1 : Il est à lui...

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Les jours passent sans que je revoie le petit blond que j'ai heurté dans l'atrium. Je ne comprends pas. Je n'ai pourtant pas rêvé d'avoir rencontré ce mec ! J'aurais bien demandé leur aide à toutes ces sangsues qui me tournent autour, mais entre ceux avec qui je couche, qui ne m'aideront pas juste pour éviter d'avoir plus de concurrence, et ceux qui ne restent près de moi que par intérêt et qui sont du genre à monnayer le moindre service, je préfère me débrouiller seul !

Pourtant, plus les jours passent, plus je me dis que je vais mettre une affiche pour le retrouver, parce qu'au final, il est plutôt grand ce campus. C'est là que mon éducation me joue des tours. Je suis tellement habitué à avoir ce que je veux dès que j'en fais la demande, que je n'ai aucune patience. Non que je ne sache pas fournir un effort et travailler pour obtenir ce que je souhaite, mais ne pas avoir le moindre résultat est en train de me faire perdre le peu de patience que ma défunte mère a difficilement réussi à m'inculquer.

Aujourd'hui, il me semble que je l'aie entraperçu. Mais je ne suis sûr de rien et comme il se dirigeait à l'opposé de ma salle de cours, pas moyen d'en avoir le cœur net.

Mais, alors que je sors de la cafétéria, je le vois s'y diriger. Et mes espoirs se brisent en un instant. Il est au bras d'un mec que je connais bien, pas un de ceux qui me suivent, mais le fils d'une connaissance professionnelle à mon père, et à moi, en un sens.

Je serre les dents. Ce type est une véritable ordure : violent, méprisant, imbus de lui-même. Comment se fait-il qu'un mec aussi mignon que mon petit blond se retrouve avec un gars aussi peu recommandable ? Certes, cette enflure n'est pas n'importe quelle enflure : c'est le fils d'un diplomate, un homme très bien au demeurant, contrairement à son fils. Son fils : Hector Mardygus. Si on s'en tient au physique, il est plutôt quelconque. Certes, il est musclé, et peut-être même plus que moi. Mais il n'a aucune prestance, aucun charisme. Ses yeux verts sont ternes sous des cheveux bruns qui le sont tout autant. Quant à ses capacités intellectuelles... Je pense sincèrement, et sans être mauvaise langue, qu'il ne doit sa place à l'université qu'aux relations de son père.

Je continue d'avancer pour quitter le réfectoire, espérant sincèrement que ce crétin d'Hector ne va pas engager la conversation, et qu'il remarquera encore moins que je regarde son petit-ami. Mais, quand il change de direction pour venir droit sur moi, je comprends que mes espoirs sont vains.

_ Jules Quisberry ! » m'interpelle-t-il de son air satisfait de lui-même.

_ Bonjour, Hector. » réponds-je avec un sourire faux, mais tellement répété devant le miroir que je sais qu'il fait vrai.

Surtout, ne pas croiser le regard du blond ! Voilà mon mantra du moment. Je ne sais pas si j'arriverai à tenir une conversation cohérente si j'y déroge, tant il me trouble. Or, Hector a beau être un crétin, c'est un crétin des plus vils, et je ne veux surtout pas lui donner l'opportunité de me prendre en défaut.

_ Quoi de neuf à l'ambassade de ton père ? » me demande-t-il, comme si ma réponse l'intéressait réellement.

_ Un dîner samedi soir. Mais tu dois être au courant, j'ai vu ton nom comme accompagnant de Son Excellence.

_ Oui. Je viens en effet avec mon père. » se gargarise-t-il.

Mes aïeuls, qu'il est bête ! D'où croit-il pouvoir se vanter d'un statut qui n'est pas le sien ? Mais évoquer la liste des participants au dîner me fait penser à une chose...

_ D'ailleurs, il y avait aussi noté ''+1'' à coté de ton nom. Tu amènes quelqu'un ? » me renseigne-je, espérant avoir deviné de qui il s'agit.

_ Oui. Lui. » désigne-t-il le blondinet à son bras.

Mais, si je saute intérieurement de joie de revoir bientôt celui dont le regard me fait chavirer, celui-ci quitte son air ennuyé, s'intéressant soudainement à la conversation, et fixe son petit-ami.

_ Hector, j'ai d'autres projets pour samedi soir ! » râle-t-il.

_ Quelqu'un t'a demandé ton avis ? » grogne l'autre en lui lançant un regard menaçant.

Je connais suffisamment Hector pour savoir que ce n'est pas bon du tout. Je vais intervenir, étouffer sa colère dans l'œuf, mais le blond ne m'en laisse pas l'occasion.

_ Non, et c'est bien le problème ! » se défend-il, insensible au courroux de son petit-ami. « J'ai un devoir à rendre pour lundi. Je ne peux pas venir parader avec toi !

Mais, au visage d'Hector, je comprends que s'opposer à lui n'est pas la meilleure idée qu'ai eu le blond. Il se tourne vers lui, le fusillant littéralement du regard, et je vois le blond pâlir et grimacer de douleur quand les mains musclées du brun se posent sur ses bras fins et commencent à serrer.

_ Je me fiche de ton devoir. Tu te démerdes et tu viens à ce dîner ! Ce n'est pas une question, Maël !

Je vois le blond trembler et grimacer sous la poigne du brun. J'ai tellement horreur de cette façon de se comporter ! Hector est un lâche, le genre à s'en prendre à plus faible que lui. Vraiment, j'ai ce mec en horreur !

_ Lâche-le, Hector. » dis-je sourdement.

_ La ferme ! » crie-t-il. « Mêle-toi de ce qui te regarde, Jules !

_ Ouvres un peu les yeux ! » insiste-je. « Tout le monde te regarde. Tu crois que ton père va apprécier qu'on dise que son fils est violent et colérique ?

Je sais que l'allusion à son père fera son effet : devant l'ambassadeur, il courbe l'échine. Il relâche sa prise en grognant, et je me tourne vers le blond, espérant supporter son regard sans me mettre à bégayer.

_ Ça va ? » demande-je aussi calmement que possible, alors que ses yeux se posent sur moi.

_ Il t'a dit de t'occuper de ce qui te regarde ! » me crie à son tour le blond. « Viens, Hector, on en parlera en déjeunant.

Et il entraîne vers la cafétéria celui qui, il y a un instant, l'effrayait, me laissant en plan, interdit et l'estomac à nouveau empli de papillons, alors qu'ils quittent mon champ de vision.

Je n'ai pas compris. Il vient de se passer quoi là ? J'ai pris sa défense, et lui il vient de m'envoyer balader ? Serait-il masochiste ? Ça expliquerait qu'il soit avec Hector. Mais je ne pense pas. On aurait plutôt dit qu'il m'en voulait de quelque chose. Est-ce parce que je m'en suis mêlé ? Ou, à l'inverse, parce que je n'ai pas réagit plutôt ? Parce que je ne me suis pas interposé physiquement ?

Bon, me poser ces questions ne servira à rien. Et puis, je pourrais toujours les lui poser à un autre moment. En fait, j'aimerai beaucoup en savoir plus sur ce garçon. Ce qu'il aime, ce qu'il fait comme études, à quel métier il se destine... Je sais que le fait qu'il soit avec Hector réduit d'avance mes chances de faire plus ample connaissance avec lui, le fils de l'ambassadeur Mardygus étant du genre possessif, mais ce garçon blond m'attire. Irrépressiblement.

Je soupire et gagne ma destination de ce début d'après-midi : la bibliothèque. Avec de la chance, mon plan cul qui me trouve presque à chaque fois là-bas aura le temps pour que ses petites fesses soient remplient par mon sexe pour toute la fin de la journée.

J'avoue que, pour un peu, je biaiserai bien le jeu en lui envoyant un indice sur ma localisation. Je n'ai pas spécialement envie de lui, mais il est celui des mes amants qui ressemble le plus au petit blond. Si j'éteins la lumière, et que j'arrive à ce qu'il se taise, ça devrait faire illusion.

En attendant, j'ai gagné ma journée : j'ai un nom à mettre sur le doux visage du petit blond, et ça me fait rêvasser. Maël... 

L'étudiant, Le Prince et l'alpha [Terminée] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant