L'étudiant, Le Prince et l'alpha [Terminée]

2 : Dîner diplomatique

Samedi soir arrive assez vite, et, avec lui, le dîner donné par mon père avec d'autres ambassadeurs. Mais, si y assister m'est habituel et fait littéralement partie de mes attributions, j'avoue que, cette fois, j'y vois un intérêt tout personnel qui me met en joie : j'ai vérifié auprès du maître d'hôtel, et la famille Mardygus a confirmé sa venue à trois personnes. C'est donc qu'Hector a réussi à convaincre le beau Maël d'être présent. Même si, je dois l'avouer, je fais volontairement abstraction de la façon dont il a dû s'y prendre pour obtenir qu'il vienne. Connaissant le fil Mardygus, j'espère que le blond a cédé avant qu'Hector ne devienne violent.

Il n'empêche que sa venue me fait plaisir, même s'il ne vient pas pour moi, et je prends le temps d'apporter un soin tout particulier à ma tenue, tout en restant dans mon rôle. Aussi, si mon père arbore l'uniforme classique du corps diplomatique, à savoir un costume noir avec veste brodée de fils d'or, j'opte pour ma part pour un costume cintré, pour relever la largeur de mes épaules, de couleur gris anthracite sur une chemise blanche, avec une cravate d'un gris un peu plus clair, le tout soulignant le noir de mes cheveux, ce qui met mes yeux bleus encore plus en avant. Avec tout ça, j'espère bien pouvoir troubler en retour le beau Maël.

Il faut dire que ce mec hante mes nuits, et, depuis notre première rencontre, je me réveille le matin avec un barreau plus solide qu'à l'ordinaire. Mais, si j'ai réellement envie de le mettre dans mon lit, il y a quelque chose chez lui qui fait que, pour la première fois, j'ai envie de plus. Je ne saurais mettre un nom sur cette sensation, sur ce feu qu'il fait brûler en moi. Et je sais que ça va au-delà du simple désir. Dire que je suis amoureux de lui serait ridicule, je ne l'ai croisé que deux fois, dont une où je suis passé pour un idiot, et la seconde où il m'a littéralement envoyé promener. Malgré cela, je me sens irrépressiblement attiré par lui, comme par aucun autre auparavant. Et pourtant, j'ai des amants, je les collectionne même. Mais aucun ne m'avait jamais fait tourner la tête comme lui. Aucun ne m'intéresse au-delà de ses fesses, contrairement à lui.

D'ailleurs, à quoi ressemblent les fesses de Maël ? Je me rends soudain compte que je n'ai pas encore pris le temps de les regarder, alors que j'en aurais eu l'occasion quand il a entraîné Hector vers la cafétéria. Ce que je connais de lui se résume en fait à son prénom, et à son regard qui me trouble tant. Certes, je l'avais observé un instant quand je l'avais bousculé au point de l'en faire chuter, mais tout ce dont je me souviens, ce qui m'obsède chez lui, c'est son regard marron. C'est vraiment un point auquel il faut que je remédie dès ce soir.

Un des domestiques vient toquer à ma porte pour m'indiquer qu'il est l'heure de descendre, les invités commençant à arriver. Après un dernier coup d'œil dans le miroir pour m'assurer que je n'ai rien laissé au hasard, je rejoins donc la salle de réception qui se remplit déjà. Je salue tour à tour les différents ambassadeurs et leurs épouses, ainsi que leurs enfants – généralement des personnes de mon âge ou à peine plus jeunes – et guette l'arrivée de l'ambassadeur Mardygus et des deux jeunes hommes qui doivent l'accompagner.

Mais, manque de chance, un autre ambassadeur souhaite me parler, et je ne peux refuser, la politique passant avant tout.

_ Votre Excellence, je voulais vous féliciter pour cette réception. » commence-t-il obséquieusement. « Votre défunte mère en organisait elle aussi de somptueuses, et vous lui faites honneur.

_ Merci, Votre Excellence. » grimace-je malgré moi.

J'ai une sainte horreur d'être nommé ''Excellence''. Je ne suis pas l'ambassadeur. Certes, je suis, entre autre, son fils, et j'ai bien conscience que c'est cet ''autre'' que ces maudits courtisans viennent flatter, mais, même si je comprends la démarche, et que je sais que tôt ou tard il faudra que je m'y fasse, je souhaiterai vraiment qu'ils arrêtent leurs ronds de jambes.