitte le bureau, je vois le stress chez les autres revenir, mais il s’arrête à la porte et invite quelqu'un à entrer. Le fameux nouvel élève qu'on attendait depuis maintenant une semaine et que j'avais oublié l’existence comme beaucoup d'autres apparemment. Le silence dans la salle est brisé par le stylo d'Arllem qui roule jusqu'aux pieds de ma table, mettant de l'encre partout. Je le ramasse pour le lui rendre, mais il ne me regarde pas. Il est déjà sous le charme du petit nouveau et en oublierait presque de respirer.

Le nouveau nous fuit tous du regard. Il sait très certainement qu'il est jugé par tout le monde. Il fuit même le simple contact de la main du surveillant sur son épaule. L'homme s'excuse et sort de la salle en saluant le prof. Par obligation pour trouver une place, il lève la tête et je lui fais signe de s’asseoir à côté de moi. Ce qu'il fait.

- Je m'appelle Tristan, c'est quoi ton nom ? me présenté-je en murmurant face au regard sévère du prof.

Il ne me répond pas immédiatement, comme s'il attendait de trouver une bonne réponse et se débarrasse simplement de son sac qu'il pose à ses pieds. Il soupire puis me répond.

- B-Brevan.

Il bégaie un peu, sûrement du à son stress de nouveau débarqué de nul part. Le prof nous surprend à bavarder et je lui offre mon regard le plus triste. J'aime pas utiliser cette excuse, mais j'ai envie d'en savoir un peu plus sur Brevan. Alors le prof annonce finalement que le contrôle est reporté à la semaine prochaine et que le sujet que nous avons devant nous servira d’entraînement.

- Cool et original le prénom. Un peu comme celui de mon cher petit Arllem juste derrière.

Si tu foires ton coup Arly, je t'en colle une.

Pour voir quel visage associer au nom, Brevan se retourne et je le suis. Arly le regarde simplement. Sans même le saluer. C'est étrange. J'ai l'impression qu'il ne le regarde pas comme tous les autres garçons. C'est comme s’il ressentait quelque chose de différent. Brevan se contente de le sonder et se retourne de nouveau vers le tableau.

- Désolé... Il est plus bavard d'habitude, chuchoté-je.

- C'est pas grave, répond-t-il sur le même ton. Les gens ne parlent pas trop avec moi de toute façon.

Il me sourit un peu et je remarque une longue cicatrice sur sa joue gauche. Ce n'est pas juste une coupure due a une blessure. Elle a été faite volontairement.

Le cours se passe plutôt lentement et je ne peux pas poser de questions à mon nouveau voisin sans un regard réprobateur du prof.

La fin du calvaire sonne enfin et tout le monde se dépêche de sortir pour rentrer chez soit et profiter du week-end. Sauf moi. Je prends tout mon temps pour ranger mes affaires et offrir un sourire à Arllem.

- Brevan, ça te dirait de venir à une fête ? Je connais bien la personne qui l'organise.

Il secoue simplement la tête pour répondre.

- Oh aller... Je suis sûr que tu vas t'amuser et puis ça sera pour toi l'occasion de rencontrer du monde.

Brevan ne dit toujours rien et range le reste de ses affaires. Ses doigts tremblent sur les bretelles de son sac.

- N-non, non. Vraiment. Et p-puis ma mère m'attend.

Il quitte la salle, sans même un regard pour nous.

- Un vrai mystère ce garçon... soupire Lou en passant une main dans ses cheveux.

- N'empêche que notre petit Arly a craqué pour ce mystérieux garçon aux cheveux de jais, ajout Adam en fixant longuement notre ami.

- Et c'est tout à son honneur. Il est plutôt mignon.

Je vois Arllem s'éloigner un peu rapidement et je décide le ramener vers moi en passant un bras derrière ses épaules.

- Va voir son profil sur les réseaux et demande lui son numéro. N'attends pas l'apocalypse pour le faire.

- Merci le coach en séduction.

- Mais je t'en prie.

Il veut s'éloigner encore une fois et je le retiens par la taille. Ce qu'il est obstiné.

- Et invite ta frangine pendant que tu y es.

J'adore voir la tête qu'il fait quand je lui dis ça.

- Elle est au collège...

- Mais je te parle pas de petit Lu'. Je te demande de proposer à Guy.

- Guylane ne t'aime pas Tristan.

- Faux ! C'est juste qu'elle le sait pas encore.

Je l'abandonne sur le parking pour prendre le bus avec Lou-Anne. Depuis l’arrêt du bus, on le voit s'approcher de Brevan et discuter avec lui.

- Je te donne ma main à couper qu'ils sortiront ensemble.

- Je vais pas parier puisque c'est évident.

Ça l'est peut-être même un peu trop.

Je te dirai que je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant