L'étudiant, Le Prince et l'alpha [Terminée]

20 : Le Quisberry

Deux semaines avant le grand jour, nous partons pour le Quisberry, où nous serons rapidement rejoints par notre organisateur de mariage. Mais avant d'achever les préparatifs, je veux faire découvrir à mon fiancé les merveilles de ma capitale. Aussi, à peine sortis de l'avion, demande-je au chauffeur de notre voiture de faire mille-et-un détours, passant par des bâtiments historiques ou d'autres plus récents mais à l'architecture anticonformiste, mais aussi par les immenses parcs qui fleurissent partout, ou encore par le centre ville où j'indique à Maël tous les restaurants, du palace au petit bouiboui, dans lesquels je compte l'emmener. Et, comme je l'espérais, mon beau blond a les yeux qui brillent des paillettes que j'y mets.

Je choisis de clore ma visite par un lieu auquel il ne s'attend pas : un supermarché. S'il me regarde comme si j'avais perdu l'esprit, j'ai en fait une excellente raison de l'amener ici. Je l'entraîne à travers les rayons, jusqu'à trouver celui destiné à l'hygiène, et m'arrête dans une section très précise. Au milieu des préservatifs et lubrifiants qu'on peut aussi trouver dans les grandes surfaces de son pays, un ou deux modèles de sextoy, présentés comme thérapeutiques et à destination des Omégas, côtoient le même nombres de modèles de collier anti-marquage, et chacun de ces articles se décline en différentes couleurs. Il en reste un instant bouche bée, puis je vois des larmes lui monter aux yeux.

_ Tu n'auras plus jamais à te cacher de qui tu es, mon soleil. » lui murmure-je en le prenant dans mes bras pour le consoler.

Quand nous arrivons au Palais Royal, Maël a encore les yeux un peu rougis par sa découverte de la façon dont mon pays traite les Omégas. Mais, en voyant les grilles de fer forgé s'écarter sur l'immense bâtiment qu'est la demeure de la famille royale, ils s'écarquillent comme pour mieux voir, comme pour s'assurer qu'il ne rêve pas.

_ Ça ne semblait pas aussi grand sur l'écran et les photos... » murmure-t-il.

Je souris de le voir à ce point médusé. C'est vrai que c'est grand.

Pour ma part, je suis surtout ému. Depuis le décès de ma mère et mon départ avec mon père pour son pays, je n'ai plus remis les pieds au Palais que pour venir sur sa tombe. Revenir ici fait remonter tant de souvenirs, que je me retrouve à prendre de grandes inspirations que j'expire en soufflant aussi lentement que je le peux, pour ne pas me laisser submerger par mes émotions. En me voyant faire, mon fiancé ne dit pas un mot, il se contente de venir se blottir dans mes bras, et je lui suis gré de faire revenir avec autant de douceur mes pensées au moment présent.

Après un doux moment contre lui, je retrouve assez de sang froid pour me sentir capable de quitter le véhicule, et je l'embrasse tendrement pour l'en remercier. Un dernier coup d'œil à l'extérieur depuis ce cocon protecteur qu'est la voiture, et j'en sors pour faire face à la demeure qui m'a vu grandir, en-dehors de laquelle je suis devenu un homme, et que je retrouve aujourd'hui pour y établir mon avenir, et celui de l'homme que j'aime.

Sur la pierre, les rayons du soleil se reflètent un peu, et donnent à la bâtisse une teinte légèrement orangée. Les grandes portes-fenêtres de près de trois mètres sont ouvertes pour laisser entrer la fraîcheur de cette fin de journée, et nous voyons les longs voilages y danser dans le courant d'air créé. Celles de l'étage, de dimensions plus courantes et légèrement en retrait derrière des colonnades, sont entrouvertes pour y conserver l'intimité et la discrétion nécessaires aux bureaux, mais aussi aux appartements de la famille royale.

Le maître d'hôtel ouvre grand l'immense porte principale, et une nuée de domestiques accourent pour me saluer et se réjouir de mon retour, alors que le vieil homme les regarde faire et m'adresse un sourire amical que je lui renvoie. A mon bras, Maël semble un peu submergé et je propose à tous de rentrer afin que nous puissions aller poser nos bagages. Bien sûr, à ce simple mot, la voiture est vidée, et nos affaires emmenées dans nos futurs appartements. En passant la porte, je salue plus convenablement le vieux maître d'hôtel, et regarde mon fiancé rougir quand il s'incline en signe de respect quand je le lui présente.