Comme à mon habitude, je déambule dans l'atrium de l'université, profitant du parfum des fleurs qui embaume, porté par le vent léger et la chaleur du soleil de cette fin d'été. C'est une nouvelle année qui commence, avec son lot de vicissitudes, de cours et de nouvelles rencontres.
C'est ma dernière année à l'université. Quand j'aurais fini mes examens, je rentrerai enfin chez moi. Non que la vie dans ce pays soit mauvaise, mais ma patrie me manque, la façon de penser me manque. Ici, seul compte le statut social aux yeux des gens. Le paraître est plus important que l'être, et j'ai vraiment du mal avec ça. De même avec cette idée que les plus forts doivent dominer ou qu'être différent est une tare. Certes, je ne suis mis à mal par aucune de ces considérations – ou presque –, mais c'est épuisant de voir les gens se comporter ainsi. Ce n'est pas naturel pour moi, ce n'est pas ainsi que ma mère m'a élevé.
Mais, à son décès, quand mon père m'a dit que j'allais venir étudier dans son pays natal, afin d'élargir un peu mes horizons, je me suis dit que ça pourrait être une bonne chose, que ça me serai de toute façon bénéfique. Même mon grand-père maternel était d'accord. Et puis j'avais besoin de voir autre chose pour faire mon deuil. Alors certes, à présent, je sais, pour l'avoir expérimenté et pas seulement lu, que les pays peuvent réellement avoir des cultures radicalement opposées, mais ça ne m'aura apporté qu'une chose : l'amour encore plus grand pour mon pays, ma culture, mes convictions.
Car il n'y a rien à faire, je n'arrive pas à réellement m'intégrer ici. Les gens que je côtoie sont généralement là par intérêt, il suffit de les voir faire des ronds de jambes et des courbettes... S'ils savaient qui je suis, je crois que ça serait pire... Ou alors qu'ils se désintéresseraient totalement de moi, voir me mépriseraient... Tout dépend de ce qu'ils apprendraient en fait. Mais je garde pour moi tout ce qui ne les concerne pas, même s'il est usant de devoir constamment faire attention, et de ne jamais pouvoir se confier réellement à quiconque.
La cloche annonçant la pause déjeuner carillonne, et les salles alentours se vident, déversant leurs flots d'étudiants affamés. Pour ma part, je reste au milieu des plantes. La plupart des élèves ne passent pas par là : il ne faudrait pas qu'il y ait de la terre sur leurs chaussures, ce serait un drame !
Résultat, je ne fais pas trop attention à ce qui m'entoure, et je continue de flâner, jusqu'à ce que je sois littéralement percuté par un autre étudiant, visiblement très pressé. Mais notre collision, si elle m'ébranle un peu, le fait chuter, et il atterrit sur ses fesses. Interloqué, je le regarde se relever. Mais ce qui m'étonne plus encore, c'est qu'il soit en train de s'excuser. C'est moi qui ne regardais pas, et non lui. Sa voix est plutôt douce, claire, je dirais même chantante à mes oreilles. Contrairement aux autres étudiants, il est vêtu assez simplement : tous les autres sont en costume, alors que lui porte un jeans, avec une chemise claire et une paire de basket. Tout en continuant de s'excuser de m'avoir heurté, il frotte un peu d'une main ses habits pour en retirer la poussière, tout en gardant un ensemble de livres et de cours dans son autre bras.
Mais là où je chavire complètement, c'est quand il relève sa tête blonde et que je croise son regard marron. Ses yeux n'ont, en soit, rien d'exceptionnels, mais son regard me trouble au plus haut point. Pour un mec aussi peu conventionnel que lui dans cet établissement, il a une telle assurance, que j'en suis abasourdi. Et puis, je dois avouer qu'il n'y a pas que ça. Il est vraiment beau garçon, il a des lèvres fines et délicatement contrastées avec sa peau claire, laquelle est légèrement parsemée de subtiles tâches de rousseur sur le nez et les pommettes.
Je dois lui paraître idiot à ne rien lui répondre... Quoiqu'à la façon dont il me regarde, je dois surtout sembler hautain.
_ Oh... Non, il n'y a pas de mal. Ne t'inquiète pas. Et puis, c'est surtout à moi de m'excuser : je rêvassais, sans regarder où j'allais. » dis-je précipitamment pour éviter tout malentendu. « Tu ne t'es pas fait mal au moins ?
_ Non. » me répond-il simplement.
Je me sens vraiment bête. Je reste là, à le dévorer des yeux, sa fine silhouette soulignée par le cintrage de sa chemise et le coté moulant de son jeans. Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas croisé une personne qui me plait à ce point que, pour un peu, je commencerai à bander.
_ Pour me faire pardonner... Je peux t'inviter à déjeuner ? » tente-je.
_ Non. Je suis attendu. » brise-t-il stoïquement mes espoirs. « Passe une bonne journée, et évite de cogner trop de monde. » ajoute-t-il avec un sourire en coin.
_ Oh... Euh... Oui... Bonne journée à toi aussi. » bafouille-je, des papillons virevoltant dans mon ventre.
Et je reste là, comme un crétin, à le regarder s'éloigner, sans même un regard pour ses fesses, espérant simplement le voir se retourner pour voir encore une fois son magnifique regard. Ce mec m'a complètement retourné. Que ce soit sa voix, son regard... Il se dégage un truc de lui, qui me met la tête à l'envers. J'ignore qui il est, mais il va falloir que je le découvre, parce qu'il est hors de question que ça s'arrête sans même avoir commencé.
Quelques instants plus tard, je suis assailli par un autre jeune homme qui se jette littéralement dans mes bras, et m'embrasse goulûment, alors que je lui caresse les fesses sans la moindre pudeur.
_ Bonjour, mon Jules. » me sourit-il suavement.
_ Salut, Léo. » réponds-je avec un sourire entendu.
_ Je suis le premier, aujourd'hui ! Donc, pas d'excuses ! C'est avec moi que tu passes l'après-midi, et pas avec un des autres !
Je ricane. Un des autres... Il faut dire que la seule chose sympathique dans ce pays, c'est le manque total de pudeur et de conventions en matière de relations sexuelles. Ce qui fait que, depuis que je fais mes études ici, je multiplie les partenaires. Ils sont tous au courant de l'existence des autres et ça ne dérange aucun d'entre eux. De même, ils connaissent la règle : au premier qui me trouve sur le campus, je dédie mon après-midi. Et apparemment, Léo a hâte que je le prenne, ce qui gonfle mon ego. Il faut dire que j'ai de quoi attiser les convoitises avec mon mètre quatre-vingt de muscles ciselés, mes larges épaules, mon charisme naturel et mes cheveux de jais qui soulignent le bleu océan de mes yeux. Sans compter cette partie de moi que mes amants apprécient tout particulièrement, mais que je prends grand soin de retirer un minimum quand j'éjacule.
J'ai pourtant hâte de me glisser dans le cul étroit de Léo. Mais le mec que j'ai heurté tout à l'heure me revient en mémoire, et il est clair que le petit brun dans mes bras ne tient pas la comparaison. Léo est mignon, mais j'avoue avoir mis des semaines à me souvenir de son prénom... J'ai mis bien moins de temps pour son petit cul par contre. Mais, comme tous les autres, Léo est fade dans son costume sombre. Il n'a rien qui le fasse sortir du lot. Et vu que je ne m'intéresse à lui que physiquement, force est d'avouer qu'il quittera mes pensées dès qu'il quittera ma vue. A l'instar des autres étudiants dont je fréquente le lit d'ailleurs.
Mais le blond de tout à l'heure, lui, hante mes pensées, alors même que Léo crie sous mes coups de reins.
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L'étudiant, Le Prince et l'alpha [Terminée]
General FictionDeux étudiants se heurtent dans un atrium, et c'est le coup de foudre. Problème, l'un collectionne les conquêtes et l'autre est déjà en couple. Mais quand ils se retrouvent, l'ambiance est soudain bien plus chaude. Cependant, sont-ils réellement ce...